21 juin 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Transcription de la déclaration du Président de la République lors du dîner officiel avec M. Juan Manuel SANTOS, Président de la République de Colombie.

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs les Ministres, Parlementaires, chefs d’entreprise, universitaires, artistes,

Mesdames et Messieurs,

Chers amis,

Bienvenidos a todos. Bienvenidos a su casa.

C’est pour moi, une joie pour nous, avec mon épouse, une joie de vous accueillir, président Juan Manuel SANTOS, et votre épouse, ainsi que l’ensemble de la délégation colombienne. Non pas parce que nous sommes aujourd’hui le jour le plus long, non pas parce que nous serions aujourd'hui sans doute le jour le plus chaud de l’année, ni même parce qu’il s’agit de la Fête de la musique, comme vous avez pu le constater – je remercie notre orchestre, ce soir, d’être à nouveau présent – mais vous avez pu tout à l’heure constater la force de la coopération entre nos deux pays, à travers cette musique qu’ils ont jouée, vos airs qu’ils ont joués avec de jeunes musiciens colombiens.

Cher Juan Manuel, ce n’est pas la première fois que vous êtes reçu à l’Elysée. Mais sachez que vous êtes le premier chef d’Etat que j’accueille en visite officielle depuis mon élection.

Je me réjouis sincèrement que cette première vous soit réservée, et votre accueil à l’Elysée est aussi un hommage que je souhaite rendre à votre engagement personnel, honoré l’an dernier du Prix Nobel de la Paix, à votre pays, dont les progrès vers la paix suscitent une admiration unanime et en font un exemple pour le reste du monde. Vous avez réussi ce qu’il y a de plus dur, vous êtes en train de réussir ce qu’il y a de plus dur : gagner la paix, la construire dans la durée ; c’est beaucoup plus difficile que de gagner quelle que guerre que ce soit.

Mais vous avez fait le pari de l’intelligence, de la durée, du respect mutuel, et c’est en cela que nous sommes et serons à vos côtés. Vous recevoir aujourd'hui, c’est aussi rendre hommage à l’extraordinaire dynamisme de l’amitié franco-colombienne. A l’heure où tant de guerres ne semblent jamais vouloir finir, la Colombie est en train de prouver au monde qu’il est possible de tourner le dos à un conflit, aussi ancien et meurtrier soit-il.

Monsieur le Président, vous le savez, la France est à vos côtés dans cet accomplissement historique. Elle l’est depuis le début et nous sommes également présents dans les épreuves que vous traversez. Nous étions samedi dernier à Bogota, alors que cet attentat ignoble meurtrissait nos deux pays dans leur chair. Face à la barbarie de cet acte, j’ai vu aussi les images des Colombiens rassemblés et déterminés à démontrer que la volonté des hommes, des humanistes, peut déjouer le malheur. Gabriel Garcia MARQUEZ écrivait d’ailleurs que « dans le malheur, l’amour devient plus grand et plus noble ».

 

Monsieur le Président, soyez assuré que nos liens sortent grandis de cette terrible épreuve. Nous vous avons accompagné dans votre choix du dialogue pour dépasser les haines et la violence. Nous sommes prêts aujourd'hui à vous aider à consolider la paix. Le défi, vous le savez mieux que quiconque, est immense. Les difficultés ne manqueront pas. Et le peuple colombien pourra compter sur l’amitié et le soutien de la France. La France a toujours été là lorsque la liberté ou la paix ont été menacées dans votre pays. Et nous le rappelions tout à l’heure, évoquant votre grand-père et son lien avec Albert CAMUS. Les intellectuels français, quand les politiques n’étaient pas au rendez-vous, ont su être là, vous accompagner, le dire et sauver la liberté.

Aujourd’hui, la Colombie est devenue l’un des tout premiers partenaires de la politique française de développement. Dans le monde, la France est une alliée active de la Colombie, au sein de l’Union européenne comme du Conseil de sécurité des Nations unies. Nos coopérations sont nombreuses, depuis la lutte contre la criminalité organisée et contre la drogue, jusqu’à la défense de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique. Dans tous ces domaines, la France et la Colombie ont beaucoup à apporter au monde.

Mais lorsque j’évoque le dérèglement climatique, comment ne pas avoir une pensée pour les victimes du drame de Mocoa en avril dernier, qui a encore souligné la vulnérabilité de nos sociétés face à ces risques. Ce constat renouvelé exige de nous un engagement sans faille. Et à l’heure où certains choisissent de se dérober face à cette responsabilité, je tiens à féliciter la Colombie qui vient de ratifier l’Accord de Paris. Ce combat, nous le mènerons ensemble, c'est un combat qui est vital pour nos deux pays.

Enfin, votre venue en France s’inscrit dans le contexte du dynamisme sans précédent de notre relation bilatérale. Les visages amis qui me sont familiers, présents dans cette salle, le nombre de responsables d’entreprise témoignent à eux seuls l’importance de la Colombie pour l’économie française, pour tous ces groupes, et la force de cette relation.

Jamais nos échanges n’ont été aussi intenses, nos échanges économiques et commerciaux ont doublé depuis dix ans. La France est, je crois, le premier employeur non-colombien en Colombie. Mais c’est aussi l’échange spirituel, civilisationnel qui unit nos deux pays. nos échanges humains, culturels, scientifiques, universitaires et l’importance du monde de la Recherche réuni ici en apporte aussi le vibrant témoignage, ce sont ces ponts de savoir, de connaissances, de femmes et d’hommes, dans tous les secteurs, qui font notre vie culturelle et universitaire, qui constituent au présent la force de notre relation, mais qui garantissent aussi sa vitalité dans l’avenir en formant les plus jeunes et en tressant les connaissances mutuelles entre nos deux pays.

Tout comme l’illustre le succès de l’année France-Colombie pour 2017, pour lequel je tiens à remercier les commissaires, leurs équipes, les mécènes, et je ne doute pas que la saison de la Colombie en France, que nous lancerons ensemble dans deux jours à la Philharmonie de Paris sera une réussite.

J’ai cité, Monsieur le Président, tout à l’heure, les mots d’un célèbre écrivain colombien, et je souhaiterais, pour terminer, faire référence à un Colombien de cœur présent parmi nous ce soir, Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education nationale, publiait il y a quinze ans, un ouvrage remarquable intitulé « Las dos Colombias » qui soulignait les tiraillements d’un pays à la fois ouvert au monde et entravé par le conflit et la violence. Grâce à votre engagement, grâce à votre persévérance, Monsieur le Président, il n’y aura plus deux Colombies, mais une seule, belle, fière, prête à relever les défis à venir, face auxquels elle trouvera toujours à ses côtés la France.

Viva Colombia ! Vive la France ! Et vive l’amitié France Colombie !

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