Jacques Limouzy, qui fut député pendant vingt ans, ministre sous quatre gouvernements et deux présidences, s’est éteint hier à Castres, la ville où il était né, où il avait grandi et qu’il avait dirigée. 

Après ses études de droit, il intégra la promotion du 18 Juin de l’ENA en 1958, deux « dates gaullistes » s’il en est, qui convenaient bien à sa sensibilité politique ; car s’il avait vu le jour sur les terres de Jaurès, il se sentait plus proche du Général. 

À l’orée d’une vie tout entière donnée à la chose publique, Jacques Limouzy commença par servir le corps préfectoral dans l’Aurès, en pleine guerre d’Algérie, puis dans le Doubs, la Somme et la Picardie. 

Mais les villes roses et la montagne noire lui manquaient tant qu’il revint vite dans cette contrée qui l’avait vu grandir pour la faire grandir à son tour. Élu député UDR du Tarn pour la première fois en 1967, il fut réélu jusqu'en 2002 sous la bannière du RPR, sauf entre 1981 et 1986, lorsque la vague socialiste balaya jusqu’à ce pilier de la droite républicaine. 

Depuis les bancs de l’Assemblée, il fut souvent appelé dans les rangs du Gouvernement. D’abord Secrétaire d’Etat en charge des relations avec le Parlement dans le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas et sous la présidence de Georges Pompidou, il fut rappelé à cette fonction presque dix ans plus tard dans le gouvernement de Raymond Barre et sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing. Entre temps, il fut par deux fois Secrétaire d’Etat à l’Education nationale, sous les gouvernements de Pierre Messmer. C’est dire combien chacun estimait son expertise des dossiers et son expérience de terrain. 

Il les prouvait aussi bien dans l’hémicycle, en orateur remarquable, qu’à la mairie de Castres, où il fit montre de son talent pour l’aménagement du territoire avec la fondation du Parc naturel régional du Haut-Languedoc, mais aussi sa soif d’agir pour la jeunesse et l’éducation, en œuvrant avec beaucoup d’énergie et d’ambition à la création du campus de La Borde-Basse. Amoureux de ce territoire, il s’y dévoua à tous les échelons, lui qui fut aussi conseiller général du Tarn de 1970 à 1988 et Président de la Communauté d'agglomération de Castres-Mazamet entre 2001 et 2008.

L’homme politique était aussi un homme de lettres, écrivain et journaliste. Fondateur en 1977 de La Semaine de Castres, hebdomadaire d’information politique, il en était toujours à 95 ans l’éditorialiste phare, analysant ces dernières semaines encore la campagne présidentielle qui commençait, plaidant pour le retour du septennat afin que les présidents gouvernent moins les voiles au vent du quotidien et conduisent davantage la caravelle de France vers son destin, ou réfléchissant sur les nouvelles technologies, témoignant d’une ferveur intacte pour la chose publique et la marche du monde. 

Le Président de la République est attristé de la disparition de cette grande figure du gaullisme qui a servi son département du Tarn et sa ville de Castres avec passion pendant plus d’un demi-siècle. Il adresse à son épouse, à ses proches, aux Castrais et aux Tarnais ses plus sincères condoléances. 


 

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