24 octobre 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les relations euro-asiatiques face aux défis économiques, environnementaux et politiques, à Pékin le 24 octobre 2008.

Mesdames et Messieurs,
Mes premiers mots seront pour remercier, au nom de mes collègues et amis européens, le président chinois, le Premier ministre de Chine pour accueillir cet événement exceptionnel, qui voit la réunion de 43 chefs d'Etat et de gouvernement d'Europe et d'Asie, de 43 pays d'Asie et d'Europe. Après le succès extraordinaire des Jeux Olympiques, voilà donc le rôle de la Chine sur la scène internationale consacré de manière éclatante. Ce rôle et cette place sont parfaitement mérités.
Mesdames et Messieurs, le monde va mal. Il va mal parce qu'il est face à une crise financière sans précédent dans sa gravité, dans sa soudaineté, dans sa violence et dans son déroulement. Le monde va mal parce qu'il est face à une crise du développement et ses conséquences sur l'environnement qui mettent en cause l'avenir même de l'humanité. Le monde va mal parce qu'il y a 900 millions de citoyens du monde qui n'ont pas les moyens de se nourrir. Face à ces défis, nous voici réunis, Asie et Europe, représentant à nous deux les deux tiers de l'humanité et la moitié de la richesse mondiale. La question qui nous est posée : comment l'Europe et l'Asie peuvent-elles ensemble répondre à ces défis considérables ? Ce n'est pas un choix pour nous de travailler ensemble, c'est un devoir. L'Europe a besoin de l'Asie, de sa croissance, de son intelligence, de sa créativité. Et l'Asie a besoin de l'Europe, de sa technologie, de son savoir-faire, de sa stabilité. Cela fait 12 ans que nous nous réunissons. C'est un progrès mais il y en a beaucoup d'autres à faire pour que ces réunions ne soient pas simplement un moment d'échanges, aussi utiles soient-ils, mais un moment de prise de décisions.
La crise financière est partie des Etats-Unis mais cette crise est mondiale. La réponse doit donc être mondiale. Et comme l'a très bien dit le président Barroso, pour le sommet à Washington du 15 novembre, l'Europe présentera un visage uni, des propositions réfléchies et travaillées ensemble. Eh bien, l'Europe souhaite que l'Asie soutienne cet effort pour qu'ensemble, le 15 novembre, nous puissions dire au monde entier que les causes qui ont produit cette crise sans précédent ne se reproduiront pas. Sur le système financier, sur le système monétaire, nous avons besoin d'élaborer des réponses communes.
S'agissant du défi environnemental, l'Europe, avant la fin de l'année prendra des décisions extrêmement ambitieuses. L'Europe ne vient pas dire à l'Asie : faites des efforts. L'Europe vient dire à l'Asie : nous nous appliquons à nous-mêmes des règles encore plus exigeantes que celles que nous vous demandons. Il ne s'agit pas de contester le droit de chacun d'avoir la croissance, d'élever le niveau de richesses de son peuple. Mais l'Europe veut s'inscrire en faux sur une idée fausse : le respect de l'environnement n'est pas contraire à l'aspiration de la croissance.
Et puis, nous souhaitons parler avec vous de tant d'autres sujets. Des questions sociales, nous pensons que la place d'un enfant de 10 ans n'est pas à l'usine mais à l'école. De la question des Droits de l'Homme, dont c'est le 60ème anniversaire. Nous pensons que nulle région du monde n'a de leçon à donner à l'autre mais nous pensons que la dignité humaine n'est pas fonction de l'histoire et de la culture de chacun. Elle est un droit pour chaque être humain sur la terre aujourd'hui. C'est vous dire combien les chefs d'Etat et de gouvernement européen qui sont ici, à Pékin, participent à ce sommet en ayant conscience de notre responsabilité historique. Peut-être que cette crise restera dans l'histoire du monde comme le moment où le monde est rentré dans le XXIème siècle. Nous n'avons pas d'autre choix que celui d'être à la hauteur des défis qui nous sont aujourd'hui présentés à vous, Chers Amis d'Asie, à nous, Chers Amis d'Europe.
Je vous remercie.