4 novembre 2011 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les relations franco-américaines, à Cannes le 4 novembre 2011.

Monsieur le président des États-Unis, cher Barack OBAMA,
Monsieur le Maire de Cannes,
Mesdames et Messieurs les élus,
Soldats d'Amérique et soldats de France, il y a 230 ans, presque jour pour jour, sur les côtes américaines de Virginie, à près de 7 000 kilomètres de cet hôtel de ville de Cannes, quelque 20 000 combattants américains et français contraignaient le colonisateur à la reddition sur la presqu'île de l'Yorkton. Au terme d'une audacieuse opération conduite sur terre par le Général Washington et les Généraux français Rochambeau et Lafayette, et dans la baie de Chesapeake par l'Amiral français de Grasse, un enfant de Provence dont Washington dira « Il fut l'arbitre de la guerre ». Cette victoire décisive allait conduire au triomphe de la Révolution et de l'indépendance américaine. Cette victoire scella à jamais l'amitié entre le peuple américain et le peuple français. Il y a un peu plus de 67 ans, sur ces côtes de Provence, deux mois après l'opération en Normandie, des centaines de milliers de combattants français et américains débarquaient pour prendre l'ennemi nazi en tenaille.
Cannes était libérée le 24 août, Toulon le 27, Marseille le 28, Lyon le 3 septembre. Paris avait été libéré le 25 août. Et le 23 novembre, le drapeau français flottait sur la cathédrale de Strasbourg. Sur les plages du Var et lors de la campagne de Provence, aux côtés de 7 000 de leurs camarades français tués au combat, 3 000 soldats américains donnèrent leur vie pour que revive la France.
Eh bien, Monsieur le président des États-Unis d'Amérique, la France n'oublie pas. La France n'oubliera jamais. Ces jeunes américains qui sont venus mourir sur la terre de France pour nous libérer, nous leur devons une partie de notre liberté. Et vous pouvez dire en rentrant chez vous, aux États-Unis d'Amérique, au peuple américain, que chaque fois qu'un soldat américain meurt dans une opération, à l'autre bout de la terre, le cur des Français est solidaire de la famille de ce jeune soldat américain qui meurt, parce que ce jeune soldat qui meurt aujourd'hui ressemble à son frère d'arme qui est venu pour mourir pour nous, pour un pays qu'il ne connaissait pas, pour une idée de la liberté qu'il se faisait. Et l'amitié entre les États-Unis et la France s'est construite par le sang, le sang versé côte à côte. Cette amitié s'est construite parce que nos ancêtres, nos aïeux, nos parents, nos grands-parents, ont lutté côte à côte. Monsieur le président, nous sommes les héritiers de cette génération d'hommes et de femmes courageux. La France a été aux côtés des États-Unis d'Amérique au moment de l'indépendance. Et les États-Unis d'Amérique ont été aux cotés de la France quand nous avons été menacés, envahis.
Vous vous êtes battus à nos côtés et c'est pour cela qu'aujourd'hui, je peux dire qu'en tant que chef de l'État français que l'amitié entre la France et les États-Unis d'Amérique, elle est indéfectible, elle est indestructible. Vous avez avec la France un ami solide, un ami indépendant, un ami qui a ses idées, qui a son tempérament, mais un ami indéfectible. Et monsieur le président je voudrais vous dire une chose pour vous ici en France pour nous vous n'êtes pas seulement le président des États-Unis d'Amérique, vous êtes le président OBAMA avec ce que cela représente d'espoir dans le monde, des États-Unis à nouveau aimés, respectés par le monde entier.