Le Président de la République a appris avec tristesse le décès de Jean Lèques, emblématique maire de Nouméa, premier président du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie et figure de la vie politique locale. Il nous a quittés hier à l’âge de 90 ans, après une vie consacrée au service de notre pays, de la Nouvelle-Calédonie, et de la paix.

Issu d’une famille ancrée sur le Caillou depuis le XIXe siècle, fervent catholique, Jean Lèques avait une conscience aiguë des fragiles équilibres de la société calédonienne. Mieux que quiconque, il connaissait les défis que ce bout de France devait relever pour préserver la paix civile au sein d’une population diverse, aux histoires entrechoquées et entremêlées et aux aspirations apparemment contraires.

Ce combat pour la paix et l’unité, son attention au sort des plus modestes, Jean Lèques en avait fait le cap de son engagement politique. D’abord militant de l’Union calédonienne, il avait par la suite rejoint le RPCR. Mais dans sa vie politique, c’est à la ville de Nouméa, et à la Vallée du Tir qu’il n’avait jamais quittée, qu’il restait associé. Maire de Nouméa près de trois décennies durant, puis maire honoraire, il avait engagé une politique inédite de réaménagement urbain, réhabilitant un à un ces quartiers nouméens dont il connaissait les moindres rues.

Jean Lèques fut aussi au cœur des négociations pour le retour à la paix. Signataire des accords de Matignon puis de l’accord de Nouméa, il fut l’un des témoins de ce moment où État, Calédoniens indépendantistes et Calédoniens non indépendantistes, ont su ensemble s’entendre sur l’essentiel : la fin des violences, le retour à la paix civile, la projection dans la construction d’un destin commun. En 2018 encore, il avait accepté la présidence du Comité des Sages chargé de veiller à la bonne exécution de la sortie de l’Accord de Nouméa.

A l’heure où s’éteint le premier président du gouvernement collégial de Nouvelle-Calédonie issu de l’Accord de Nouméa, accord qui s’achève, il nous appartient de bâtir collectivement les futures institutions de la Nouvelle-Calédonie dans le respect de l’héritage démocratique des trente dernières années et dans celui du choix, librement consenti et par trois fois exprimé, des Calédoniens. En cela, la mémoire de Jean Lèques nous oblige.

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