Le Président Emmanuel Macron s'est rendu à Berlin ce vendredi pour un entretien en format Weimar avec Olaf Scholz, Chancelier d'Allemagne et Donald Tusk, Premier ministre de Pologne.

Les dirigeants ont échangé sur la contribution de la France, de l’Allemagne et de la Pologne à la sécurité et la défense du continent européen, dans le contexte de la guerre d’agression russe en Ukraine.

Réaffirmant leur volonté d’apporter un soutien indéfectible et dans la durée à l’Ukraine, ils ont effectué un suivi des travaux menés dans le cadre de la conférence de soutien à l’Ukraine qui s’est déroulée le 26 février à Paris, ainsi que des initiatives prises au niveau européen pour apporter une aide militaire à l’Ukraine.

Cette rencontre a également été l’occasion d’échanger sur les sujets à l’ordre du jour du Conseil européen des 21 et 22 mars (outre la sécurité et la défense, la situation au Proche-Orient, l’élargissement de l’UE ou encore l’agriculture), ainsi que sur les priorités politiques du prochain cycle institutionnel qui s’ouvrira après les élections européennes. 

Revoir la déclaration conjointe : 

15 mars 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Déplacement du Président de la République à Berlin.

Merci beaucoup Monsieur le Chancelier fédéral, cher Olaf,
Monsieur le Premier ministre, cher Donald,
Mesdames et Messieurs.

D'abord merci beaucoup cher Olaf de nous avoir invités et d'avoir organisé si rapidement - nous en avons parlé ensemble dimanche dernier - à la fois cette discussion bilatérale et ce sommet de Weimar pour la première fois avec Donald et je pense que c'était, dans ce moment, important.

D'abord, comme le Chancelier vient de le dire, nous partageons tous les trois une même volonté claire, cohérente. Et derrière cette volonté, il y a les actes que nous avons déjà décidés et les décisions que nous avons prises aujourd'hui. Nous ferons tout ce qui est nécessaire aussi longtemps qu'il le faudra pour que la Russie ne puisse gagner cette guerre. Nous continuerons de soutenir aussi longtemps que nécessaire l'Ukraine et son peuple et nous continuerons, comme nous l'avons fait depuis le premier jour, à ne jamais prendre l'initiative de quelque escalade. Cette détermination est farouche. Elle implique aussi notre unité et c'est pourquoi nous avons décidé plusieurs initiatives et surtout acter des choses très concrètes ensemble à trois, suite à la réunion d'aujourd'hui et après le sommet qui s'est tenu à Paris le 26 février dernier. Tout cela, nous l'avons aussi et nous partageons une même conviction, c'est notre sécurité et notre avenir qui se joue également en Ukraine. Et donc, nous le faisons par solidarité avec le peuple ukrainien et avec un État dont l'intégrité territoriale a été menacée, nous le faisons par défense du droit international, nous le faisons parce que la sécurité des Européens et la nôtre se jouent en Ukraine. Et c'est cette détermination aussi que nous voulons opposer à la guerre d'agression qui a été lancée par la Russie.

Plusieurs actions concrètes ont été décidées. La première, nous l'avons consolidée le 26 février dernier, c'est acheter ensemble des munitions dans des pays qui ont des stocks, là où nous ne produisons pas assez vite, nous sommes en rupture. Une initiative a été prise par nos collègues tchèques, nous avons décidé de nous y joindre. Nous avons nous-mêmes accéléré les initiatives multiples à la fois de financement et d'approvisionnement et nous allons poursuivre. En matière de cyberdéfense, de déminage, de sécurisation des frontières, plusieurs actions ont été conduites. Je veux remercier aussi le Premier ministre polonais qui a déjà commencé à agir sur plusieurs de ces points. C'est ce que nous avons acté le 26 février dernier.

Nous avons aussi eu une discussion qui a montré notre convergence tous les trois pour apporter un soutien renforcé à la Moldavie. C'était l'une des discussions que nous avions eues et l'un des axes de soutien du 26 février dernier, qui a été renforcé. Et puis, je veux remercier le Chancelier qui a pris une responsabilité particulière dans les choix de coproduction industrielle sur le sol ukrainien. Là aussi, nous en avons ouvert la perspective. Nous rentrons maintenant dans les travaux pratiques. Et donc, les productions conjointes de nos industriels avec les industriels ukrainiens permettront là aussi d'apporter une réponse capacitaire plus rapide et encore plus pragmatique.

Nous avons également décidé de créer une nouvelle coalition capacitaire sur les frappes dans la profondeur. Elle est ouverte à tous, selon ses capacités, ses moyens. Sur tous ces sujets, le suivi se fera dans les formats adaptés et en particulier dès la semaine prochaine avec nos ministres de la Défense qui se retrouveront pour en assurer la mise en œuvre opérationnelle. Je tiens aussi à remercier plusieurs chefs d'État et de gouvernement qui se sont engagés dans plusieurs de ces initiatives : Pays-Bas, Estonie, Lituanie, Roumanie, Norvège et je ne les cite pas tous.

Parallèlement, comme l'a dit à l’instant Monsieur le Chancelier, nous voulons continuer de progresser sur le renforcement de notre défense et de notre aide. À cet égard, nous nous félicitons d'un accord qui a été trouvé sur la facilité européenne de paix qui poursuit les objectifs qui sont les nôtres : favoriser une production européenne, mais à chaque fois que la production européenne ne va pas assez vite ou n'est pas au rendez-vous, avoir la possibilité de mobiliser ses financements pour procéder à des acquisitions en pays tiers pour pouvoir soutenir les Ukrainiens.

Je souhaite également, avec Monsieur le Chancelier et Monsieur le premier ministre, que nous puissions continuer de travailler sans attendre sur les moyens de financer durablement notre soutien à l'Ukraine et nous y sommes prêts.

Au-delà de cela, c'est notre stratégie en matière de défense qui va se poursuivre et nous avons aussi ensemble convergé d'abord pour défendre cette position au Conseil européen de la semaine prochaine, mais pour aussi donner un contenu à la stratégie européenne de défense et aux investissements qui en découlent. Ceci passe par des programmes communs supplémentaires, la réduction de nos dépendances stratégiques et une politique industrielle de défense et de sécurité plus forte. Sur tous ces sujets, la rencontre d’aujourd’hui permet, d’une part, de renforcer notre unité et de montrer notre détermination à trois dans ce format si important qu’est celui de Weimar. Elle nous a permis aussi de partager une même lecture de la situation en Ukraine.

Le moment est grave, c’est une époque nouvelle qui s’ouvre et nous serons au rendez-vous. Et le fait que nous soyons en ce jour, tous les trois, unis, déterminés, avec la même lucidité sur la situation en Ukraine, et résolus à ne jamais laisser gagner la Russie et à soutenir le peuple ukrainien jusqu’au bout est une force pour nous, nos peuples, notre sécurité et notre Europe.

Je veux à nouveau vous remercier, Monsieur le Chancelier, pour l’invitation pour ce sommet de Weimar, et remercier aussi le Premier ministre qui organisera dans les mois à venir un nouveau sommet chez lui. Et c’est pour nous aussi une très grande chance et une volonté commune. Merci beaucoup.

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