23 septembre 2008 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, notamment sur la tolérance en matière religieuse, à New York le 23 septembre 2008.
Mesdames et Messieurs,
Tout d'abord je veux dire au maire de New York que nous sommes au mois de septembre. Il y a sept ans, quand les deux tours de New York se sont effondrées, tous les Français, sans exception, ont été bouleversés. Vous êtes une ville qui a fait l'admiration du monde. Quand vous avez eu des milliers de New-Yorkais morts, tous les Français se sont sentis proches de vous, parce que ce qui vous est arrivé, il y a sept ans, aurait pu nous arriver dans les mêmes conditions. Ce n'est pas New York qui a été visée, c'est la démocratie qui a été visée, c'est la liberté qui a été visée par des barbares qui sont des ennemis communs.
New York a fait l'admiration du monde parce que New York est restée unie, parce que vous avez continué à vivre et parce que vous n'avez pas accepté de renoncer à vos idées. Dans ce combat contre le terrorisme, contre la barbarie, la France sera toujours aux côtés des Etats-Unis.
Quand nous avons eu besoin de vous, vous avez répondu présents. Je voulais vous dire aujourd'hui, à New York, que personne n'a oublié vos souffrances, votre dignité et votre courage.
Je voudrais, Monsieur le Rabbin, vous dire un mot de la France. On a beaucoup parlé de l'antisémitisme en France. Je veux que vous sachiez que quand on insulte un Juif en France, quand on maltraite un Juif parce qu'il est Juif, ce n'est pas l'affaire des juifs de France, c'est l'affaire de toute la France, sans exception. Parce que l'antisémitisme, c'est une tâche sur le drapeau tricolore français.
Monsieur le Rabbin, vous le savez, j'ai engagé une lutte sans merci contre les antisémites et contre les racistes. L'antisémitisme ne s'explique pas, il se combat et il se punit. Quand on essaie d'expliquer l'inexplicable, c'est qu'on s'apprête à excuser l'inexcusable. C'est le combat de la France. Ce combat, je le mènerai sans faiblesse.
Je veux, Monsieur le Rabbin, vous dire autre chose. J'ai beaucoup d'intérêt pour les religions. C'est un domaine personnel même si, à chaque fin de discours, j'aime bien qu'on me dise : "que Dieu vous protège". Honnêtement, je crois en avoir besoin.
Mais je veux que l'on me comprenne bien. En France, il y a mes compatriotes qui sont juifs, d'autres qui sont chrétiens, d'autres qui sont musulmans. En France, je veux que chacun ait les mêmes droits. En France, il n'y a pas une religion qui est supérieure à l'autre. Chacun a le droit de prier et de croire ou de ne pas croire et de ne pas prier. Tous, nous voulons qu'ils soient à égalité.
Si vous venez dans mon beau pays, pas forcément pour y dépenser de l'argent, pour aller au théâtre, écouter de la musique, pour regarder des expositions, vous verrez qu'il y a des églises, qu'il y a des temples, qu'il y a des synagogues et qu'il y a aussi des mosquées. Nous sommes fiers que chacun puisse vivre sa foi dans le respect de tous les autres.
J'ai voulu, d'ailleurs, un gouvernement différent avec des femmes et des hommes qui viennent de tous les horizons. Je veux ici, aux Etats-Unis, le pays de la liberté vous dire qu'une identité humiliée, c'est une identité radicalisée. Nous devons respecter tout le monde.
Dans le pays de la liberté, la France, le pays des Droits de l'Homme, on ne combat pas les terroristes avec les méthodes de terroristes, on combat, les terroristes, avec notre méthode : le respect de l'Etat de droit, le respect des Droits de l'Homme, le respect de la procédure.
Je dis au Rabbin que, quand il invite le Pape à prier dans sa synagogue, il donne un magnifique exemple. C'est comme lorsque le roi d'Arabie Saoudite, gardien des lieux Saints de l'islam, va voir le Très Saint Père pour parler avec lui, il donne le bon exemple.
Tuer au nom des religions du Livre, c'est une absurdité, c'est un scandale.
Nous ne voulons pas la guerre des religions. Nous ne voulons pas la guerre des civilisations. Nous respectons l'islam. Ce n'est pas l'islam l'adversaire, ce sont les fanatiques, nos adversaires. Ce ne sont pas les musulmans, les coupables, ce sont ceux qui les utilisent au service d'une cause qui est celle de la guerre et de la haine. Il ne faut pas faire l'amalgame entre les hommes et les autres. Mais je veux leur dire, avec la même force, que nous acceptons que chacun, sur notre territoire, vive sa religion, mais que nous demandons la réciprocité pour les chrétiens d'Orient. La diversité ne peut pas être bonne chez nous et interdite chez eux.
Je veux terminer par cela. Souvent, on a essayé de mener croisade au service de la démocratie. C'est une bonne intention. Mais parfois, des peuples qui ont une autre tradition que nous disent : "la démocratie, c'est le système qui est le vôtre que vous voulez nous imposer". Nous devons nous battre pour la diversité car la diversité, en Orient, on l'a toujours connue. Et l'Orient est riche si l'Orient reste divers. C'est la raison pour laquelle la France se bat pour l'indépendance du Liban et c'est la raison pour laquelle la France se bat pour la sécurité d'Israël, parce que ce sont les deux pays où il reste de la diversité au Moyen-Orient.
Mes Chers Amis, contrairement aux apparences, je dois rentrer en France, car je n'ai pas à faire uniquement à New York. Mais je veux vous dire une chose, c'est que j'essaye de moderniser mon pays avec le Premier et les ministres du gouvernement qui m'entourent. J'essaye dans la crise que nous connaissons tous, de m'inspirer de ce qui a fait la force des Etats-Unis d'Amérique : le travail, la liberté, la promotion sociale. Tout est possible chez vous. Et je veux que tout devienne possible chez nous aussi.
J'aimerais, avant de partir, vous dire deux dernières choses. Vous êtes les habitants du pays le plus puissant de la planète. Vous avez réussi, ici, quelque chose d'extraordinaire. Mais le monde vous regarde, regardez vous aussi le monde et le monde vous aidera davantage.
Et puis, une deuxième chose que je voudrais vous dire. Quand les affaires vont bien, il est normal que beaucoup de gens gagnent beaucoup d'argent, mais quand les affaires vont mal, il est normal que ceux qui se sont si lourdement trompés en assument les conséquences et les responsabilités. C'est sans doute une faiblesse mais moi, Carla, je n'ai jamais été de gauche. Mais j'aime la justice et ce n'est pas juste que ceux qui nous ont conduits où ils nous ont conduits, n'assument pas les responsabilités qui sont les leurs. La liberté, ce n'est pas la loi de la charité. La liberté, elle ne va qu'avec la responsabilité et croyez bien que, chaque jour, j'en ai conscience moi-même. Quand les choses ne vont pas dans mon pays, mon pays sait à qui le reprocher. Et c'est normal, si je ne veux pas de responsabilité, je n'ai pas à solliciter le monde d'être président de mon pays. Et quand on est le président d'une compagnie, ou président d'une banque, le président d'une association, le représentant d'un culte, on ne peut pas dire : "cela ne va pas, ce n'est pas ma faute". C'est forcément la faute de celui qui est le chef au moment où l'échec se produit, car celui-là même qui refuse l'échec aurait été le premier à demander la récompense du succès, si le succès avait été au rendez-vous.
Mes Chers Amis, il y a un pays qui s'appelle la France, qui a 64 millions d'habitants et qui vous aime beaucoup, vous, les Américains. Quand nos enfants regardent où ils veulent aller, ils disent, bien souvent, en premier les Etats-Unis, et spécialement New York. Quand on a un tel pouvoir d'attraction, il faut absolument que vous contribuiez à être, par votre réalité, à la hauteur du rêve que nous avons projeté sur les Etats-Unis d'Amérique.
Je vous remercie.
Tout d'abord je veux dire au maire de New York que nous sommes au mois de septembre. Il y a sept ans, quand les deux tours de New York se sont effondrées, tous les Français, sans exception, ont été bouleversés. Vous êtes une ville qui a fait l'admiration du monde. Quand vous avez eu des milliers de New-Yorkais morts, tous les Français se sont sentis proches de vous, parce que ce qui vous est arrivé, il y a sept ans, aurait pu nous arriver dans les mêmes conditions. Ce n'est pas New York qui a été visée, c'est la démocratie qui a été visée, c'est la liberté qui a été visée par des barbares qui sont des ennemis communs.
New York a fait l'admiration du monde parce que New York est restée unie, parce que vous avez continué à vivre et parce que vous n'avez pas accepté de renoncer à vos idées. Dans ce combat contre le terrorisme, contre la barbarie, la France sera toujours aux côtés des Etats-Unis.
Quand nous avons eu besoin de vous, vous avez répondu présents. Je voulais vous dire aujourd'hui, à New York, que personne n'a oublié vos souffrances, votre dignité et votre courage.
Je voudrais, Monsieur le Rabbin, vous dire un mot de la France. On a beaucoup parlé de l'antisémitisme en France. Je veux que vous sachiez que quand on insulte un Juif en France, quand on maltraite un Juif parce qu'il est Juif, ce n'est pas l'affaire des juifs de France, c'est l'affaire de toute la France, sans exception. Parce que l'antisémitisme, c'est une tâche sur le drapeau tricolore français.
Monsieur le Rabbin, vous le savez, j'ai engagé une lutte sans merci contre les antisémites et contre les racistes. L'antisémitisme ne s'explique pas, il se combat et il se punit. Quand on essaie d'expliquer l'inexplicable, c'est qu'on s'apprête à excuser l'inexcusable. C'est le combat de la France. Ce combat, je le mènerai sans faiblesse.
Je veux, Monsieur le Rabbin, vous dire autre chose. J'ai beaucoup d'intérêt pour les religions. C'est un domaine personnel même si, à chaque fin de discours, j'aime bien qu'on me dise : "que Dieu vous protège". Honnêtement, je crois en avoir besoin.
Mais je veux que l'on me comprenne bien. En France, il y a mes compatriotes qui sont juifs, d'autres qui sont chrétiens, d'autres qui sont musulmans. En France, je veux que chacun ait les mêmes droits. En France, il n'y a pas une religion qui est supérieure à l'autre. Chacun a le droit de prier et de croire ou de ne pas croire et de ne pas prier. Tous, nous voulons qu'ils soient à égalité.
Si vous venez dans mon beau pays, pas forcément pour y dépenser de l'argent, pour aller au théâtre, écouter de la musique, pour regarder des expositions, vous verrez qu'il y a des églises, qu'il y a des temples, qu'il y a des synagogues et qu'il y a aussi des mosquées. Nous sommes fiers que chacun puisse vivre sa foi dans le respect de tous les autres.
J'ai voulu, d'ailleurs, un gouvernement différent avec des femmes et des hommes qui viennent de tous les horizons. Je veux ici, aux Etats-Unis, le pays de la liberté vous dire qu'une identité humiliée, c'est une identité radicalisée. Nous devons respecter tout le monde.
Dans le pays de la liberté, la France, le pays des Droits de l'Homme, on ne combat pas les terroristes avec les méthodes de terroristes, on combat, les terroristes, avec notre méthode : le respect de l'Etat de droit, le respect des Droits de l'Homme, le respect de la procédure.
Je dis au Rabbin que, quand il invite le Pape à prier dans sa synagogue, il donne un magnifique exemple. C'est comme lorsque le roi d'Arabie Saoudite, gardien des lieux Saints de l'islam, va voir le Très Saint Père pour parler avec lui, il donne le bon exemple.
Tuer au nom des religions du Livre, c'est une absurdité, c'est un scandale.
Nous ne voulons pas la guerre des religions. Nous ne voulons pas la guerre des civilisations. Nous respectons l'islam. Ce n'est pas l'islam l'adversaire, ce sont les fanatiques, nos adversaires. Ce ne sont pas les musulmans, les coupables, ce sont ceux qui les utilisent au service d'une cause qui est celle de la guerre et de la haine. Il ne faut pas faire l'amalgame entre les hommes et les autres. Mais je veux leur dire, avec la même force, que nous acceptons que chacun, sur notre territoire, vive sa religion, mais que nous demandons la réciprocité pour les chrétiens d'Orient. La diversité ne peut pas être bonne chez nous et interdite chez eux.
Je veux terminer par cela. Souvent, on a essayé de mener croisade au service de la démocratie. C'est une bonne intention. Mais parfois, des peuples qui ont une autre tradition que nous disent : "la démocratie, c'est le système qui est le vôtre que vous voulez nous imposer". Nous devons nous battre pour la diversité car la diversité, en Orient, on l'a toujours connue. Et l'Orient est riche si l'Orient reste divers. C'est la raison pour laquelle la France se bat pour l'indépendance du Liban et c'est la raison pour laquelle la France se bat pour la sécurité d'Israël, parce que ce sont les deux pays où il reste de la diversité au Moyen-Orient.
Mes Chers Amis, contrairement aux apparences, je dois rentrer en France, car je n'ai pas à faire uniquement à New York. Mais je veux vous dire une chose, c'est que j'essaye de moderniser mon pays avec le Premier et les ministres du gouvernement qui m'entourent. J'essaye dans la crise que nous connaissons tous, de m'inspirer de ce qui a fait la force des Etats-Unis d'Amérique : le travail, la liberté, la promotion sociale. Tout est possible chez vous. Et je veux que tout devienne possible chez nous aussi.
J'aimerais, avant de partir, vous dire deux dernières choses. Vous êtes les habitants du pays le plus puissant de la planète. Vous avez réussi, ici, quelque chose d'extraordinaire. Mais le monde vous regarde, regardez vous aussi le monde et le monde vous aidera davantage.
Et puis, une deuxième chose que je voudrais vous dire. Quand les affaires vont bien, il est normal que beaucoup de gens gagnent beaucoup d'argent, mais quand les affaires vont mal, il est normal que ceux qui se sont si lourdement trompés en assument les conséquences et les responsabilités. C'est sans doute une faiblesse mais moi, Carla, je n'ai jamais été de gauche. Mais j'aime la justice et ce n'est pas juste que ceux qui nous ont conduits où ils nous ont conduits, n'assument pas les responsabilités qui sont les leurs. La liberté, ce n'est pas la loi de la charité. La liberté, elle ne va qu'avec la responsabilité et croyez bien que, chaque jour, j'en ai conscience moi-même. Quand les choses ne vont pas dans mon pays, mon pays sait à qui le reprocher. Et c'est normal, si je ne veux pas de responsabilité, je n'ai pas à solliciter le monde d'être président de mon pays. Et quand on est le président d'une compagnie, ou président d'une banque, le président d'une association, le représentant d'un culte, on ne peut pas dire : "cela ne va pas, ce n'est pas ma faute". C'est forcément la faute de celui qui est le chef au moment où l'échec se produit, car celui-là même qui refuse l'échec aurait été le premier à demander la récompense du succès, si le succès avait été au rendez-vous.
Mes Chers Amis, il y a un pays qui s'appelle la France, qui a 64 millions d'habitants et qui vous aime beaucoup, vous, les Américains. Quand nos enfants regardent où ils veulent aller, ils disent, bien souvent, en premier les Etats-Unis, et spécialement New York. Quand on a un tel pouvoir d'attraction, il faut absolument que vous contribuiez à être, par votre réalité, à la hauteur du rêve que nous avons projeté sur les Etats-Unis d'Amérique.
Je vous remercie.