Fait partie du dossier : Paris 2024 : ouvrons grand les jeux !

15 septembre 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République adressé aux acteurs de la candidature de Paris aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI.

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs, parce que je ne vais pas égrener les titres sinon, ce discours serait déjà trop long,

Chers amis parce que c’est de cela dont il s’agit,

Vous venez de le montrer et vous le savez tous et toutes parce que je reconnais beaucoup de visages, cette histoire, c’est une histoire de passions et d’engagements. Et vous aviez un objectif, vous l’avez fait. Et je suis là aujourd’hui, dans la situation de celui ou de celle qui a conduit jusqu’à l’en-but un ballon qui y était presque déjà, c’est pour cela que vous êtes toutes et tous réunis. Parce que c’est une histoire de cordée, cette aventure, de cordée à travers le temps, qui a rendu cette victoire possible.

Beaucoup en doutaient et si nous nous remettions quelques années en arrière, je pense que peu de gens auraient imaginé que la France, Paris, puisse décrocher ces Jeux. Beaucoup étaient sceptiques, quand le projet a été porté d’avoir des Jeux plus ouverts, plus solidaires, plus durables. Et vous l’avez fait et vous avez réussi. Vous avez réussi à convaincre le CIO mais plus largement le reste de la planète que Paris pouvait, cent ans après les Jeux de 1924, accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024.

Alors, bravo et merci ; c’est vous !

Vous l'avez gagné parce que vous l'avez mérité. J'en ai été le témoin tout à fait objectif, vous l'avez mérité parce que vous avez su tenir deux principes d'action.

Le premier, c'est l'unité, l'unité du mouvement sportif. Cela a été tout votre travail, champions d'hier. Nous venons d'en voir quelques-uns qui sont champions d'hier et d'aujourd'hui, parce qu'il y en a qui durent tout particulièrement. Beaucoup de champions d'hier sont devenus les ambassadeurs de ces Jeux autour de vous. Et l'unité du mouvement sportif, cette capacité à faire porter la candidature par le mouvement sportif dès le début, a été un élément essentiel de cette aventure collective et je crois que la journée du 23 juin dernier l'a montré plus que tout autre.

Et le million de Françaises et de Français qui étaient dans la rue pour fêter l'olympisme et l'esprit des Jeux avaient reconnu cela. Cette unité, chère Laura, vous la portez aussi, c'est pour cela que vous avez aujourd'hui ces responsabilités.

L’unité, c’est aussi celle de la vie politique et des responsabilités et c'est pourquoi ces Jeux nous rassemblent aujourd'hui au-delà des temps, parfois des clivages parce qu'elle doit beaucoup cette victoire, à celles et ceux qui l'ont forgée. Au premier rang desquels le Président François HOLLANDE que je veux ici saluer qui, le premier, a marqué cette volonté de saisir cette occasion d'engager la France, et l'ensemble des différents ministres, dont je salue aussi la présence, qui ont porté cette ambition, porté cette volonté de faire, et bien évidemment c'est aussi vous, Madame le maire de Paris, chère Anne HIDALGO, qui avez décidé d'engager Paris comme ville hôte et de construire aussi sur nos échecs qui avaient parfois laissé des traces. On apprend toujours de nos échecs en portant justement ce flambeau.

Et je veux associer à ces remerciements, le Président Nicolas SARKOZY qui, par son travail, avait préparé aussi la maturité du mouvement sportif, a agi, là où il était, pour aider la position de la France, et aider à convaincre au sein du CIO.

Je tiens à remercier Valérie PECRESSE qui en tant que présidente de la région a constamment accompagné cette candidature avec beaucoup d'énergie, je l'ai vu moi-même à Lausanne et avoir un mot aussi pour Bertrand DELANOË et Jean-Paul HUCHON, qui ont su, eux aussi, construire cette étape-là, préparer et je veux les saluer.

Cette unité politique, c'est celle qui rend la France plus forte, c'est ce qui fait que, au-delà des périodes, des clivages, parfois des différends qu'on peut avoir, l'esprit de l'olympisme est contagieux et c'est ce qui fait que là où beaucoup pensaient que c'était impossible, on le fait, vous l’avez fait.

Cette unité, c'est aussi l'unité géographique qui fait que même si Paris est la ville hôte, ces Jeux seront les Jeux de toute la France, des territoires. Ces Jeux réussissent même à réconcilier Paris et Marseille, ce qui pour certains supporters est parfois difficile, avec des sites olympiques qui montrent que toute la nation sera ainsi mobilisée.

Ces Jeux sont ceux de l'unité aussi entre des partenaires publics et des partenaires privés. Et je pense que c'était un élément très fort de cette candidature, de sa crédibilité et je veux ici remercier les entreprises présentes et qui ont su participer à ce projet.

La deuxième ligne de force de ce qui a fait votre succès, c'est naturellement, je l’évoquais, la place déterminante accordée aux sportifs, des sportifs qui n'ont pas uniquement mis leur notoriété, leur passion, leur attachement à l'olympisme, au service des campagnes de communication. Et ils sont nombreux ici, nous venons de les voir comme Teddy RINER, Marie-José PEREC, Sarah OURAHMOUNE qui était elle aussi avec moi à Lausanne, à avoir apporté leur expertise, leur expérience, leur crédibilité dans leur propre fédération. Avec l'appui du mouvement sportif et de son président Denis MASSEGLIA, que je veux aussi saluer, fort de l'expérience de Guy DRUT, et dans sa neutralité, captif de membres du CIO que je veux aussi saluer parce qu'il a été d'un conseil précieux, instruit par l'expérience de ceux qui nous avaient fait gagner et porter Albertville. Je veux ici saluer notre ami KILLY et notre ami Michel BARNIER qui avaient beaucoup fait à ce moment-là, pour que la France réussisse ces Jeux d'hiver. Tout le mouvement sportif s'est uni autour de vous, Messieurs, et je veux vraiment vous remercier, cher Tony ESTANGUET, cher Bernard LAPASSET, parce que vous avez construit avec patience et finesse.

Vous avez réussi à faire taire les grincheux, ceux qui disaient que c'était trop cher, que nous n'étions pas faits pour cela, que nous n'étions pas prêts une fois encore, que nous n'avions pas la crédibilité, que ce n'était pas notre tour ou que sais-je, il y en aura encore des grincheux. Je me sens dans l'obligation de vous le dire ! Si vous pouviez prendre votre part, cela me soulagerait. Mais vous avez, avec beaucoup de fierté, porté ce goût de la conquête, de la liberté, de la réussite, mais aussi de ce qui est une image de la France.

Vous n’avez pas proposé, vous - mouvement sportif et ville de Paris avec l'appui de l'ensemble des services de l'Etat -, des Jeux qui ressemblaient aux autres. Non c'était une candidature atypique et qui correspondait aux valeurs de l'olympisme qui était parfaitement cohérente avec l'agenda que s'était fixé le CIO et c'est pour cela qu'elle a été retenue. Je veux vraiment ici vous dire un immense merci mais ces remerciements chaleureux, nourris, partagés par tous doivent nous conduire à, en quelque sorte, non plus préparer la victoire pour obtenir les Jeux mais maintenant pour les organiser et le temps qui s'ouvre, c'est celui de la construction pour les sept ans qui viennent, eh bien, de la réussite, non pas de la candidature mais des Jeux de 2024.

Et pour conclure, c'est de cela dont je veux vous dire quelques mots.

Il y a pour moi trois clés à la réussite de ces Jeux pour 2024 et je me porte garant, à ce titre que l'Etat sera au rendez-vous de toutes les exigences et les engagements qu'il a pris à l'égard des uns et des autres.

Le premier point essentiel est que nos concitoyens puissent mesurer l'utilité sociale et économique de cette manifestation pour tout le pays, c'est que les Jeux soient les Jeux de tous, de tous les territoires, de tous les secteurs. C'est que ces Jeux ne soient pas simplement des chiffres qui sont importants pour démontrer cette force ; 10 milliards d'euros de retombées potentielles, près de 250 000 emplois ou 5 000 nouveaux logements. Non, cela va au-delà de ces chiffres. Que ces Jeux puissent être en quelque sorte l'instrument, le ferment d'une transformation profonde du pays.

Une personne ayant un handicap par exemple doit pouvoir se dire que grâce aux Jeux paralympiques, le regard de ses amis, de son employeur va changer et je sais, Madame la secrétaire d'Etat au Handicap, que c'est un point important de votre feuille de route.

Je veux que par ces Jeux, la place que le sport a à l'école puisse aussi changer et soit un des leviers de l'émancipation collective et de la place que chaque enfant peut trouver et c'est aussi pour ça que ça doit pleinement intégré le projet éducatif que nous portons.

Je veux que par ces Jeux chaque territoire, Monsieur le ministre, puisse trouver, sa place, sa part de fierté. Qu’un habitant de Seine-Saint-Denis doit pouvoir clairement ressentir l'effet des jeux sur son cadre de vie, la perception que la Nation a sur lui. Et à ce titre, je l'évoquais par votre présence, Madame la présidente de région, je crois que l'une des forces de ce projet était justement de faire la couture entre la capitale - Paris, qui réussit dans la mondialisation, qui porte l'innovation, la réussite académique et entrepreneuriale - avec le territoire le plus jeune, le plus innovant ; un territoire qui, si on en listait les caractéristiques objectives, pourrait être comparé à la Silicon Valley (le plus de jeunes, le plus de jeunes issus de l'immigration, le plus d'entreprises créées), la Seine-Saint-Denis qu'on présente trop souvent comme un territoire captif de ses propres difficultés, ce qui n'est plus vrai.

Eh bien, ces Jeux seront aussi une occasion de cette réussite. Ce qui doit nous animer dans l'action que nous mènerons en concertation avec l'ensemble des élus locaux concernés, c'est précisément être utile, être concret et que chacun ait sa part de réussite économique, sociale, éducative, territorialle à travers ces Jeux.

Ensuite, notre réussite passera par une maîtrise parfaite des budgets, des délais, de l'organisation, je ne veux là doucher aucun enthousiasme, aucun espoir mais beaucoup des oppositions aux Jeux se nourrissent des échecs de certains qui, ayant gagné une candidature, ont échoué à organiser les Jeux ou à en tirer tous les bénéfices, ont parfois mis leur pays dans les plus grandes difficultés. L'Etat tiendra sur ces points, cher Tony, l'ensemble, je le disais, ses engagements mais sera vigilant à tous les délais, à toutes les contraintes. C'est pourquoi dès hier, nous avons nommé un délégué interministériel aux Jeux Olympiques et paralympiques, Jean CASTEX, qui coordonnera l'ensemble des services de l'Etat et qui, alors même que vous, vous célébriez une victoire est en train de réaliser que lui a peut-être beaucoup de soucis ! Et donc dans les mois et les années qui viennent, c'est Jean CASTEX qui aura à coordonner ce travail essentiel.

Dans les six mois, comme annoncé, nous adopterons une loi olympique pour nous assurer justement d'être les plus opérationnels et efficaces possible et tous les ministres sont déjà pleinement mobilisés autour du Premier ministre pour que leur feuille de route soit tenue suivant ces objectifs.

Enfin, ces Jeux doivent nous permettre de faire de la France une vraie nation sportive. Le sport, je le disais, c'est un outil d'émancipation, d'apprentissage de la vie. Ca n'est ni qu'un secteur d'activité ni qu'une pratique mise dans un coin ; cela fait partie de ce qui fait rêver notre jeunesse, de ce qui la mobilise, de ce qui permet à quelqu'un de trouver sa place aussi dans la vie, c'est un des instruments de l'autonomie et de l'émancipation.

Et à ce titre, je veux que nos clubs sportifs, nos écoles irriguent l'ensemble de nos villes, nos quartiers, nos campagnes et que le sport puisse prendre une place essentielle de notre projet de société. Ces Jeux olympiques et paralympiques de 2024, ça n'est donc pas simplement une compétition sportive. C’est bien une occasion de porter cette mission au cœur même du projet de transformation de la société. C'est votre mission, chère Laura FLESSEL !

Nous emploierons pour tout cela une méthode, la concertation et la confiance avec l'ensemble des territoires, avec le mouvement sportif et nos fédérations afin qu'elles gagnent en autonomie et en responsabilité, comme nous l'avions fait pour la candidature. Je m'y étais engagé, nous réformerons donc le modèle sportif français, sa gouvernance, son mode de financement pour le rendre plus agile, plus efficace parce que c'est aussi l'une des conditions de réussite de cette aventure.

Enfin, ces Jeux olympiques et paralympiques, ce seront des émotions, des victoires, alors je ne me risquerai pas au jeu des pronostics ou des objectifs, j'ai noté que le président MASSEGLIA avait déjà fixé 24 médailles d'or et que Madame la ministre, vous aviez souhaité doubler le score de Rio. Ce sont de beaux objectifs, je resterai prudent. Mais nous devons être volontaristes et vous avez raison, cela doit être une mobilisation pleine et entière de l'excellence de chacune des fédérations mais au-delà, ce que nous devons réussir, c'est aussi l'héritage de ces Jeux et je sais que vous êtes particulièrement, Madame la maire, attachée à cela et je le suis aussi. C’est que ces jeux laissent dans la durée leurs traces, leurs traces en termes de transformation des territoires qui seront impliqués, leurs traces dans les esprits, dans la société et je veux que cette génération de 2024 qui est présente aussi ici ce soir ait bien entendu des souvenirs de formidables victoires comme vous pouvez, cher Teddy, en avoir comme vous venez de l'évoquer mais que sa vie ait aussi changé par les Jeux.

Alors il y a avec nous ce soir, plusieurs jeunes suivis par « Sport dans la ville » à Sarcelles, les champions du monde de 2017, certains des jeunes du CREPS d'Île-de-France et de l'INSEP vous tous et toutes, vous serez ceux qui gagnerez des médailles en 2024. Il y en aura peut-être qui continueront à gagner des médailles, je crois que Teddy RINER a cette ambition, donc il faudra là aussi être vigilant. Mais c'est pour votre génération que cette aventure se fait et donc c'est aussi à vous d'en prendre votre part, d’y trouver votre place et de cela aussi, je serai le garant.

Voilà, Mesdames et Messieurs, aujourd'hui, c'est fêter votre victoire ; c'est vous dire combien je suis fier de ce que vous avez fait à travers le temps et par cette unité mais c'est vous dire aussi qu'il nous reste énormément de travail pour qu'au-delà de cette candidature maintenant obtenue, nous puissions organiser et pleinement gagner tous ensemble ces Jeux de 2024 parce que ce sont les valeurs de l'olympisme, parce que ce sont les valeurs de la République, parce que vous l'avez mérité !

Vive la République et vive la France !

Ce vase est un vase qui date de 1924 et qui était remis et c'est aussi l'un des savoir-faire français et signe de l'excellence puisque c'est ce que nous continuons aujourd'hui, messieurs les présidents le savent bien, parfois à remettre à nos homologues étrangers, ce vase donc en 1924 était remis au vainqueur et ça n'est pas le moindre des symboles, il est aujourd'hui conservé par le Musée de la Ville de Paris et donc je voulais, cher Tony, que nous vous le remettions avec madame la maire de Paris comme le symbole de cette continuité entre 1924 et 2024. Vous lui donnerez sa place au milieu du village olympique ; c'est le poids des années et de la transmission, au-delà de la réussite qui est la vôtre.

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