8 mai 2008 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. Nicolas Sarkozy, Président de la République, en hommage aux soldats canadiens morts en juin 1944 dans le secteur de Juno Beach pendant le débarquement de Normandie, à Beny-Reviers le 8 mai 2008.


Madame la Gouverneure Générale,
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur Bernard Accoyer,
Monsieur Christian Poncelet,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Madame,
Nos deux pays ont tant de valeurs en commun, à commencer par le goût pour la liberté et cette foi dans l'homme qui fait que dans les heures les plus sombres le Canada et la France sont toujours parvenus à lever des armées pour faire triompher le droit, la justice et la liberté.
A quelques kilomètres d'ici, dans le secteur de Juno Beach, 15.000 soldats canadiens ont débarqué le 6 juin 1944.
Mille d'entre eux y ont laissé la vie.
Ils reposent aujourd'hui dans ce cimetière où les ont rejoint les Canadiens morts au combat dans les jours suivants.
Rien pourtant ne prédisposait ces jeunes gens, nés pour certains sur les rives du Pacifique, à mourir un jour sur une plage de Normandie. Rien sinon l'attachement du Canada à des valeurs bafouées par le régime nazi. Rien sinon l'amitié du Canada pour un pays, la France, si étroitement associé à son histoire depuis quatre siècles, rien sinon ce lien fraternel qui nous unit depuis toujours.
Alors qu'il me soit permis au nom du Gouvernement, de Monsieur le Premier Ministre et je crois pouvoir le dire, au nom de tous les parlementaires de la République française, au nom de tous les Français, Madame, de nous incliner, avec le plus grand respect, devant le sacrifice suprême consenti par des milliers de soldats venus du Canada pour libérer la France. Je veux que l'on se souvienne des 5.000 canadiens qui, le 19 août 1942, se lancèrent à l'assaut de l'ennemi solidement retranché à Dieppe.
Ce jour là, 1.200 d'entre eux périrent, 3.000 furent blessés ou fait prisonniers.
Ce jour là, dans la brume, de nombreuses feuilles d'érable sont tombées, comme pour annoncer aux tyrans l'arrivée de l'automne.
Car ces soldats, vos compatriotes, ne sont pas morts en vain. Le 19 août 1942 ils nous ont apporté l'espoir, l'espoir que bientôt les Alliés seraient en mesure de débarquer en force pour permettre la libération du pays, l'espoir que bientôt la force mécanique supérieure que prédisait en visionnaire le Général de Gaulle deviendrait une réalité irrésistible.
Ces tombes qui nous entourent sont là pour nous rappeler l'essentiel, les valeurs communes qui ont été défendues puis rétablies au prix du sang des hommes, la même façon d'appréhender le monde et d'envisager les relations internationales.Le 8 mai 1945 ne marque pas la fin de l'Histoire ni malheureusement le triomphe définitif du Bien sur le Mal. D'autres combats doivent être livrés, en d'autres lieux, dans un contexte différent. Il ne s'agit plus aujourd'hui de renverser le nazisme mais de s'opposer à la violence aveugle du terrorisme. Voilà pourquoi, une nouvelle fois, le Canada et la France sont réunis dans la même fraternité d'armes pour la défense des valeurs qui les fondent.