25 août 2017 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration conjointe d'Emmanuel Macron et de Roumen Radev, Président de la République de la Bulgarie

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI.

Merci beaucoup Monsieur le Président, je vous remercie et vous dis combien je suis heureux d’être parmi vous aujourd’hui, pour cette journée de travail et d’amitié. Comme vous l’avez souligné, cela fait aujourd’hui 10 ans qu’un Président de la République n'était pas venu dans votre pays, 10 ans c’est trop et notre souhait à l’un et à l’autre, c’est bien de redonner une vitalité à la relation entre nos deux pays.

Vous avez parfaitement rappelé la nature de nos discussions sur le plan bilatéral. Nous avons aujourd’hui une relation intense qui repose sur les échanges de personnes, d’élèves, d’étudiants. Le lien est créé aussi par la francophonie que nous allons continuer à maintenir, également par la présence économique forte mais encore à développer entre nos deux pays. En matière industrielle, de politique de défense, de numérique aussi, je souhaite que nos relations puissent encore s’intensifier. Il y a plusieurs discussions en cours, plusieurs situations industrielles que vous avez rappelées et qui sont en train d’évoluer favorablement.

Et cette visite a aussi pour objet de vous dire que nous sommes pleinement mobilisés pour que sur l’ensemble de ces sujets, les entreprises françaises soient davantage présentes, que les projets de création d’usines dans votre pays, de développement de contrats puissent se faire, c’est la volonté qui est la mienne. Cette coopération bilatérale s’appuie enfin sur des relations que nous allons intensifier, entre nos administrations, nos armées, nos experts, également en vue de la préparation de la présidence bulgare de l’Union européenne. Et sur tous ces points, je pense que les très bonnes relations qui existent par exemple – et vous pouvez en témoigner – entre nos armées peuvent encore être améliorées pour aller plus loin dans la qualité de la relation bilatérale.

Cette relation s’appuie évidemment également sur nos projets européens communs ; et ce cadre qui est le nôtre aujourd’hui dans l’Union européenne. Nous avons ainsi évoqué les sujets de court-terme sur lesquels ensemble, nous pouvons faire avancer les choses. Et pour aller dans le sens d’une Europe qui protège davantage nos concitoyens et qui, de manière très concrète, répond davantage à leurs attentes. Et à ce titre, je dois dire que nous avons dans nos échanges une vraie convergence de vue sur trois sujets essentiels. Le premier, vous l’avez évoqué, c’est la question de la révision de la directive travailleurs détachés et je veux vous remercier pour les propos très clairs que vous venez de tenir contre le dumping social et pour qu’ensemble, nous puissions œuvrer à une Europe de la convergence sociale et fiscale.

Et vous avez parfaitement rappelé la finalité qui est derrière cette révision, pour l’ensemble de nos pays c’est que nos travailleurs vivent mieux, soient mieux rémunérés et que les standards de qualité de vie dans l’ensemble de nos pays soient améliorés. Et donc merci pour vos propos très clairs sur cet aspect.

Sur la défense, c’est le deuxième point de convergence, Monsieur le Président est plus expert que moi compte tenu de ses qualifications et responsabilités anciennes. Nous avons je crois là aussi une vraie volonté d’avancer ensemble. Je souhaite que nos deux pays puissent travailler techniquement dans les prochaines semaines et les prochains mois, dans le cadre de la coopération structurée permanente qui a été décidée en juin dernier ; et que sur le plan des coopérations opérationnelles, des choix capacitaires, nous puissions avancer ensemble pour davantage intégrer nos modèles de défense.

Et là aussi sur ce sujet depuis tant d’années, nous n’osions plus parler d’une Europe de la défense, maintenant non seulement nous devons en parler mais nous devons avoir une approche très pragmatique. Nous avons évoqué la situation géopolitique de la Bulgarie et combien il est important que cette Europe de la défense corresponde justement aux réalités géopolitiques que vous vivez. Je considère que c’est notre responsabilité et qu’aujourd’hui, ce que nous devons définir ensemble ce sont les voies et moyens pour protéger notre continent et votre pays face à toutes les menaces qui peuvent exister.

Enfin le troisième point de court-terme sur lequel, je crois, nous avons un véritable accord, c’est le sujet des migrations et des contrôles. Nous devons revoir la réglementation européenne qui aujourd’hui régit ces sujets, tant elle a été mise en défaut en 2015 au moment de la crise migratoire ; et il est essentiel que nous puissions accélérer, clarifier les discussions en matière de protection extérieure des frontières, de gestion commune de l’asile et de tout ce qui renforcera notre capacité commune à répondre au défi migratoire. Deuxièmement, nous sommes aussi d’accord pour dire que la Bulgarie a répondu à l’ensemble des attentes et des critères qui avaient été fixés pour intégrer l’espace Schengen. Et mon souhait est que nous puissions réviser rapidement en profondeur l’ensemble de ces règles ; et que la Bulgarie soit pleinement associée à cette révision pour devenir membre à part entière du nouveau Schengen que nous devons faire émerger dans les prochains mois.

Enfin, nous avons évoqué nos convergences de vue sur les projets à venir en matière de refondation de l’Union européenne. Je souhaite en effet prendre des initiatives concrètes et fortes avant la fin de l’année sur ce sujet. Et nous avons donc couvert l’ensemble des éléments stratégiques de cette initiative ; et je veux ici dire la convergence de vue qui existe entre nous et mon souhait d’associer pleinement la Bulgarie dans cette initiative.

L’Union européenne doit en effet savoir donner des perspectives d’intégration claires et concrètes aux pays des Balkans occidentaux. Et je partage votre point de vue sur ce sujet, je souhaite que notre Union européenne, comme une communauté de valeurs et d’intérêts, puisse ancrer les Balkans occidentaux dans ce qu’elle est aujourd’hui.

Et nous avons aussi besoin de renforcer l’intégration, les avancées, la capacité à apporter les réponses concrètes, comme celles que nous évoquions il y a un instant, à nos concitoyens. Nous avons aussi besoin d’avoir un cœur d’Europe qui avance plus vite, de manière plus forte et, donc, de définir d’ici la fin de l’année les lignes de force de cette feuille de route, de pouvoir se concerter plus démocratiquement avec nos opinions publiques et avancer ensemble.

Et à cet égard, je souhaite que nos deux pays travaillent pleinement main dans la main. Vous avez rappelé tous les efforts faits par la Bulgarie pour rentrer dans la zone euro, mon souhait c’est que la Bulgarie soit un partenaire de cette redéfinition, avec des cercles de convergence dans lesquels vous aurez une part pleine et entière.

Nous sommes ici dans ce lieu magnifique, Mesdames et Messieurs, à un peu plus de deux heures de la Crimée, un peu plus de deux heures de la Turquie. Ce qui vous montre combien nous sommes ici au cœur des réalités géopolitiques et des enjeux extérieurs de l’Europe.

C’est ce qui rend parfaitement tangible la force, la nécessité de la relation entre nos deux pays. Et Monsieur le président RADEV, je veux encore vous remercier pour l’échange que nous avons eu, l’accueil que votre épouse et vous-même nous avez réservé aujourd’hui dans votre pays.

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers