Lancement du programme « 1 jeune, 1 arbre » depuis le Jura.

Messieurs les Ministres ;
Mesdames, Messieurs les Parlementaires ; 
Madame la Présidente du Conseil régional ; 
Monsieur le Président du Conseil Départemental ; 
Monsieur le Maire, merci de nous accueillir dans votre commune ;
Mesdames, Messieurs les Maires, merci d'être là et de nous avoir précédemment accueillis et pour certains dans votre commune ;
Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités, Monsieur le préfet en particulier ; 
Directeurs et directrices, Services départementaux, responsables ; 
Chers amis ;

Voilà quelques instants, plusieurs d'entre vous viennent de recevoir la médaille de la sécurité intérieure. 80 médailles pour saluer 80 témoignages d'engagement et de bravoure au feu. 

Nous nous en souvenons tous ici, en août 2022, dans ce Jura qui ne connaît à peu près que le vert brun de ces arbres et le blanc neigeux de l'hiver, nos forêts rougeoyaient de flammes. À Cernon, aux alentours 700 hectares de végétation partirent en fumée. Le hameau de Menouille devait être évacué en raison des risques de coulées de cendres, on le ré-évoquait tout à l'heure. A Cornod, à Montlainsia, sur d'autres versants, le feu aussi fit ses ravages. D'autres encore : Thoirette, Vobles-Valfin, plusieurs autres endroits. Plus de 1 100 hectares furent consumés en quelques jours. Aux abords des lacs de Vouglans et du Coiselet, près desquels nous nous trouvions tout à l'heure, le premier, dans ce massif de la petite montagne du Jura. 

De mémoire d'homme, personne ici n'avait connu de tels incendies. Mais à ce chapelet de feux s'est opposée une chaîne de dévouement. Je pense d'abord à nos pompiers, bien sûr, qui, pendant des heures, ont lutté pied à pied contre l'incendie. Je pense à ces femmes et ces hommes du SDIS 39, Colonel Cyril FOURNIER, comme celles et ceux des 13 autres départements qui vous sont venus en renfort. Vous avez bataillé dans ce mois d'août suffoquant et face à cette épreuve sans précédent, avec une force, un professionnalisme qui suscitèrent l'estime de tous ceux qui en furent témoins et de tous ceux que vous avez alors sauvés. Au péril de votre vie, en évoquant ici votre bravoure, et en rappelant ce mois d'août 2022, je n'oublie pas les deux pompiers, l'un en Loire-Atlantique, l'autre dans les Bouches-du-Rhône, qui ont péri à ce moment. La nation ne les oublie pas. 

Je pense aussi à nos gendarmes. Vous tous qui avez permis de garantir la sécurisation des zones d'action des pompiers, concouru aux évacuations des hameaux. Vous qui avez conduit les investigations permettant l'identification et l'interpellation particulièrement des deux incendiaires placés en détention. L'adjudant Jérémy FRANCHEMICHE qui avait obtenu les aveux de l'un des premiers suspects lors de sa garde à vue. 

Je pense à nos Maires, nos élus, Mesdames et Messieurs, vous qui, face à ce péril inédit, face à l'angoisse, à la peur, au désarroi de vos concitoyens, avez apporté une réponse humaine. Je me souviens avoir appelé plusieurs d'entre vous, mais je sais aussi qu'au cœur de cette tourmente, avec sang-froid, disponibilité, vous n'avez eu de cesse que d'apporter des solutions, d'aider, d'organiser. La vaillance aussi, jour après jour, dans des paysages soudain déserts et arides pour réinventer l'avenir. 

Oui, nos Maires sont toujours en première ligne chaque jour et dans les crises, qu'il s'agisse des incendies, mais aussi des inondations ou des tempêtes. Et je profite de cette occasion pour dire à nouveau toute la gratitude de la Nation à votre endroit et vous redire que durant ce mois d'août 2022, une fois encore, vous étiez là. 

Je pense également, en ce moment, à nos agriculteurs. Monsieur le Président de la chambre d'agriculture, des dizaines d'agriculteurs sur tout le territoire, qui se sont relayés pour apporter des milliers de litres d'eau, retourner la terre, l'arroser pour la rendre hostile au passage des flammes. Je me souviens très bien de ces jours où plusieurs d'entre vous, qui aviez tout perdu ou étaient en passe de tout perdre, qui étaient déjà dans les difficultés, se mobilisaient pour aller sauver des habitations, sauver d'autres fermes et éviter que le feu ne progresse. Leur contribution en tracteur avec leur citerne fut exceptionnelle et démontre cette solidarité spontanée qui fait la trame de la nation. Vous avez fait preuve d'un sens des responsabilités et de devoirs civiques que je tenais aussi à souligner. 

Et je pense, bien sûr, à tous les agents des services de l'État, Monsieur le Préfet, Monsieur le Directeur de cabinet, ceux sur le pont au centre de crise de la Préfecture, sur le terrain aux côtés des élus que j'évoquais et partout sur le territoire. 

Et je pense à toutes les bonnes volontés et les âmes engagées qui nous permirent d'éviter le pire. Car si les incendies furent une catastrophe écologique et demeurent un traumatisme pour tous ceux du territoire — je l'ai encore mesuré tout à l'heure avec nos enfants, les collégiens qui étaient à mes côtés l'évoquaient près d'un an et demi plus tard, spontanément — ils n'ont heureusement causé ni mort ni blessé. Aucune habitation ne fut touchée, les dégâts matériels ont existé, mais vous les avez limités. Et ce fut une formidable victoire collective, elle est la vôtre. Ce fut un traumatisme, ce fut un ravage pour nos paysages, pour nos forêts, notre nature mais grâce à la bonne organisation à votre bravoure, le pire fut évité. Et à chaque épreuve, notre pays, notre Nation tient bon. Parce que nous avons en nous cette force morale, cette réserve d’engagement, de courage, ce savoir-faire, aussi, que nous entretenons génération après génération et qui repose sur le professionnalisme comme le bénévolat. Et nos pompiers, que j’évoquais tout à l’heure, sont en quelque sorte la parfaite synthèse de ce modèle parce que l’État est servi par des femmes et des hommes d’une grande conscience et d’un parfait savoir-faire et de professionnalisme et qu’il y a, en effet, cette trame où, du terrain, des élus au service de l’État à l’ensemble des uns et des autres, tout sait s’organiser pour porter secours et, avec un courage tranquille, venir justement face au pire. 

Alors, nous avons tiré - et je terminerai mon propos là-dessus - les leçons de cet été 2022. J’avais reçu plusieurs d’entre vous à l’Élysée pour sortir de cet été terrible qui avait touché, de l’Est à la Gironde, tant de notre territoire. 

Nous avons réinvesti, mobilisé et construit un plan de réorganisation de notre sécurité civile que j’ai annoncé il y a quelques mois et qui nous a permis d’avoir un été 2023 beaucoup plus sûr, mieux organisé, avec des avant-postes justement pour positionner nos canadairs, nos Dash ; une meilleure répartition sur les points d'urgence du territoire ; un réinvestissement massif dans tous ces équipements comme nos hélicoptères ; un nouveau plan aussi de formation, d'engagement, d'accompagnement de tous nos pompiers. 

Nous avons augmenté nos moyens. Nous continuerons de le faire. Nous avons évolué aussi dans nos stratégies et moyens d'intervention. Et ici, dans le Jura, un nouveau plan d'action feux de forêt a été formalisé car il faut, dans ce territoire, comme c'est l'usage plus au sud, cartographier les vulnérabilités, organiser la surveillance des massifs, équiper, former, acculturer la population. Et au fond, l’été 2022 nous a rappelé qu’il n’y avait aucun endroit de notre territoire qui était préservé de ce risque. Et nous nous en souvenons, vous fûtes touchés mais, nos amis bretons, à ce moment-là, étaient aussi frappés. Toutes les évidences s’effondraient. Nous nous sommes réorganisés et, des moyens nationaux à l’organisation locale, les choses maintenant sont prévues. 

Et puis, comme je m’y étais engagé à l’Elysée, nous bâtissons l’avenir. Et je le disais, ça pouvait à ce moment-là paraître un peu intempestif, on sortait juste des feux. J’avais dit : on replantera. Parce qu’il faut tout de suite se projeter quand on a vécu le pire et ne pas rester, si je puis dire, dans l’abattement. Et l’engagement que nous avons pris, c’est de replanter un milliard d’arbres d’ici à la fin de ce quinquennat. C’est atteignable. C’est beaucoup plus que ce qu’on fait d’habitude, mais face aux incendies, à la sécheresse, aux maladies, nos forêts sont aujourd’hui en train d’être profondément touchées. Nous avons besoin pour nos forêts, nos paysages et les générations à venir, de nous préparer maintenant. 

C’est pourquoi nous avons bâti un plan massif partout à travers le territoire, d’abord pour replanter. Et j’étais aux côtés des élus, aux côtés de nos collégiens, certains de votre commune et des communes voisines, et il y a quelques instants, on a passé un moment formidable, justement, pour commencer ce travail collectif. 

En cette veille de Sainte Catherine, nous lançons ce projet où tous nos collégiens vont être mobilisés pour accompagner, au moins, un arbre. Alors, on a déjà un millier de projets qui sont prêts, qu’on va déployer. Mais, on va surtout mobiliser partout à travers le pays pour replanter. On a un tiers de nos communes en France qui sont des communes forestières et pour qui c'est important pour les paysages, mais pour les revenus, avec nos communes forestières, avec l'Office national des forêts, avec nos organismes des recherches, avec évidemment partout nos enseignants, nos élus, nous allons organiser pour que les CM1, CM2 et tous nos collégiens puissent aller chaque année replanter et contribuer à cet effort. 

D'abord parce que c'est un travail civique et un engagement. C’est montrer que face au défi du climat, on doit agir et on peut agir et que c'est une mobilisation de la Nation tout entière face à ce défi qui est de replanter pour nos forêts. 

Cette année, nous aurons replanté, environ, je pense, sous le contrôle du ministre, 70 millions d'arbres. Il faut faire deux fois plus si on veut tenir notre engagement. C'est tout à fait faisable. C'est une question d'organisation, mais il ne faut pas le faire n'importe comment. Il faut replanter des essences plus variées, les adapter au territoire, tirer les leçons de la recherche et donc, le faire à chaque fois avec des experts. Plusieurs associations ont lancé un travail formidable. Elles vont être mobilisées dans l'effort et on va mettre en place une plateforme nationale qui va permettre d'ici au printemps prochain que, partout en France, on puisse mobiliser les énergies pour savoir dans sa commune, ou les communes voisines, où sont les projets et comment y contribuer. 

À côté de ça, on va aider les scieries à se développer et à se déployer. Vous avez dans le département une immense force à cet égard. Il faut qu'on redonne de la capacité à faire plus de volume, plus de richesse, plus de valeur et que, derrière, on transforme davantage le bois bien exploité sur notre territoire, parce que c'est très bon pour notre économie. De même qu'on puisse aussi finir le cycle et qu'on puisse réutiliser les produits du bois. Et c'est une mobilisation, vous le voyez, de notre expertise, de celle de nos organismes de recherche, de l'ONF, de la connaissance des communes forestières, de notre tissu économique existant, pour le développer et pour bâtir une filière bois qui permette de répondre au défi du climat. Parce que ce sont des puits de carbone et ce sont des trésors de biodiversité qui permettent de stabiliser nos paysages. Et là, je parle des bois, mais je pourrais parler aussi des haies face à tous les risques naturels, et qui permette ensuite de valoriser pleinement cette filière en étant exploiter de manière raisonnée et en créant de la richesse. 

C’est une des leçons tirées de ce mois d’août 2022. C’est un des objectifs qui est le nôtre et vous le voyez, ça fait partie des chantiers d’avenir que nous allons ouvrir. 

Voilà, Mesdames et Messieurs, les quelques mots que je voulais avoir sur ce département courageux, dans ces terres qui ont connu l'adversité mais qui, à chaque fois, ont su tenir bon. Et des terres aussi de résistance et de développement économique où les chiffres du chômage sont aux avant-postes de ce que nous voulons pour la Nation toute entière. 

Quand je dis plein emploi, chaque matin, et qu'il y a quelques jours à Paris, je disais « on n'y est pas » ici, on y est. Ça ne veut pas dire qu'on doit se relâcher. Et donc c'est ici que je voulais à la fois venir dire la gratitude et la reconnaissance de la Nation aux femmes et aux hommes courageux qui, en cet été 2022, se sont battus contre les flammes et ont protégé et sauvé. 

Et vous dire aussi ici que nous avons tiré les leçons et qu'il s'agisse de protéger, de replanter et de rebâtir, nous serons là. 

Voilà Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs, chers amis, les quelques mots que je voulais avoir à vos côtés. En vous remerciant pour la bravoure de l'été 2022, en vous redisant ma confiance et ma gratitude. 

Vive la République et Vive la France.