21 septembre 1993 - Seul le prononcé fait foi

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Rencontre avec la presse de MM. François Mitterrand, Président de la République, Richard von Weizsaecker, Président de la République d'Allemagne et Lech Walesa, Président de la République de Pologne, Gdansk, le 21 septembre 1993.

RICHARD VON WEIZSAECKER.- Mesdames et messieurs, je voudrais d'abord vous remercier vous-mêmes et surtout notre hôte de nous avoir invités à cette réunion. En tant que membres de la CEE, nous nous sommes engagés vis-à-vis de la Pologne pour qu'elle devienne, à l'avenir, un membre à part entière de la Communauté. Il faudra un certain temps, bien entendu, pour faire en sorte que la construction de la Pologne soit telle que son intégration corresponde aux intérêts polonais et aux intérêts de l'Europe.
- Du point de vue de la sécurité aussi, nous sommes assis dans le même bateau. Il nous faudra arriver, bien entendu, à des accords. Mais ce qui est décisif pour l'Europe c'est qu'elle reste maître de son destin et pour cela, il faut un accord, une coopération entre la France, la Pologne etl'Allemagne, dans le meilleur intérêt de la sécurité, non seulement en Pologne mais dans l'Europe toute entière.
- LE PRESIDENT.- Je rajouterai mes remerciements à l'égard du Président de la République polonaise, du Président du Conseil de la Ville de Gdansk et du Président de l'université car l'accueil nous est très agréable et les conversations me paraissent très utiles.
- Je suis déjà venu à Gdansk pour y rencontrer M. Walesa lorsqu'il était responsable des syndicats. Les circonstances étaient, vous l'imaginez bien, très différentes. Il y avait, cependant, le Président Walesa, moi-même et la presse. Je crois savoir que le Président Weizsaecker a vécu la même scène. Donc c'est comme une reconstitution historique aujourd'hui. Mais il y a une différence, le Président Walesa est Président de la République, la Pologne est libre et souveraine £ il y avait déjà le soleil la première fois, mais ce n'était pas du tout la même chose !
- Bien entendu, les difficultés sont différentes mais elles n'ont rien perdu de leur intensité. Alors nous sommes venus dire au Président de la République polonaise, que nous étions à ses côtés. Il attend seulement que nous en fassions la preuve, c'est ce qui reste à faire. En attendant, je vous souhaite bonne chance.\
LECH WALESA.- Je voudrais remercier messieurs les Présidents de leur présence à Gdansk, et en même temps je voudrais dire que je me rappelle de certains faits de l'histoire contemporaine, de la dernière histoire des relations internationales, certains faits que certaines personnes parmi nous ont oubliés. Il y a eu un moment durant l'état de guerre, où il nous était impossible d'aller en Occident pour nous y exprimer. C'est à ce moment-là que M. le Président de la République française, M. Mitterrand, a permis à M. Géremek et à moi de sortir vers l'Occident. Nous avons effectué un grand travail et c'est à partir de ce moment-là que tout à commencé. Sans cet élément, il nous serait difficile d'imaginer ce qui s'est passé après. Et donc, ici, publiquement, je voudrais encore une fois remercier M. le Président de nous avoir permis d'entrer sur la voie des réformes. Cet élément devrait être noté dans notre mémoire, car nous ne pouvons pas l'oublier. Maintenant ce qui concerne le futur, nous ressentons tous que les processus se déroulent trop lentement et qu'ils ne sont pas encore satisfaisants. Nous n'avons pas le choix, nous devons constuire une Europe mais nous ne savons pas encore comment le faire. Donc la question qui se pose n'est pas de savoir si il doit y avoir une Europe commune, mais comment, à quel prix, et par quels moyens ? Pour terminer, je voudrais dire que nous nous dirigeons vers l'Europe, non seulement avec du courage mais aussi avec du bon sens. Je suis convaincu que sur cette voie, il ne nous manquera pas de travail.\