Marion Game s’était fait un nom auprès du grand public, au cours d’une longue carrière où sa gouaille et la justesse de son jeu faisaient merveille. Pourtant, c’est par un prénom, « Huguette », celui de son personnage de « Scènes de Ménage », que ses admirateurs l’interpellaient et qu’elle était définitivement entrée dans les cœurs des Français. La comédienne s’est éteinte le 24 mars à l’âge de 84 ans.

Si elle apparaissait, sur les écrans, irascible ou ingénue, c’était surtout sa force de caractère qui transparaissait. Marion Game avait dû en effet conquérir sa liberté. Née à Casablanca le 31 juillet 1938, orpheline de père à neuf ans, et abandonnée par sa mère, elle était, dès l’école, le personnage principal des comédies qu’elle jouait pour elle-même, ou ses camarades de classe. Car Marion Game avait une vocation, la scène, dont elle mit longtemps à faire sa profession. Représentante en produits médicaux, mariée et mère d’une jeune fille, elle quitta le Maroc après avoir été blessée lors de l’explosion d’une bombe, dans un contexte de tensions politiques. Son arrivée en France lui permit de réaliser ses rêves, grâce à un professeur de théâtre, René Simon, « l’homme de sa vie », qui lui avait prédit qu’elle continuerait de jouer pendant des décennies. La prophétie se réalisa, grâce au talent, au travail et, selon elle, une part de chance. Distinguée par le prix Marcel-Achard en 1968, l’élève du cours Simon devint rapidement un visage familier du grand public, mélange de fantaisie et de candeur, chez Barillet et Grédy, chez Edouard Molinaro, chez Michel Audiard, avec « Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques » en 1971, ou enfin sous l’œil de Jean-Pierre Mocky, la même année, dans « L’Albatros ».

Habituée d’« Au théâtre ce soir », compagne de Jacques Martin, Marion Game prêta aussi sa voix à nombre de doublages de films. Au cours des années 1980 et 1990, elle fut de toutes les grandes fictions populaires de la télévision populaire française, jusqu’à son rôle dans ces « Scènes de Ménage » sur M6, en 2009, qui scandent depuis les déjeuners et les dîners de millions de Français. Là, tantôt espiègle, tantôt cruelle, Marion Game prit les traits de Huguette, la grand-mère préférée du petit écran, osant incarner, sans fard, mais sans esprit de sérieux, une septuagénaire confrontée aux dures choses de la vie, de la maladie à la solitude. Avec son tempérament, sa complicité manifeste avec « Raymond », interprété par Gérard Hernandez, ainsi qu’avec sa franchise, elle composait une image honnête et attachante, dans laquelle beaucoup reconnurent une parente, une amie ou soi-même.

Le Président de la République et son épouse saluent la mémoire d’une comédienne populaire qui s’était invitée dans bien des foyers et des familles. Ils adressent à ses trois enfants, à ses proches, à tous les téléspectateurs qui l’aimaient, leurs condoléances émues.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers