8 juillet 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Transcription de la déclaration conjointe d'Emmanuel Macron et de M. Malcolm Turnbull, Premier ministre Australien.

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI.

Bienvenue, je suis ravi que nous ayons l'opportunité d’un échange et d’un dîner avec nos équipes respectives dans quelques instants après ce G20 dont nous revenons.

Je vous dois une confidence : pour qui, comme mon épouse et moi, est né à Amiens, l'Australie n'est pas un partenaire comme les autres parce que sans l’Australie durant la Première Guerre mondiale et sans le courage des jeunes soldats australiens, la vie n'aurait sans doute pas été la même.

Et donc quand on parle d’ANZAC Day, si fondateur pour notre votre nation et notre relation et du combat qui a été menée à Villers-Bretonneux par vos soldats il y a près d'un siècle, cela a une signification toute particulière et intime, en tout cas pour notre part.

Et donc ce lien, c'est aussi celui qui nous dépasse et celui qui fait qu'à travers ce sacrifice qui a été fondateur pour votre nation et pour la nôtre, il y a quelque chose de très particulier entre nos pays.

Nous avons ensemble passé deux jours au G20, je crois pouvoir dire que sur tous les grands défis contemporains, nos deux pays se trouvent côte-à-côte. Sur le sujet de la lutte contre le terrorisme, la France et l'Australie partagent des visions extrêmement communes faites d'un grand réalisme et d'un grand pragmatisme et je crois que notre G20 a permis de vraies avancées et je sais que, qu'il s'agisse de la lutte la propagande sur Internet comme du contrôle des flux financiers, nous avons défendu la même vision des choses, jamais réductrice mais en tout cas toujours exigeante.

C’est la même vision qui nous unit, d'ailleurs, dans le cadre de la coalition contre Daech où nos deux pays sont impliqués ; l'Australie est un partenaire majeur dans cette coalition, puisque nous nous battons ensemble au Levant pour frapper justement le mal à la racine avec d'ailleurs des relations militaires, de renseignements qui sont, je crois pouvoir le dire ici exemplaires.

C'est la même convergence de vues qui nous a unis sur les sujets commerciaux et le commerce et l'économie internationale et qui d'ailleurs est au cœur de la relation bilatérale qui nous unit, j'y reviendrai et c'est la même convergence que nous avons retrouvée sur le sujet du climat où je sais que vous avez tout particulièrement d'ailleurs durant tout le long de votre carrière politique eu le sens des responsabilités, pris des engagements forts et à ce titre, je veux vraiment remercier l'Australie à la fois du rôle qu'elle a joué au moment de la COP21, en portant l'accord, en le ratifiant et par les initiatives très concrètes que vous êtes en train de prendre en lançant avec nous des initiatives sur la prévention des catastrophes naturelles, sur la protection des océans et en réaffirmant cet engagement qui, là encore, est un engagement ambitieux mais je crois pouvoir dire aussi très pragmatique parce que l'un et l'autre, nous voulons développer l'économie de notre pays mais nous sommes convaincus que c'est la voie la plus pertinente pour le faire.

J'ai écouté également durant ce G20 et dans l'échange que nous avons eus ensemble au retour le Premier ministre sur l'Asie Pacifique, zone évidemment dans laquelle l'Australie est un acteur de tout premier plan mais qui est importante pour nous aussi, compte tenu de nos territoires ultramarins et de notre présence dans la région et cette zone qui est aujourd'hui la plus dynamique au monde, elle a largement bénéficié de la liberté de circulation de la primauté du droit et c'est aussi cet attachement qui est le nôtre et c'est ce leadership que porte l'Australie. Et mon souhait est d'ailleurs que, ensemble, dans la région, nous puissions faire davantage, en tout cas que nous puissions essayer à vos côtés d'y contribuer et c'est ce dont nous allons parler dans quelques instants.

Enfin, la relation bilatérale qui unit nos deux pays, au-delà de l'histoire que j'évoquais, c'est aussi celle d'une intensité dans la relation économique qui n'a jamais, je crois pouvoir le dire, connu une telle intensité et c'est le fruit de vos décisions, d'un choix qui est à la fois national et avec des conséquences internationales pour ce qui nous concerne, celui de développer véritablement une autonomie stratégique, de construire des sous-marins de classe océanique pour bâtir une industriel australienne justement souveraine et pérenne et pas simplement, si je puis dire, un contrat.

Et c'est le choix que vous avez fait en lançant cet appel d'offres, il y a plusieurs années, maintenant, en le concluant et je m'en félicite, avec des entreprises françaises, DCNS en particulier devenu NAVAL GROUP.

Plusieurs entreprises françaises sont évidemment inclues dans ce projet et vous irez demain à Cherbourg avec la ministre des Armées pour visiter les chantiers navals, inaugurer le bureau australien sur le site.

Je veux vous dire combien j'ai conscience à travers ce choix qui honore l'industrie française et plus largement le savoir-faire français, civil et militaire en la matière, combien je mesure que nous avons destin lié parce que c'est un choix pour ma part que je vis comme un choix stratégique, un vrai partenariat et la volonté de construire une histoire commune dans ce secteur et je ne peux le lire qu'en écho avec le passé qui est le nôtre.

Et je veux vraiment vous dire ici qu'en tout cas en tant que président de la République, je ferai tout pour que nous prenions les dispositions nécessaires pour être évidemment à la hauteur des exigences de ce contrat, mais plus largement, vous accompagner dans ce partenariat stratégique.

Nous avons plus de 600 entreprises françaises qui sont implantées en Australie dans les transports urbains, les énergies renouvelables et ce sont aussi tous ces secteurs que je veux qu'ensemble nous puissions développer tout en développant également la présence australienne en France et en Europe et vos investissements.

L’Australie est un pays qui fascine les jeunes talents européens et français ; je continuerai à les encourager, mais je les encouragerai aussi, Monsieur le Premier ministre, à revenir parce que la France a besoin de cette énergie mais cela montre la proximité, cette volonté de nos jeunesses de communiquer et je me félicite qu'il y ait une communauté française qui soit extrêmement énergique, positive dans votre pays, parce qu'elle montre le visage qui est le vôtre ici.

Enfin pour conclure, je crois qu'il existe un proverbe aborigène qui dit que ceux qui ont cessé de rêver sont perdus ; je crois pouvoir dire qu'à un moment où beaucoup de gens doutent, où beaucoup de gens considèrent que rêver est devenu trop compliqué ou peut-être nécessaire pour le lendemain ou le surlendemain mais qu'il faut d'abord s'occuper des petites affaires quotidiennes ou céder au cynisme, nous, nous avons décidé de rêver, de rêver ensemble et donc j'ai bonne confiance dans notre avenir commun et je crois que nous ne sommes pas perdus !

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