16 juillet 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, sur les nouvelles salles des arts de l'Islam au Musée du Louvre et les relations franco-arabes, à Paris le 16 juillet 2008.

Altesses,
Monseigneur,
La France est l'amie des pays arabes. La France veut la paix. La France ne veut pas du choc des civilisations entre l'Orient et l'Occident.
La France veut la paix et la France sait bien que pour que la paix règne il faut qu'il n'y ait plus de source d'injustice. C'est pourquoi la France s'est engagée puissamment au service du dialogue, du dialogue au Liban, du dialogue entre le Liban et la Syrie, du dialogue entre les Palestiniens qui ont le droit à un Etat démocratique, viable, moderne et les Israéliens qui ont le droit à la sécurité.
La France dit aux pays arabes qu'elle les aidera à obtenir l'énergie du futur, l'énergie nucléaire. L'énergie nucléaire utilisée à des fins pacifiques, à des fins civiles, c'est la possibilité du développement, de la croissance, de l'éducation, parce que le terrorisme, parce que le fanatisme se nourrissent de la pauvreté et de la misère.
La France est l'amie des pays arabes et la France a été honorée de recevoir tant de chefs d'Etats et de gouvernements arabes, lors du Sommet de l'Union pour la Méditerranée.
La France est une puissance méditerranéenne et l'ensemble des puissances méditerranéennes était invité à Paris.
Altesse, je n'ignore nullement le rôle que joue l'Arabie Saoudite. Le rôle que joue l'Arabie Saoudite au sein de l'Islam, ce pays gardien des Lieux Saints. Et je voudrais que vous soyez, Altesse, mon interprète auprès de Sa Majesté le Roi d'Arabie Saoudite pour lui dire combien il est une chance, une opportunité pour le monde d'avoir à la tête de l'Arabie Saoudite un homme sage, un homme de paix, un homme de grande culture.
Je salue l'action de Sa Majesté le Roi d'Arabie Saoudite au service du dialogue des religions. La France l'admire et la France le soutient. La rencontre du Roi d'Arabie Saoudite avec Sa Sainteté le Pape, l'an passé, fut l'un des éléments fort au service de la paix. Vous êtes très proche du Roi, vous le voyez fréquemment, dites-lui que la France est son amie. Que la France veut recueillir ses opinions et ses avis. Et que pour la France, l'amitié avec l'Arabie Saoudite est essentielle.
Alors, voyez-vous Altesse, votre générosité pour l'ouverture, la construction de cette extension du Musée du Louvre, permet de mieux faire connaître les arts de l'Islam aux millions de visiteurs du Louvre chaque année.
L'Islam a porté l'une des plus anciennes et des plus prestigieuses civilisations dans le monde. Le président de l'Institut du Monde arabe peut en porter lui-même témoignage.
C'est l'occasion pour les Français et tous les visiteurs étrangers du Louvre et de la France de voir que l'Islam c'est le progrès, la science, la finesse, la modernité et que le fanatisme au nom de l'Islam c'est un dévoiement de l'Islam. Tuer au nom de l'Islam c'est bafouer l'Islam. Ne pas respecter les droits de la femme au nom de l'Islam, c'est bafouer l'Islam. L'Islam a permis, et ces salles le montreront, des collections parmi les plus extraordinaires. Avec l'Islam, nos prédécesseurs étaient bien en avance sur le monde et il n'y a aucune raison que ce qui a été le cas il y a des siècles, ne soit pas le cas pour les siècles qui viennent. Ce sera une occasion, Altesse, pour chacun de découvrir la richesse et la finesse de ces arts de l'Islam.
Vous y aurez participé, avec un certain nombre d'entreprises françaises au premier rang desquelles se trouve Total et je salue M. Desmarais, et puis le Louvre, l'engagement de l'Etat, Chère Christine Albanel.
Parce qu'un pays qui investit dans son histoire et dans sa culture c'est en vérité un pays qui investit dans l'avenir. Je le dis devant deux anciens ministres de la Culture qui sont ici, que je salue et à qui je veux dire mon amitié. Mais il n'y a pas de contradiction entre préparer l'avenir et investir dans le Louvre. C'est le même projet. Un pays qui n'a pas de problème avec son identité, qui n'a pas peur d'affirmer que la France a une identité nationale. Ce fut un grand débat de la dernière campagne présidentielle. Quand on revendique son identité, on n'a pas besoin d'être agressif à l'endroit de l'identité des autres. Quand on revendique son attachement à la Nation, on n'a pas besoin d'être nationaliste. Et quand on revendique comme une puissance publique la nécessité de protéger ses concitoyens, on n'a pas besoin d'être protectionniste.
Voyez-vous, Altesse, grâce à vous c'est donc un moment d'échange, un moment d'ouverture, un moment de tolérance. L'affrontement entre l'Occident et l'Orient serait une catastrophe pour le monde.
Je voudrais vous dire en conclusion que dans la Méditerranée, même si vous venez du Golfe, ce n'est quand même pas si loin, en Méditerranée on gagnera tout ou on perdra tout. La France va s'engager pour que l'on gagne tout. C'est-à-dire d'abord la paix, ensuite la prospérité et enfin le respect et le dialogue des cultures.
Altesse, vous êtes ici chez vous. Vous êtes reçu ici en ami et je voudrais vous dire, Monseigneur, combien nous sommes heureux de vous voir à nos côtés et combien toutes ces dernières semaines et ces derniers mois vos conseils éclairés m'ont été utiles, notamment dans la reprise des relations avec ce grand pays qu'est la Syrie.
Merci à tous.