14 janvier 2010 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur l'action de la France face au tremblement de terre à Haïti, à Paris le 14 janvier 2010.

Mesdames et Messieurs,
Il y a des tragédies dans l'histoire des nations qui suscitent immédiatement l'effroi en même temps qu'une immense compassion et naturellement un devoir de solidarité. Le tremblement de terre qui a frappé Haïti mardi, le plus violent depuis deux siècles, en fait partie.
Il est trop tôt pour dresser le bilan humain et matériel de cette nouvelle tragédie qui s'est abattue sur ce pays et sur ce peuple, après malheureusement tant d'autres. Mais l'ampleur des secousses, l'étendue des dégâts, les premiers rapports qui nous viennent du terrain laissent visiblement craindre le pire.
En ces moments d'extrême douleur, mes pensées doivent aller vers le peuple haïtien qui fait preuve de beaucoup de courage face à l'implacable adversité de la nature. Mes pensées vont aussi à l'importante communauté haïtienne de France, qui s'est mobilisée de façon exemplaire ces dernières heures. J'ai écrit hier au Président Préval, pour l'assurer de la profonde sympathie du peuple français, que l'histoire, la culture et la langue ont rendu si proche du peuple haïtien.
Je l'ai assuré de la mobilisation des autorités françaises pour: sauver des vies, pour sauver des blessés, pour désincarcérer les personnes prisonnières des décombres et retrouver les disparus.
La France a été la première à réagir : dès hier soir, 70 sapeurs-pompiers de la sécurité civile, des médecins du SAMU et une unité de gendarmerie ont atterri à Port-au-Prince. Ils se sont aussitôt mis au travail pour rechercher des survivants et secourir des blessés. Un nouveau détachement de la sécurité civile accompagné de membres d'ONG est arrivé cet après-midi et est à pied d'oeuvre. Deux autres avions acheminant des renforts sont partis aujourd'hui même et depuis Paris, le centre de crise du Quai d'Orsay a été activé. Il fonctionne 24h/24h pour coordonner le déploiement du dispositif français sur le terrain. Sur place, en dépit du chaos qui règne, notre ambassade s'implique activement dans l'organisation des secours.
A l'heure où je vous parle, nous avons confirmation de la mort de deux de nos compatriotes. Une centaine de nos ressortissants blessés ou en grandes difficultés ont été évacués dans la nuit par des avions militaires français vers la Martinique, pour y être soignés et plusieurs dizaines des 1200 Français de Port-au-Prince sont rassemblés sur le site de l'ambassade et de la résidence de France. Malheureusement, plusieurs de nos compatriotes sont encore portés disparus, sans doute prisonniers des décombres d'édifices qui se sont effondrés. Nos équipes sur place ne ménageront aucun effort pour les localiser et bien sûr leur venir en aide.
Notre devoir est de tout entreprendre pour sauver des vies. Je viens de terminer une réunion avec le Premier ministre et plusieurs des ministres, pour examiner comment vous pouvons acheminer des moyens complémentaires pour venir encore au secours de ce pays martyrisé.
Au terme de cette réunion, j'ai pris les décisions suivantes pour faire face à l'urgence humanitaire :
1) D'autres détachements de la sécurité civile comprenant des équipes de recherche, de déblaiement, des médecins, seront acheminées en Haïti par vecteurs militaires, en plus des équipes déjà sur place dans les heures qui viennent. Ils seront déployés depuis la métropole et depuis les Antilles. Je veux d'ailleurs souligner l'extraordinaire mobilisation des Antilles françaises et sous 48 heures, nous aurons près de 400 personnels de la sécurité civile sur le terrain pour conduire les secours.
2) J'ai demandé au chef d'Etat-major des armées de mobiliser nos moyens militaires. Le bâtiment Francis Garnier est en alerte à Fort de France et va faire route vers Haïti pour y acheminer des engins de terrassement et du fret humanitaire provenant de la métropole. Une nouvelle unité de traitement des eaux va être envoyée sur place, parce qu'il y a des problèmes d'eau potable considérables aujourd'hui sur cette île et le Bâtiment de projection et de commandement Sirocco, actuellement à Dakar, va se diriger vers Port-au-Prince qu'il devrait rejoindre sous quelques jours avec une capacité de 2 plateaux de chirurgie et 50 lits pour les blessés. Nous installerons deux hélicoptères PUMA à son bord pour faciliter les évacuations sanitaires. Des moyens aériens complémentaires vont enfin être mobilisés pour accroître la fréquence des rotations car j'ai bien conscience qu'il faut absolument que l'on évacue nos compatriotes de Port-au-Prince où une maison sur deux a été détruite, qui n'ont plus de quoi se loger. On va les évacuer rapidement vers la Martinique pour les rapatrier en métropole s'ils le veulent et naturellement, nous renforcerons notre dispositif si le besoin s'en faisait sentir.
Mesdames et Messieurs,
Tous nos efforts, aujourd'hui - et c'est normal - sont concentrés sur l'urgence humanitaire et les secours.
De cette catastrophe qui fait suite à tant d'autres, nous devons faire une occasion pour sortir une fois pour toutes Haïti et son peuple de la malédiction qui semble les accabler depuis si longtemps. Haïti n'a pas vocation à être un pays-martyr. Cette nouvelle tragédie peut être la dernière si la communauté internationale se mobilise pour aider ce pays.
Je vais proposer au Président Obama, avec qui j'aurai l'occasion de m'entretenir dans les heures qui viennent, que les Etats-Unis, le Brésil, le Canada et d'autres, prennent l'initiative de convoquer une grande conférence pour la reconstruction et le développement en Haïti. Je vais m'en entretenir avec le Président Lula et le Premier ministre Harper et nous allons travailler étroitement avec l'Union européenne pour mobiliser des moyens très importants et reconstruire ce pays. J'aurai l'occasion de vous donner d'autres éléments dans les jours qui viennent et bien sûr, j'essaierai dès que cela sera possible, lorsque je me rendrai en Martinique, j'avais promis de me rendre à Saint-Domingue, eh bien j'en profiterai bien sûr pour me rendre en Haïti dans les semaines qui viennent de façon à m'entretenir avec le Président Préval et voir comment on peut très rapidement, après cette catastrophe, reconstruire ce pays martyrisé par les évènements que nous venons de connaître.
Je vous remercie.