Jacques Calvet, l’emblématique patron de PSA Peugeot-Citroën durant près de 15 années, qui avait spectaculairement remis le groupe d’aplomb, s’est éteint jeudi à l’âge de 88 ans. 

Rien pourtant n’avait prédestiné l’homme à devenir un grand dirigeant d’industrie automobile. Le petit garçon ne se pâmait pas devant les belles voitures, ne rêvait ni de les piloter ni de les dessiner, et le jeune homme ne s’engagea pas sur la route qui mène le plus sûrement à ce secteur industriel. Et pour cause : aux courses automobiles, il préfère les joutes de la politique et les casse-tête de l’économie. Aussi fait-il son droit, passe sur les bancs de Sciences-Po Paris, réussit l’ENA, et commence sa carrière à la Cour des comptes.

Deux ans plus tard, il officie déjà au cabinet de Valery Giscard d'Estaing, alors secrétaire d'État aux Finances, et devient son directeur de cabinet lorsque ce dernier est nommé ministre de l'Économie et des Finances. A cette période, on le surnomme le « vice-ministre » tant est crucial son rôle auprès de Valéry Giscard d’Estaing. Les deux hommes forment un attelage d’autant plus solide et uni que Jacques Calvet partage avec le futur Président de la République des idées, des valeurs, mais aussi une certaine stature, même des postures, et jusqu’à un semblable timbre de voix. 

La carrière de Jacques Calvet prend un premier virage en 1974, lorsqu’il est propulsé à la direction générale puis à la présidence de la BNP. François Mitterrand ne le reconduit toutefois pas à la tête de la banque qu’il entreprend de renationaliser tout à fait. C’est alors que la famille Peugeot accapare ce talent pour lui confier la titanesque mission de redresser leur entreprise qui ploie encore sous les contrecoups des deux chocs pétroliers des années 1970. 

Ce deuxième virage dans sa carrière est le bon : il le mène à son destin. Le brillant commis de l’Etat se mue alors en grand capitaine d’industrie. Seul au gouvernail, il parvient d’une main ferme à redresser la barre et à remettre l’immense paquebot PSA à flot, en remodelant le navire et en tirant parti au mieux du souffle que met dans ses voiles le succès de la Peugeot 205. En 1985, après des années de pertes abyssales, le groupe renoue avec les profits. 10 ans plus tard, PSA monte sur le podium européen des constructeurs automobiles. 
Lui qui confessait être un mauvais conducteur, qui cédait volontiers le volant à son épouse, se révéla donc un excellent pilote de groupe. Resté au volant de PSA jusqu’en 1997, Jacques Calvet hissa l’entreprise au lion et aux chevrons aux rangs des plus grands fleurons de notre industrie. 

Le Président de la République exprime ses condoléances à sa famille et ses proches ainsi qu’à l’ensemble des salariés du groupe PSA. 

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