7 octobre 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à la réception de la communauté française, Buenos Aires, mercredi 7 octobre 1987.

Mesdames et messieurs,
- Mes chers compatriotes,
- Comme j'ai coutume de le faire lors de mes voyages à l'étranger, j'ai plaisir à vous réunir, vous Français de ce pays, à vous rencontrer et à passer quelques moments avec vous. Nous sommes venus de France, avec un certain nombre de personnes qui m'ont accompagné, trois membres du gouvernement, - quatre, mais M. le ministre des affaires étrangères `Jean-Bernard Raimond` a dû déjà partir - M. le ministre du commerce extérieur `Michel Noir`, M. le ministre des télécommunications `Gérard Longuet`, M. le ministre de l'environnement `Alain Carignon` et différentes personnalités très représentatives, soit du Parlement, soit du monde industriel, soit du monde artistique. Bref, nous nous sentons fort bien en Argentine où nous sommes depuis 48 heures, fort occupés il faut le dire par des manifestations de toutes sortes, mais ayant le sentiment de mieux approcher ce pays, ceux qui y vivent, les Argentins qui nous reçoivent.
- Je me suis enquis auprès de M. l'ambassadeur des problèmes qui vous paraissaient, à vous Français d'Argentine, des plus importants, pour votre vie quotidienne. Bien entendu, il me disait qu'on pouvait constater ici deux couches de Français, ceux qui sont vraiment installés depuis longtemps, qui sont mêlés à la vie argentine, qui souvent ont leur famille ici-même et puis ceux qui, appelés - cadres de grandes sociétés en particulier - à y faire des séjours plus brefs, tout cela, est-ce que cela compose une communauté de Français ? Je ne le sais pas mais quand on se retrouve dans une maison comme celle-ci, qui est une petite partie de la France, lorsqu'on peut arracher au temps, qui nous bouscule toujours, les quelques moments où l'on se retrouve, Français, dans un pays ami mais étranger, je crois que cela peut aider à mieux comprendre et aussi resserrer nos liens qui doivent, à travers le monde, demeurer ceux de Français engagés dans la même -entreprise historique. Au-delà des différences de toutes sortes qui caractérisent les Français, sur tous les -plans, sur toutes les disciplines intellectuelles - vraiment vous n'êtes jamais les mêmes et j'imagine que dans une grande communauté comme celle-ci existe exactement la photographie des mêmes différences - nous sommes là et je l'espère heureux d'y être.\
En tout cas, nous, vos visiteurs, sachez que nous emporterons un souvenir extrêmement cher de ce bref passage en Argentine. Nous allons maintenant, ma femme et moi, les membres du gouvernement, rester avec vous, passer dans vos rangs, si c'est possible - la maison est assez vaste - et nous serons ravis, pendant quelques quarts d'heure, de pouvoir échanger des propos utiles avec ceux et celles d'entre vous qui le souhaiteront. Je crois utile et même important que les Français du monde entier puissent rapporter l'expérience qui est la leur : vous y vivez, vous y travaillez, vous prenez part aux différentes formes de l'activité de ce pays et par votre famille, par vos retours en France, par vos affinités, vous apportez quelque chose de plus : souvent la France a manqué de cette connaissance du monde extérieur, peut-être en manque-t-elle encore, mais vous êtes là, pour nous y aider, pour représenter notre pays. Il ne suffit pas de s'adresser au monde officiel, chargé de représenter la France : chaque Français a cette mission. Je suis heureux de vous le dire et je suis sûr que vous en tenez le plus grand compte. Voilà, mesdames et messieurs, mes chers compatriotes ce que je souhaitais vous dire ce soir. En vous remerciant d'être venus ici, dans cette chancellerie £ il me reste à vous dire des mots très simples, ceux qu'on a mille fois entendus, mais qui pour nombre d'entre nous, pour moi en particulier, gardent toute leur résonnance, ces mots très simples : Vive la République ! Vive la France !\