Le Président de la République Emmanuel Macron s'est entretenu avec Alexander De Croo, Premier ministre de la Belgique. 

(Ré)écoutez la déclaration conjointe à la presse : 

1 décembre 2020 - Seul le prononcé fait foi

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DÉCLARATION CONJOINTE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ET DU PREMIER MINISTRE DU ROYAUME DE BELGIQUE, M. ALEXANDER DE CROO

Emmanuel MACRON

Bonjour mesdames, messieurs. Monsieur le Premier ministre, cher Alexander, merci beaucoup d'être à Paris aujourd'hui et je suis vraiment ravi de vous accueillir pour la première fois depuis votre prise de fonction, pour un déjeuner de travail amical qui a permis d'aborder beaucoup de sujets d'intérêt commun aussi bien bilatéraux qu'européens. 

 

Nos deux pays, ça n'échappe à personne, partagent des liens quotidiens extrêmement forts. La frontière commune en est un des traits structurants et je tiens à souligner à quel point la coopération que nous avons eue depuis le début de la pandémie nous a permis d'agir en européens de part et d'autre en la matière, de coordonner depuis le printemps dernier notre réponse sanitaire, de maintenir la frontière ouverte, de permettre le travail transfrontalier. Nos deux pays sont unis par cette géographie et cette volonté aussi d'agir en européen. 

 

Nous avons pu longuement évoquer, l'évolution de la pandémie de part et d'autre, les décisions que nous avons pu prendre et la coordination qui est aujourd'hui la nôtre en matière de gestion des prochaines semaines sur certains secteurs d'activité particuliers qui seront extrêmement sensibles pour les semaines qui viennent, mais également gestion des tests, gestion de la stratégie vaccinale où, ensemble, nous portons autour de la table du Conseil européen une volonté de très forte coordination européenne. 

 

Nos deux pays sont également unis par la solidarité et une lutte commune face au terrorisme. Là aussi, notre coopération bilatérale est exceptionnelle, tant sur le plan des services, de nos forces de sécurité que de nos justices. Cette coopération doit être sans cesse amplifiée et devra maintenant être prolongée au niveau européen, où nous aurons l'occasion de plaider pour un renforcement de l'action de l'Union européenne en la matière. Ce sera d'ailleurs l'un des sujets du Conseil européen de décembre. Coopération en matière de mesures sanitaires, de lutte contre le terrorisme. J'aurais également pu citer l'énergie, l'Afrique et bien d'autres domaines que nous avons évoqués ensemble. Les coopérations bilatérales sont en effet nombreuses et exemplaires. Elles se poursuivent évidemment dans le cadre de l'Union européenne où nous nous portons une ambition commune et que nous avons pu, là aussi, balayer au regard des nombreux sujets du prochain Conseil européen. 

 

Sur le climat, l'Union européenne devra aussi être au rendez-vous les 10 et 11 décembre. Nous serons à la veille du cinquième anniversaire de l'accord de Paris et nous aurons à réviser notre objectif de réduction des émissions d’ici à 2030 à -55 %. La Belgique et la France sont pleinement alignées sur ce sujet, et convaincues que l’Union européenne doit poursuivre son rôle moteur dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. 

 

Nous aurons aussi, l’occasion, la semaine prochaine, d’évoquer les relations extérieures de l’Union européenne. Évidemment bâtir un nouvel agenda transatlantique avec les États-Unis et le renouvellement d’une administration qui partage pleinement nos valeurs communes en matière de démocratie, de climat, de multilatéralisme, de sécurité. Nous devrons également tirer les conclusions des actions hostiles de la Turquie et faire le suivi de nos conclusions du Conseil d’octobre malgré la main tendue à ce moment-là par l’Union européenne. C’est à mes yeux un sujet tout à la fois de crédibilité et de souveraineté pour notre union. 

 

Enfin, nous avons évoqué les négociations en cours sur la relation future entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Nos deux pays sont parmi les plus concernés par un Brexit que nous n'avons pas choisi je le rappelle. Et nous serons particulièrement vigilants aux conditions de concurrence équitable, aujourd'hui et dans la durée et à la question de la pêche. La préservation des activités de nos pêcheurs dans les eaux britanniques est une condition essentielle ; les justes règles du marché dans la durée le sont également. Sur ce sujet du Brexit, notre position a été constante : un accord doit permettre une relation future équilibrée et la France n'acceptera pas un accord qui ne respecterait pas nos intérêts dans la durée. 

 

Voilà les quelques mots que je souhaitais faire en compte-rendu rapide de l'entretien que nous venons d'avoir, au-delà des nombreux sujets que nous avons pu développer ensemble. Mais je voulais vraiment te remercier à nouveau, cher Alexander, pour cette visite à Paris et pour les échanges très directs et amicaux que nous avons pu avoir une fois encore. Merci, Monsieur le Premier ministre.

 

Alexander DE CROO 

Merci, Monsieur le Président. Cher Emmanuel, on avait eu l'occasion de se parler avant à Bruxelles lors des Conseils européens, très content de pouvoir le faire ici à Paris et de débattre plein de sujets. Vous en avez évoqué quelques-uns à un moment spécial. C'est clair que nos pays, mais en fait l'Europe entière, est quand même face à d'énormes défis : défi sanitaire avec la crise Covid, défi économique avec une situation économique qui n’est clairement pas facile, et à côté de cela, on a plein d'autres défis à affronter : réchauffement climatique, menaces terroristes contre les vagues migratoires, etc. En fait, je pense que la question à se poser, c'est, disons, dans 10 ans, dans 20 ans, si mes enfants se poseraient la question : mais comment vous avez fait ? En fait, comment vous avez géré ce moment-là ? Je pense que la réponse qu'on devrait donner à ce moment-là, c'est : ensemble, en Européens. On a confronté tous ces défis en se comprenant et en comprenant qu'ensemble, on peut arriver beaucoup plus loin. C'est pour ça que du côté belge, on soutient complètement le projet de résilience stratégique européenne pour qu'on puisse avoir des atouts dans la matière de l'énergie, dans la défense, dans les secteurs économiques vitaux. Pas parce qu'on veut entrer en concurrence avec nos alliés, mais parce qu'on veut être des meilleurs alliés. Aussi, par exemple par rapport aux États-Unis, cette alliance transatlantique est une alliance importante, mais je pense que d'un point de vue européen, ça doit être très clair qu'on a du travail à faire pour qu’on soit des meilleurs alliés dans un monde qui est en plein mouvement. 

Comme vous l'avez dit, quelques sujets spécifiques dont on a parlé. Clairement, la Covid où quand même on a fait un trajet. Si on regarde le début de la crise, avec les difficultés qu'on avait quand même au niveau européen, d'un point de vue de coopération, si on regarde où on est maintenant, maintenant, on a pu sauvegarder le fonctionnement du marché unique avec les « greenlands », etc. Ce qu'on fait ensemble dans le domaine des vaccins est une vraie histoire que je pense que personne n'avait pensé qu'on pourrait le faire tellement rapidement avec une coopération tellement intense. Et puis, il y a plein d'autres sujets, des testings, etc., où on voit que cette coopération européenne porte des fruits pas à long terme, pas uniquement stratégiques, mais vraiment concrets pour la population. Une population qui en fait, attend ces vaccins et qui comprend que cette coopération européenne a vraiment été instrumentale. En même ordre d'idées, clairement, les vacances en Europe sont un sujet important. On en avait parlé avant. Il est clair que du côté belge, on apprécie beaucoup la position française par rapport au sujet des infrastructures lors des vacances de Noël. Je pense qu'on aime tous beaucoup les vacances d'hiver. Il y a beaucoup de Belges qui viennent en vacances en France, mais je pense qu'il faut être clair que maintenant, dans la situation où on est, c'est vivement déconseillé. On aura après tellement l'occasion de venir en vacances dans votre merveilleux pays, comme vous le savez très bien. Les Belges, on aime bien venir en vacances en France, comme il y a beaucoup de Belges qui aiment bien venir en Belgique aussi naturellement, pour beaucoup de raisons. Et j'espère que plus de coopérations au niveau européen dans ce domaine-là, qui est vraiment dans les semaines à venir, j'espère qu'on puisse y parvenir. 

Par rapport au Brexit, Emmanuel, comme tu l’as dit, on ne l'a pas souhaité. Un accord est important, mais naturellement, pas à tout prix. Et garder une position économique équitable entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, est clairement l'élément important pour nous. Mais c'est clair qu'on a quand même dans les dernières minutes d'un match de foot. Alors, un but décisif peut se faire dans la dernière minute autant que dans la première minute. Mais on est quand même dans un moment où il faudrait vraiment voir si c'est possible d'avancer et pour obtenir un accord qui soit équitable. 

Dernier sujet, peut-être le climat, qui clairement et, je pense que l'on partage cela complètement. Cette transformation par une économie plus numérique et plus durable, c'est un enjeu humain, c'est aussi un enjeu technologique. Est-ce qu'en Europe, nous, entre nous, on va sauver le monde ? Peut-être pas. Mais la technologie européenne, elle, elle peut le faire. Et prendre ce virage vers une économie plus durable, c'est un enjeu économique, c'est un enjeu technologique. Finalement, cette question économique et technologique peut être une solution. Et clairement, on doit la voir d'un côté stratégique de ce point de vue-là. Donc, je me suis réjoui d'avoir l'occasion de pouvoir discuter de tout cela ensemble. Et je suis convaincu que dans un monde avec tellement de défis, une bonne compréhension au niveau européen, mais certainement entre la Belgique et la France, sera toujours un atout pour nos deux pays. Merci beaucoup. 

 

 

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