Le député, conseiller général, ministre, et sénateur vosgien Christian Poncelet, qui fut aussi maire de Remiremont et président de la Chambre haute, s’est éteint après une vie tout entière consacrée au service de la République.

C’est peu dire que cet édile atypique n’avait pas le curriculum vitæ des politiciens qu’il côtoya souvent. Loin des bancs des grandes écoles et des banquettes feutrées des salons bourgeois, son parcours fut écrit au cœur des institutions françaises d’une encre de labeur et de passion.

Né dans une famille paysanne de l’Est, élevé par une mère seule, il n’obtint jamais son brevet. Il effectua son service militaire, épousa la fille d’un menuisier et d’une tisserande, et décrocha un poste de contrôleur des télécommunications aux PTT. Son parcours d’engagement fut baptisé sur les fonds syndicaux, lorsqu’il prit au sein de son administration les rênes d’un syndicat d’inspiration démocrate chrétienne.

Son goût de la chose publique, ses convictions gaullistes et sa rencontre avec Pierre Mendès France déterminèrent ensuite son entrée en politique, marquée par le dépassement des clivages partisans. Lui qui avait grandi dans les Ardennes partit à la conquête des Vosges. Dix ans comme député, trente-six ans comme sénateur, cinquante-et-un ans à la tête du conseil général, dix-huit années passées à la mairie de Remiremont : au fil de ses multiples mandats, sa terre d’adoption devint pour lui une terre d’enracinement. Les Vosgiens se prirent d’affection pour cet élu simple et chaleureux, dont la cordialité laissait parfois érupter des colères de lion. Car celui qui portait le surnom bonhomme de « Ponpon » était un grand bretteur politique. Fin stratège, il aimait à rappeler qu’il n’avait jamais perdu une élection en cinquante ans de vie d’édile : il avait un don certain pour toutes les arènes, un sens affuté des alliances, et surtout une préoccupation profonde pour la vie concrète de ses électeurs. Il prit à cœur le développement humain et économique de son territoire, en améliora le maillage ferroviaire, autoroutier et aéroportuaire, se battit pour son industrie et sa culture.

Un tel talent fut souvent appelé au gouvernement : sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, Christian Poncelet officia en qualité de secrétaire d’État à plusieurs reprises et avec maints portefeuilles successifs, des Affaires sociales au Travail, du Budget aux Relations avec le Parlement – une belle revanche pour cet homme que l’école n’avait pas adoubé mais qui, par soif d’utilité, par amour pour son territoire, par passion des gens, avait fini par être versé en tout.

Christian Poncelet croyait aussi fermement en l’Europe. Lui qui servait un territoire déchiré par les guerres, était un chantre de la coopération des peuples et accomplit un mandat de député européen.

Fervent partisan du bicamérisme, qu’il voyait comme une clé de voûte de notre édifice démocratique, il fut dix ans président du sénat, qu’il participa à mieux faire connaître du grand public. C’est à lui que les Parisiens qui flânent le long du jardin du Luxembourg doivent les fameuses expositions de photographie qui ornent souvent les grilles, devenues des cimaises à ciel ouvert.

Le Président de la République salue une haute figure du gaullisme et un ténor du Parlement. Il adresse à ses proches, ainsi qu’à tous les Vosgiens dont il porta inlassablement la voix, ses respectueuses condoléances.

 

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