Michel Charasse s’en est allé. La République française perd l’un de ses serviteurs les plus passionnés. Fonctionnaire, maire, conseiller général et régional, sénateur, conseiller du Président François Mitterrand, ministre, membre du Conseil Constitutionnel, il aura servi le pays sans discontinuer, à toutes les échelles et à tous les niveaux.

Né en 1941 dans le Puy de Dôme, Michel Charasse fit de l’école républicaine son tremplin méritocratique. Après le baccalauréat, ses bons résultats lui permirent d’obtenir une bourse d’Etat et d’étudier à la faculté de droit et à Sciences Po. Toute sa vie, il eut à cœur de redonner à la République ce qu’elle lui avait offert.

Fonctionnaire au Ministère des Finances le jour et assistant parlementaire la nuit et le week-end dans les années 1960, il consacra dès le début de son parcours deux journées de travail par journée de vie à la République française.

Sur les bancs de l’Assemblée, il rencontra son premier mentor, Gaston Defferre, Président du groupe socialiste au Palais Bourbon, dont il devint le secrétaire général adjoint. Pendant 18 ans, il fut comme le scribe et le clerc du groupe à la rose de la chambre basse. Il y acquit une maîtrise experte de la mécanique des règlements, des lois et de la Constitution qui lui ouvrit, en 1974, les portes de l’équipe de campagne du Premier secrétaire du Parti socialiste, l’homme d’Epinay, François Mitterrand.

Michel Charasse se lança aussi lui-même dans l’aventure électorale, acceptant de porter partout les couleurs socialistes, là où le parti a besoin de candidat, sans craindre de partir à l’assaut de bastions imprenables. Puis en 1977, c’est chez lui qu’il se présenta, à la mairie de Puy-Guillaume, qu’il servit durant 33 ans. Ses nombreux autres mandats locaux au Conseil régional d’Auvergne et au Conseil général du Puy-de-Dôme, disent combien il était un enraciné, un homme fidèle à son fief. 

Le 10 mai 1981, François Mitterrand est élu à la Présidence de la République. Le destin de Michel Charasse s’accélère. Lui l’architecte des 110 propositions, est devenu l’homme de confiance du nouveau président. Il prépare les ordres du jour du Conseil des Ministres, coiffe toutes les questions constitutionnelles et juridiques, réfléchit à tout ce qui peut améliorer le fonctionnement de l’Etat et des institutions, traite les questions de la décentralisation et des collectivités locales, pense les élections, le budget de l’Etat et la politique fiscale, les relations avec les assemblées parlementaires. Même élu Sénateur, même devenu ministre du budget en 1988, Michel Charasse ne cessa de conseiller François Mitterrand. Fidèle parmi les fidèles, il l’a accompagné jusque dans la maladie et même après sa mort, en devenant le gardien de la mémoire mitterrandienne.

Conseiller du Président, Sénateur, Ministre : la loi et l’administration françaises portent l’empreinte de Michel Charasse. On lui doit la loi instaurant plus de transparence dans l’attribution des marchés publics, la réorganisation des Douanes, la création de TRACFIN et le renforcement du contrôle fiscal. Sa plus grande fierté fut sa contribution à la Loi Coluche qui créa de nouvelles déductions fiscales pour les Restos du Cœur et d’autres associations caritatives, améliorant la vie de millions de personnes vulnérables. 

Nommé le 10 mars 2010 au Conseil constitutionnel, il ne cessa, jusqu’au bout et malgré la maladie, de défendre la République et ses grands principes.

L’esprit des combats de Michel Charasse, la force de son engagement, ne nous quitteront pas. Le président Emmanuel Macron et son épouse saluent avec émotion la disparition d’un monument du Puy-de-Dôme, du mitterrandisme, et de la République française, un homme qui a inlassablement servi nos valeurs cardinales et nos institutions, nos lois et notre Constitution, l’Etat et la démocratie. A son épouse Danièle, à ses proches, à tous les citoyens français que Michel Charasse a servis, ils adressent leurs condoléances.

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