Le Président de la République a reçu l’Émir de l’État du Qatar, Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani en visite d’État en France ce mardi.

Cette première visite d’État depuis 15 ans illustre la profondeur des liens qui unissent nos deux pays.

Cette rencontre était l’occasion pour les deux chefs d’État de se féliciter de la qualité de la concertation franco-qatarienne sur tous les sujets régionaux et internationaux.

Elle a permis en outre d’approfondir la relation bilatérale, en cohérence avec les visions 2030 de la France et du Qatar, dans le domaine économique et des investissements, dans le domaine de la défense et de la sécurité, mais également sur le plan des relations culturelles et de coopération en matière de développement.

Après avoir réussi conjointement une opération d’acheminement de médicaments aux otages détenus à Gaza le 17 janvier 2024, les deux dirigeants ont rappellé leur mobilisation pour permettre la libération de tous les otages et obtenir sans plus de délai un cessez-le-feu durable.

Enfin, ils ont souligné l'importance de garantir la protection des populations civiles, de permettre l’acheminement massif de l’aide humanitaire à la population civile à Gaza, et d'œuvrer pour une solution à deux États, seule solution viable pour permettre le retour de la paix et de la sécurité pour tous.

Revoir leurs déclarations : 

27 février 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Visite d’État de l’Émir de l’État du Qatar, Son Altesse Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani.

Emmanuel MACRON

Votre Altesse, cher Tamim,

Messieurs les Premiers ministres,

Monsieur le Président,

Mesdames et Messieurs les ministres,

Mesdames et Messieurs les parlementaires,

Mesdames et Messieurs les dirigeants d'organisations internationales,

Messieurs les officiers généraux,

Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualité,

Chers amis.

Ces salons, cette salle des fêtes illuminée en votre honneur, Votre Altesse, ne sont pas tout à fait une découverte pour vous. Vous connaissez les lieux. Et je me réjouis, nous nous réjouissons tous ici, de votre présence ce soir, entre ces murs où le Président SARKOZY accueillait il y a 15 ans, votre père, Son Altesse Cheikh Hamad, et où le Président MITTERRAND recevait il y a 40 ans, votre grand père, Son Altesse Cheikh Khalifa. Votre pays, le Qatar, est un pays ami de la France, un partenaire fidèle, stratégique, sur lequel elle sait pouvoir compter dans les situations difficiles, de même que le Qatar peut s'appuyer sur l'amitié et le soutien de la France. Cette relation dont nous avons fêté les 50 ans il y a peu se nourrit de racines solides : un même attachement à la paix et à l'ordre international, un même engagement pour l'élaboration de solutions diplomatiques où votre pays s'est encore récemment illustré. La France et le Qatar sont, chacune à leur manière, des puissances d'équilibre. Cette relation se renforce par votre lien tout personnel avec la France et avec la langue française — je parle ici devant l'Organisation internationale de la Francophonie — que vous maîtrisez si bien et que le lycée français Bonaparte et le lycée franco-qatarien Voltaire, où étudient plusieurs de vos enfants, contribuent à faire rayonner aujourd'hui au Qatar. Je connais l'attachement particulier du Qatar à la culture française, à la qualité des liens que nos institutions culturelles entretiennent, notamment dans les splendides musées de Doha que j'ai eu le bonheur de visiter avec mon épouse, couronnés par cette rose des sables, posée entre mer et sable par le talent de Jean NOUVEL. Je n'oublie d'ailleurs pas que votre mère, Son Altesse, Cheikha Moza, a été reçue membre étranger de notre Académie des Beaux-arts pour son action en faveur de l'éducation et du dialogue des cultures. Si nos artistes, entrepreneurs, savants ont entamé ce dialogue de civilisation, si l'on entend aujourd'hui résonner le français en tout point de votre pays, si l'on peut étudier en Sorbonne, de Paris à Doha, c'est grâce à cette francophilie qui vous est propre, qui est propre à votre famille et cette action conjointe qui ne cesse de s'intensifier. Mais depuis trois ans, tout particulièrement à travers les crises internationales, nous n'avons eu de cesse de resserrer les liens entre nos pays et ceci doit beaucoup à votre rôle tout personnel. À l'automne 2021, au lendemain de la chute de Kaboul, votre pays a été au cœur de l'évacuation de dizaines de milliers de ressortissants afghans et étrangers, dont près de 700 vers la France. Ensemble, nous avons apporté à des milliers d'Afghans et à leurs enfants une aide indispensable au sein de l'Institut médical français pour la mère et l'enfant de Kaboul. Pour aider l'Ukraine, ensuite, votre pays a été au rendez-vous de ses partenaires européens. Par votre attachement au respect du droit international contre une agression illégale, avec une clarté, je dirais, si singulière à ce moment-là dans la région, avec votre soutien aussi à la population ukrainienne et la fiabilité de votre appui à la souveraineté énergétique européenne.

Que de beaux souvenirs aussi, dans des moments moins graves, mais si vibrants que furent ceux de la Coupe du monde de football, ce match extraordinaire de Kylian, le souvenir de la frappe arrêtée de Kolo MUANI, qui est encore à vif dans les cœurs français ici présents ce soir. Mais c'est, paraît-il, le beau jeu du sport. Vous avez en tout cas réussi une formidable compétition avec, je crois, la plus spectaculaire finale de l'histoire de celle-ci. La France a répondu présente avec ses supporters, ses forces de sécurité, ses entreprises, comme la RATP qui gère à la fois notre cher métro parisien et le métro dernier cri de Doha, et ses footballeurs.

Et depuis le 7 octobre dernier et l'attaque terroriste du Hamas contre Israël, c'est l'urgence de la guerre à Gaza qui nous mobilise. Obtenir la libération de tous les otages, agir sur le plan humanitaire depuis les médicaments envoyés aux otages retenus par le Hamas, aux soins apportés aux enfants blessés de Gaza, parvenir à un cessez-le-feu durable qui permette de protéger les civils et de leur apporter l'aide massive dont ils sont aujourd'hui privés, voilà à quoi nous travaillons ensemble. Sans oublier que l'avenir de Gaza se joue dans le cadre d'une solution à deux États, avec un État palestinien vivant en paix avec Israël, avec une Autorité palestinienne confortée à sa tête. Je tiens, Votre Altesse, à vous redire ma reconnaissance pour votre rôle déterminant et celui de votre diplomatie conduite par Cheikh Mohamed pour la libération des otages et en particulier de nos otages. Nos trois compatriotes encore retenus à Gaza sont notre priorité mais vous avez d'ores et déjà tant fait.

Je me réjouis aujourd'hui, au-delà du bonheur de vous accueillir, de voir converger les visions France et Qatar 2030, qu'il s'agisse d'un plan ambitieux d'investissement, de 10 milliards d'euros, que nous avons signé cet après-midi, d'un agenda de défense et de sécurité que nous sommes en train de renforcer de notre combat commun contre le terrorisme et contre son financement ou du développement de nos liens dans le domaine du patrimoine, de la francophonie, de l'enseignement. C'est le sens des accords que nous scellons. Qui d'ailleurs a la chance de visiter le Qatar, n'oubliera jamais sa visite et cette impression de découvrir un univers à part, et je le dis en cette année anniversaire, qui pourrait sortir du Petit Prince. Une planète hors norme, illuminée comme la planète de l’allumeur de réverbères, avec l'effervescence économique de la planète du businessman et la poésie d'un désert plein de renards et de roses des sables. C'est cela que vous avez réussi. Alors, continuons à apprivoiser mutuellement notre relation, comme on dit chez Saint-Exupéry.

Altesse, c'est pour la France un immense honneur de vous recevoir avec votre délégation aujourd'hui. Et c'est pour mon épouse et moi-même un plaisir personnel de vous recevoir, de vous redire notre considération et notre amitié.

Vive le Qatar, vive la France, vive l'amitié entre le Qatar et la France !

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