Vanik Berberian, maire de Gargilesse-Dampierre et ancien président de l'Association des maires ruraux de France, s’est éteint hier. Venu à la politique par amour pour son village, il avait fait de la défense de la ruralité son étendard. 

Petit-fils d’un philosophe qui avait fui le génocide arménien, Vanik Berberian portait en lui l’histoire d’un arrachement. Et c’est peut-être parce que ses aïeux avaient connu l’exil qu’il fut si longtemps à la recherche d’un enracinement perdu. En tout cas, dans les années 1980, lorsqu’il découvrit pour la première fois Gargilesse-Dampierre, avec ses maisons aux toits pentus qui s’enroulent autour de la Creuse, lui, le petit-fils d’immigré arménien, le Parisien de naissance plus que de cœur, eut le sentiment d’arriver en terre promise, sur un sol où il pourrait enfin plonger de nouvelles racines.

C’est de cette quête d’enracinement, de son attachement à ce village qu’ont éclos son engagement politique et son ardeur à défendre la ruralité. En 1989, parce que personne ne s’était porté candidat à la mairie de la commune, Vanik Berberian se dévoua. Il y prit goût et devint, 30 ans durant, la sentinelle amoureuse de ses pierres et la vigie bienveillante de ses âmes. Chaque jour, il œuvrait au développement de son village, de sa vie culturelle et de son attrait touristique, à la protection de son patrimoine et de ses services publics. Les habitants de Gargilesse-Dampierre se souviendront avec émotion d’un homme qui, tous les matins, prenait son café au bistrot du village, parce qu’il aimait cette convivialité et parce qu’il tenait à être un maire à « portée d’engueulades »

Dès son premier mandat, il eut à cœur de soutenir les maires ruraux, ceux qui comme lui s’engagent pour des gens dont ils connaissent intimement les visages et les noms, dont ils partagent le quotidien. En 2008, il fut nommé à la tête de l’Association des Maires Ruraux de France (AMRF), cette confrérie « d’irréductibles Gaulois », comme il l’appelait, qui résistent à l'extension du domaine de la ville. Il n’avait cessé dès lors de parcourir le territoire français, d’écouter chacun, et de se faire leur porte-parole auprès des pouvoirs publics. Inlassablement, Vanik Berberian s’est battu pour une reconnaissance du statut de l’élu, pour préserver l’équilibre du territoire français, pour le maintien des services publics dans les communes rurales, pointant les maux et les injustices dont celles-ci souffrent, tout en répétant ce qu’il croyait profondément : qu'elles sont une chance pour l’avenir de la France, pour son développement futur, pour la transition écologique et solidaire. Ses combats furent décisifs dans la création de l’Agenda rural. 
    
Lors de la crise des « gilets jaunes », il comprit très vite que les Français avaient besoin de s’exprimer et il leur en donna les moyens : avec l’AMRF, il fut le premier à ouvrir grand les portes des mairies pour permettre à ses concitoyens d’écrire leurs revendications sur des cahiers de doléances. Avec l’opération « mairie ouverte », il fut de ceux qui surent transformer la colère en une énergie capable de construire des solutions. A un moment où il n’aurait dû se soucier que de sa santé, il consacra toutes ses forces à son pays. Le Président de la République, auquel il avait remis les cahiers de doléances des communes rurales, s’était ensuite rendu dans son village, à Gargilesse-Dampierre, pour débattre avec les maires de l’Indre : le Grand Débat National dont Vanik Berberian avait contribué à inventer les formes a permis de mettre les revendications de chacun sur la table, et d’y apporter des réponses concrètes. Comme tant de maires de France, il fut alors, plus que jamais, ce trait d’union entre des citoyens qui voulaient s’exprimer et des pouvoirs publics qui voulaient les écouter. Dans cette période de déchirements, il joua un rôle essentiel pour notre démocratie, en contribuant à renouer le dialogue : il fut un grand conciliateur. 

Le Président salue un homme politique qui s’est consacré corps et âme à sa commune et à la défense de la ruralité, à la vitalité du débat démocratique et de la République française. Il adresse ses condoléances respectueuses à sa famille, à ses proches, aux maires avec lesquels il a travaillés et à tous les Gargilessois.

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