Le Président Emmanuel Macron a reçu M. Barham Saleh, Président de la République d’Irak, le lundi 25 février.

Retrouvez la conférence de presse des deux Chefs d’État :

25 février 2019 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse conjointe sur l’Irak Emmanuel Macron et Barham Saleh

Monsieur le Président de la République, cher Barham SALEH, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs, c’est pour moi avant toute chose un plaisir et un honneur de vous recevoir, Monsieur le Président de la République d’Irak, aujourd’hui à Paris. Lorsque j’ai pris mes fonctions, les combats pour Mossoul faisaient encore rage, des régions entières de Syrie et d’Irak demeuraient aux mains djihadistes. Un an et demi plus tard, l’Irak a repris le contrôle de l’ensemble de son territoire, montré la vitalité de sa démocratie lors des élections législatives de mai tout particulièrement. Le pays a retrouvé le chemin de la croissance économique, il s’engage dans la reconstruction et un dialogue inclusif, en particulier un dialogue fructueux entre Bagdad et Erbil tout d’abord qui ont su trouver des axes d’entente importants après les difficultés rencontrées en 2017. Et le relèvement de l’Irak est à nos yeux un signe d’espoir pour le Moyen-Orient.

Bien que les défis restent immenses, c’est avec optimisme que nous voyons s’ouvrir un nouveau chapitre de l’histoire de l’Irak démocratique et je suis heureux que le président SALEH puisse le présenter aujourd’hui à la France et aux Français. Bien sûr les menaces auxquelles l’Irak est encore confronté restent considérables. Face au terrorisme, et nous en avons longuement parlé, la France reste et restera aux côtés de l’Irak, des Irakiens politiquement et militairement. Nous avons évoqué dans cette perspective le renforcement de notre coopération de défense et de sécurité. Nos soldats sont effet avec les militaires irakiens pour vous soutenir dans votre action contre Daech et je souhaite qu’ils puissent contribuer dans la durée au renforcement des capacités des forces irakiennes. Nous soutenons aussi la politique régionale équilibrée de l’Irak : ce pays doit être préservé des crises du Moyen-Orient, qu’elles soient liées à la Syrie ou à l’Iran. Et dans ce cadre, la présence durable de la coalition internationale est un élément clé et je suis sûr que l’ensemble des partenaires de la coalition internationale sont conscients du rôle absolument central que joue l’Irak dans la région et de notre présence indispensable. Face aux défis du relèvement des territoires libérés de Daech, nous sommes déterminés à aider les victimes des djihadistes à se reconstruire. La France rend hommage à toutes ces victimes, au peuple irakien dans toutes ses composantes, et là aussi nous en avons longuement parlé. Nous pensons tout particulièrement au sort des chrétiens, des Yézidis, des Shabaks qui ont été persécutés et doivent trouver toute leur place dans la nouvelle Irak. Nous avons avec vous, Monsieur le Président, discuté des nombreux projets de stabilisation que nous mettons en œuvre pour permettre aux Irakiens de reprendre une vie normale. Dans ce contexte, la France sera à vos côtés d’une part pour aider à la décentralisation et aux équilibres régionaux, d’autre part pour aider à la formation des jeunes Irakiens, en particulier de ceux qui étaient impliqués dans les forces paramilitaires, pour retrouver une place dans la vie civile, et enfin aux projets économiques qui sont une partie essentielle de cette stabilisation pour pouvoir donner un emploi tout particulièrement aux jeunes Irakiens. Nous avons également parlé de projets plus spécifiques mais néanmoins très importants et la présence à nos côtés, et je vous remercie d’avoir accepté, de Nadia MURAD était aussi extrêmement importante à nos yeux pour d’une part contribuer à l’effort que nous avons engagé depuis plusieurs mois en soutien des Yézidis. Nous allons contribuer au fond pour la reconstruction du Sinjar lancé par Nadia MURAD à hauteur de 2 millions d’euros, nous financerons un nouvel hôpital et nous accompagnerons à vos côtés les efforts politiques pour stabiliser pleinement la zone et permettre le retour. J’ai par ailleurs souligné lors de notre réunion l’importance d’un système démocratique inclusif en Irak où la justice est rendue pour tous et qui renforce la place des femmes sur la scène politique, et je sais combien Monsieur le Président vous y êtes engagé. Sans cela, nous le savons, c’est-à-dire ce retour à un équilibre politique inclusif, un développement économique, les racines mêmes qui ont permis l’émergence de Daech ne pourront être coupées.

Notre engagement aux côtés de l’Irak va bien au-delà de la lutte contre Daech. L’Irak a vocation à retrouver un rôle de premier plan dans la région et un rôle de pivot. La France est à cet égard au rendez-vous pour être un de ses grands partenaires. Nous adopterons prochainement une feuille de route stratégique qui consacrera les grandes orientations de notre relation bilatérale. Celle-ci s’étend désormais à tous les domaines et en particulier à ceux qui rapprochent nos peuples et bénéficient à la jeunesse d’Irak : l’économie, l’éducation et la culture. Votre visite, Monsieur le Président, témoigne de cette volonté, vous présenterez tout à l’heure votre vision de l’avenir de l’Irak à l’IFRI, vous allez rencontrer des entreprises françaises investies dans la reconstruction de l’Irak, nous avons nous-mêmes parlé de nouveaux projets et votre délégation effectuera enfin une visite du Louvre où la France a le privilège d’exposer des chefs d’œuvre du patrimoine de votre pays, et le Louvre qui travaille avec la Fondation ALIPH et l’UNESCO pour restaurer l’immense patrimoine de de l’Irak, et je veux ici redire tout notre engagement en la matière et l’importance que notre coopération culturelle et éducative revêt à mes yeux. Nous avons pris des engagements forts pour développer notre coopération dans tous ces domaines. Je veux notamment citer la ligne de financement d’un milliard d’euros que nous venons de mobiliser pour la reconstruction du pays. Elle impliquera nos entreprises et l’Agence Française de Développement dans l’énergie, l’eau, les infrastructures de transport ou encore la santé. Et je pense aussi à notre soutien au relèvement des deux universités de Mossoul. Dans ces lieux de savoir hier ravagés par les barbares de Daech, les jeunes Irakiens étudient aujourd’hui pour devenir des dirigeants, des entrepreneurs, les intellectuels de demain sur qui reposera l’amitié entre nos deux pays. Cette amitié ancienne a été notre rempart contre le terrorisme. Il nous faut désormais la nourrir de projets concrets pour construire ensemble une paix durable. C’est mon souhait, c’est le message que je porterai dans quelques mois en Irak lorsque je répondrai dans le cours de cette année à votre invitation et c’est, je sais, le combat qui est le vôtre au quotidien, Monsieur le Président. Et je vous remercie encore pour votre présence aujourd’hui.

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