11 juin 1987 - Seul le prononcé fait foi

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Interview de M. François Mitterrand, Président de la République, à Antenne 2 le 11 juin 1987, lors de l'inauguration du Salon de l'aéronautique et de l'espace au Bourget, notamment sur la navette Hermès, l'hélicoptère de combat franco-allemand et l'avion Rafale.

QUESTION.- Monsieur le Président, nous sommes dans l'un des pavillons-vedettes de ce 37ème salon du Bourget, la maquette grandeur nature d'Hermès, j'imagine que, un petit peu comme nous, c'est la première fois que vous voyez cette maquette et j'aimerais avoir votre sentiment. Que ressentez-vous devant une telle maquette ? Est-ce que cela vous fait rêver ?
- LE PRESIDENT.- Cela me fait rêver et j'ai déjà eu ce rêve depuis longtemps car j'ai beaucoup travaillé pour qu'Hermès soit reconnu, admis et finalement proposé par des pays européens qui sont aujourd'hui au nombre de treize et qui ont beaucoup hésité. Il a fallu l'impulsion française et c'est une grande satisfaction que de voir aujourd'hui la France et bien entendu l'Europe prête à la grande aventure spatiale.
- QUESTION.- Alors justement Hermès va coûter beaucoup plus cher que prévu, la France finance déjà 45 % Hermès et les autres pays semblent un tout petit peu réticents, est-ce que la France est prête à poursuivre cet effort financier d'une part, et d'autre part quand est-ce que les décisions vont être prises ?
- LE PRESIDENT.- C'est une grande bataille à mener et elle n'est pas achevée. Je pense que les progrès accomplis au cours de ces dernières années sont suffisamment notables pour que l'on puisse penser que l'on ne va pas s'arrêter à mi-chemin. Je crois qu'il ne faut pas avoir de vue pessimiste de ces choses. La France fait sa part, on pourrait presque dire plus que sa part, mais enfin c'est une grande idée et une grande réalisation. J'attends des autres qu'ils fassent la leur et je n'ai pas lieu d'en douter.\
QUESTION.- L'industrie aéronautique ne va pas très très bien. Les carnets de commande sont un peu vides...
- LE PRESIDENT.- Dans le monde entier...
- QUESTION.- ... En France aussi, les industriels sont inquiets. Est-ce qu'il y a des décisions politiques à prendre pour que cela s'arrange ?
- LE PRESIDENT.- Je ne crois pas vraiment que ce soit d'ordre politique. Les acheteurs sont moins nombreux car ils ont moins d'argent. Ils ont moins de moyens pour l'instant. C'est l'un des effets de la crise.
- QUESTION.- L'Europe de l'aéronautique civile marche plutôt bien, on l'a encore vu récemment avec les dernières décisions prises à propos d'Airbus mais l'Europe de l'aéronautique militaire, elle semble un petit peu en panne. L'hélicoptère de combat franco-allemand met du temps à venir, il sera très cher et l'avion de combat européen se construit plutôt autour de la France qui elle-même a son propre projet et c'est le Rafale. Est-ce que vous regrettez cette situation ?
- LE PRESIDENT.- Je regrette ces lenteurs. L'hélicoptère en effet met longtemps à se réaliser, l'accord n'est pas véritablement conclu. J'ai toujours souhaité - le gouvernement avec moi - que l'on aboutisse à cet accord franco-allemand, bien entendu il faut atteindre des prix acceptables et pour l'instant les prix sont encore trop élevés, alors on discute.\
LE PRESIDENT.- Du côté européen, - si on veut résumer notre propos puisque nous sommes, ici, tout près d'Hermès, qui comme vous le savez, est une sorte d'avion, avion fusée qui va dans l'espace, qui en revient et qui va rejoindre la station orbitale qui se trouve ici, à ma gauche, et qui elle-même devrait être en mesure avant la fin du siècle de fonctionner - on peut estimer que d'ici 1996, 1997, 1999, tout cela devrait fonctionner. Mais c'est en même temps une formidable tentative européenne spatiale. Cela rejoint la grande préoccupation qui est de faire que l'Europe existe. Elle existera en particulier par ses techniques.
- QUESTION.- Monsieur le Président, nous sommes un tout petit peu pressés, est-ce que l'on peut prendre rendez-vous dans deux ans ici au Salon ?
- LE PRESIDENT.- Ce n'est pas marqué sur mon carnet de rendez-vous.
- Merci beaucoup monsieur le Président.\