Une voix centenaire de la Résistance s’est éteinte. L’Ardenois Jean Villeret, qui combattit dans les rangs de la France libre, nous a quittés, après une vie consacrée à défendre la liberté les armes à la main en temps de guerre, et à la raviver par son témoignage la paix revenue.

Nombreux étaient les lycéens et collégiens du Val-de-Marne qui l’avaient entendu raconter son histoire, non pas pour sa gloire, mais pour celle de ses camarades, et celle des valeurs qu’ils avaient contribué à sauver.

Né à Mohon, près de Charleville-Mézières, il avait 17 ans quand l’appel du général de Gaulle éveilla en lui une révolte sourde contre le joug de l’occupant. Elle éclata en mai 1943, lorsque ses compétences de tourneur-mécanicien aux Tréfileries et Laminoirs du Havre furent réquisitionnées pour grossir l’effort de guerre nazi, et qu’il refusa net. Dénoncé, il se procura de faux papiers au nom de Jean-Jacques Moreau, et bascula, le 31 décembre, dans la résistance. Au sein des FTP, les Francs-tireurs partisans, il multiplia les actions de sabotage, jusqu’à être arrêté.
Après cinq mois d’isolement, il fut déporté, le 7 juillet 1944, au camp alsacien de Natzweiler, au lieu-dit du Struthof. Il faisait désormais partie des « Nacht und Nebel », prisonniers et déportés coupables de rébellion contre le Reich, appelés à disparaître sans laisser de traces « dans la nuit et le brouillard ».
Mais Jean Villeret portait chevillée au corps une force qui perçait tous les brouillards, avec les Lumières comme phare. Il survécut au Struthof, comme il survécut ensuite à Allach, annexe de Dachau.

Libéré par les Américains, le 29 avril 1945, il reprit sa place quotidienne dans la société française, menant chez EDF-GDF une carrière marquée par le souci des autres.
Engagé au Conseil central des œuvres sociales (CCOS), il ne perdait jamais une occasion de témoigner, et avait publié en avril dernier le recueil de ses souvenirs, Un jour, nos voix se tairont.

Sa voix s’est tue désormais, mais nous continuerons de faire résonner ce qu’elle nous disait de courage, de solidarité et d’union fraternelle, à travers les tempêtes de l’histoire. Le Président de la République adresse à sa famille, ses amis, aux élèves auxquels il avait partagé ses leçons d’engagement, ses condoléances émues. 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers