La doyenne de l’humanité, la religieuse cévenole sœur André, s’est éteinte à 118 ans. Au fil d’une vie scandée par 18 présidents de la République et deux guerres mondiales, elle était devenue pour les Français un emblème de continuité et de résistance, une mémoire du siècle.
Elle se souvenait de l’arrivée de l’électricité dans sa petite école d’Alès, de l’avènement de l’automobile et de l’aviation, des privations de la guerre.
Elle se rappelait avoir guetté chaque matin la tournée du vaguemestre chargé de distribuer les avis de décès sur le front, et poussé un soupir de soulagement quand il passait son chemin, signe qu’aucun de ses trois frères n’avait été tué. Elle racontait le plus beau jour de sa vie, l’Armistice, où les habitants de toute la région s’était réunis sur la grande place de la ville, au milieu des larmes et des chants.
Elle se remémorait son arrivée émerveillée à Paris, ses années de gouvernante notamment auprès des enfants de la famille du constructeur automobile Peugeot, l’assassinat de son président préféré Paul Doumer.
Elle expliquait sa conversion et son baptême à l’âge adulte, puis sa décision, à quarante ans passés, d’entrer dans les ordres au sein de la compagnie des Filles de la Charité, quittant son nom de Lucile Randon pour celui de sœur André, écrit au masculin en hommage au frère aîné qu’elle aimait tant. Elle retraçait ces décennies passées à s’occuper d’orphelins, de malades, de personnes âgées, dans un hôpital de Vichy, puis dans la Drôme, avant de gagner la Savoie.
Elle qui cultivait encore à 118 ans ses deux plaisirs quotidiens, un verre de vin et un carreau de chocolat, faisait vivre une tradition française de longévité, plaisantant souvent du record à battre de l’arlésienne Jeanne Calment, dont l’Alésienne concurrençait chaque jour davantage les 122 ans.
En 2021, sa guérison de la Covid avait fait d’elle un symbole d'espoir qui avait suscité des milliers de courriers du monde entier.
Pour elle, son grand âge était à la fois « une fierté, et un désastre », parce que sa santé ne lui permettait plus de servir assez les autres, désir qui l’animait profondément depuis son enfance. Immobilisée sur un fauteuil roulant, aveugle, elle portait toujours, comme un rappel de cette vocation, le voile bleu de sa congrégation. La porte de sa chambre, dans son Ehpad de Toulon, restait constamment ouverte pour accueillir quiconque aurait eu besoin de lui confier un secret, une prière, ou un peu d’un fardeau trop lourd.
Le Président de la République et son épouse saluent cette personnalité altruiste que les Français considéraient comme une figure tutélaire, source de fierté et d’attachement. Ils adressent à ses proches ses condoléances émues.
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