Du lundi 28 au mardi 29 septembre, le Président de la République Emmanuel Macron s'est rendu en République de Lituanie. 

À son arrivée, le Président a tenu une conférence de presse conjointe avec son homologue lituanien, Gitanas Nausėda. Il a rappelé le chemin parcouru par la Lituanie depuis le début des années 2000, « grâce à la liberté, à la paix et à la sécurité, à la prospérité économique et sociale des Lituaniens. »

Le lendemain, après une cérémonie de dépôt de gerbe au cimetière d'Antalkanis, le Président Emmanuel Macron a débattu avec des étudiants de l'Université de Vilnius. 

Enfin, le Président français a salué les 300 militaires français déployés en Lituanie dans le cadre de la mission Lynx.  

 

 

(Ré)écoutez la conférence de presse conjointe d'Emmanuel Macron avec Gitanas Nausėda, Président de la République de Lituanie : 

28 septembre 2020 - Seul le prononcé fait foi

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CONFÉRENCE DE PRESSE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE M. EMMANUEL MACRON ET DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DE LITUANIE M. GITANAS NAUSEDA

Emmanuel MACRON

Merci beaucoup. Merci beaucoup, monsieur le Président, cher Gitanas pour ces mots et cet accueil.

Monsieur le Président, je suis très heureux aujourd'hui d'être à Vilnius à vos côtés et de pouvoir reprendre le dialogue, les échanges que nous avions eus il y a encore quelques semaines ensemble et je vous remercie très chaleureusement pour votre accueil dans une période dont nous savons toutes les complexités avec cette remontée du Covid-19, mais nous vivons avec ce virus en apportant les réponses adaptées partout où il accélère sa diffusion, et en continuant de travailler et d'avancer.

La dernière visite officielle d'un Président français dans un cadre bilatéral remonte à celle du Président Jacques CHIRAC, en juillet 2001. C'était il y a 19 ans. C'était il y a bien trop longtemps. Mais ce temps qui a passé me permet aussi de rappeler ici tout le chemin qui a été parcouru par la Lituanie grâce à l'aspiration à la liberté, à la paix et à la sécurité, à la prospérité économique et sociale des Lituaniens. L'adhésion à l'Union européenne et à l'OTAN, sa participation à l'espace Schengen et à la zone euro, un processus de convergence économique remarquable. Au fond, ces 19 années, c'est une accélération extraordinaire de l'histoire parce que vous avez été au rendez-vous de celle-ci, parce qu’au fond, la Lituanie a retrouvé la place qui lui revenait au cœur de la famille européenne. Et en effet, votre pays, votre peuple, est aujourd'hui dans le cœur de l'Europe et a toutes les raisons d'être fier de ce chemin parcouru. Et je le dis avec vraiment beaucoup d'admiration et de considération parce que je mesure aussi les réformes, l'accélération que tout cela signifie. Je sais l'attachement profond des Lituaniens à l'Union européenne, la confiance qu'ils placent en elle et cela doit tous nous inspirer.

Je suis venu, monsieur le Président, accompagné d'une délégation aussi importante que les restrictions sanitaires le permettaient, mais qui, à travers la présence de plusieurs ministres, d'une délégation parlementaire importante, de plusieurs amis aussi de votre pays, sans oublier mon épouse, dit tout le prix que nous accordons à la relation entre nos deux pays et l'importance que nous voulons aussi placer dans la coopération bilatérale.

Vous l'avez dit, nous avons évoqué de nombreux sujets lors de notre entretien en passant en revue tout ce qui nous réunit dans l'agenda européen. Une ambition pour une Europe qui intègre davantage sur le plan économique et social. Et nous avons ensemble défendu ce Plan de relance conclu en juillet dernier. L'ambition climatique européenne, la nécessaire unité dans les négociations avec le Royaume-Uni, la souveraineté numérique européenne, ce sont là aussi quelques autres thèmes sur lesquels nous travaillons main dans la main et sur lesquels, ensemble, Lituanie et France souhaitent continuer d'avancer. Les échanges que nous venons d'avoir témoignent aussi, ainsi que la feuille de route de notre partenariat stratégique qui sera signée demain par nos ministres des Affaires étrangères, de la vitalité de cette relation et des projets que nous avons. Nous avons également adopté une déclaration conjointe entre la Lituanie, la Lettonie et la France, et je serai demain en Lettonie, sur la protection des démocraties et qui vise à renforcer le dispositif européen de lutte contre les cyberattaques et toutes les formes de manipulations de l'information. C'est l'idée que nous avions beaucoup défendue dans la campagne européenne, qui a été reprise par la présidente de la Commission, et je crois que cet engagement que nous prenons tous trois ensemble est à cet égard très important.

Nous aurons l'occasion, et la ministre des Armées m'accompagnera et nous serons à vos côtés, de nous rendre sur la base militaire de Rukla où 300 militaires français, comme vous l'avez dit, sont aussi aujourd'hui stationnés dans le cadre de la présence avancée renforcée de l'OTAN et participent ainsi à la sécurité de la Lituanie et de l'espace Baltique.

Enfin, je veux saluer la tenue ce matin d'un forum économique franco-lituanien sur l'innovation, auquel ont participé plus d'une cinquantaine d'entreprises françaises afin de renforcer encore les relations économiques entre nos deux pays.

Au-delà de ces relations bilatérales, nous avons bien évidemment échangé sur les sujets géopolitiques et sur la question de la Biélorussie. J'ai pu expliquer à monsieur le Président le sens de l'initiative russe que la France a pris il y a maintenant plusieurs mois, la volonté qui est la nôtre d'avoir un dialogue transparent, stratégique, sans naïveté ni concession aucune avec la Russie, qui est une puissance voisine. Et j'ai d'ailleurs souhaité, à chaque étape de ces discussions, que vous soyez pleinement informé de la nature de la démarche et que vous soyez aussi en transparence, informé des avancées que l’ensemble des chantiers ainsi mis en place permettrait d’obtenir. Je pense que ce dialogue est important sur le plan stratégique. Je sais aussi tout le poids de l'histoire, et je le dis avec un immense respect. Je parle dans un pays qui a vécu les morsures de cette histoire, un pays qui n’a pas le même XXème siècle que le mien parce qu’il a pu avoir le sentiment d’être abandonné par les autres, et pour qui l’après Deuxième Guerre mondiale a duré bien longtemps. Je sais aussi tout ce que cela représente de parler d'un dialogue stratégique avec la Russie et c'est pourquoi, je vous le dis aussi avec beaucoup de gravité et de sincérité, ce dialogue, nous le faisons avec respect pour tous nos partenaires européens et en particulier avec la Lituanie, et nous le ferons en pleine transparence. Mais je pense que nous pouvons bâtir un XXIème siècle où nous aurons su dépassionner beaucoup de questions de notre voisinage parce que j'ai aussi confiance dans le fait que l'autre peut toujours s'améliorer.

Dans ce contexte-là, nous avons échangé sur la situation en Biélorussie. Je veux vraiment, à cet égard, saluer l'engagement du Président NAUSEDA et celui de l'ensemble des Lituaniens en faveur de la société civile biélorusse. Il y a quelque chose comme d'une fraternité un peu particulière que vous ressentez dans votre chair lorsque, évidemment, vous avez vu les évènements de juillet et d'août se tenir. Je veux vous dire combien nous ressentons la même chose. La France se tient toujours aux côtés des combattants de la liberté. Et oui, il nous faut entendre l'aspiration à la liberté et à la démocratie des manifestants. Leur courage, en particulier celui des femmes biélorusses, nous oblige. Les autorités biélorusses doivent mettre un terme sans délai aux arrestations arbitraires, aux pratiques d'exil forcé de plusieurs membres du Conseil de coordination. Elles doivent libérer les personnes détenues arbitrairement et respecter la vérité des urnes. La France se tient aux côtés du peuple biélorusse pour qu'une solution politique puisse être trouvée dans le respect des aspirations exprimées pacifiquement et massivement depuis plusieurs semaines. Donc oui, nous partageons pleinement le même objectif, et je souhaite qu'au plus vite, nous puissions prendre les sanctions nécessaires, mais aussi réengager une médiation indispensable. Nous avons proposé que l'OSCE s'implique et la France fera tout ce qu'elle peut pour que cette médiation voie le jour et que nous puissions ainsi avancer. C'est dans cet esprit que, suite à sa demande, je recevrai demain matin l'opposante Svetlana TIKHANOVSKAÏA qui est abritée par votre pays depuis maintenant plusieurs semaines. Mais je le dis, au-delà de sa personne, c'est véritablement en soutien à tout le peuple biélorusse que nous nous adressons aujourd'hui.

Voilà, Monsieur le Président, ce que je voulais vous dire en vous remerciant à nouveau. Il y a deux ans, à Paris, votre prédécesseur, Dalia GRYBAUSKAITE, que je salue, était présente pour l'inauguration d'une exposition sur le symbolisme balte au Musée d'Orsay. Et il y avait un peu de votre pays à ce moment-là à Paris. ČIURLIONIS pouvait être contemplé par les Françaises et les Français. Je crois qu'ils vous ont mieux connu et j'espère qu'il y a un peu de l'esprit et d’un vent français qui va souffler en Lituanie aujourd'hui et demain à travers notre présence, nos échanges et l'amitié que nous nous portons.

Merci, Monsieur le Président, cher Gitanas, pour cet accueil.

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