22 novembre 1986 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à la mairie d'Avallon dans l'Yonne, samedi 22 novembre 1986.

Vous avez bien fait de rappeler les années passées. Elles m'ont permis, pendant trente-cinq ans, de venir régulièrement à Avallon, en m'y arrêtant sans protocole et sans cérémonie, simplement pour apprécier la beauté des lieux et retrouver quelques amis. Le Morvan n'est pas si vaste, et nous nous y connaissons. Oui, j'aimais passer par ici, et je souhaitais depuis longtemps, depuis mon élection à la Présidence de la République, avoir l'occasion d'y revenir dans le -cadre de mes fonctions. C'est une visite de voisinage, mais au-delà, c'est l'occasion ici, puis à Auxerre, de marquer la place que l'Yonne, et certains de ses représentants occupent dans la nation.
- Monsieur le maire, je vous remercie de votre accueil. J'y suis sensible. Je vous connaissais également depuis longtemps, surtout au travers d'amitiés communes. Je sais le travail que vous accomplissez dans cette ville, avec les élus, élus locaux, et élus nationaux.
- Mesdames et messieurs, pourquoi ce plaisir éprouvé dès mon arrivée dans cette ville. D'abord parce qu'elle est riche d'histoire et d'art et, vous venez de le rappeler à l'instant, les deux termes sont liés. L'art a surgi parce qu'existèrent dans cette ville, depuis des siècles et des siècles, des hommes d'imagination et d'action et cela se reporte toujours sur les valeurs esthétiques. Souvent on ignore Avallon, si l'on se presse de traverser, sans bien connaître les détours, la route nationale ou bien l'autoroute. Il suffit d'aller là où l'on n'est pas attendu pour découvrir, à tout moment, les richesses que vous avez décrites.\
Avallon n'est pas simplement riche d'histoire et d'art. Cette ville est laborieuse. Vous me disiez à l'instant monsieur le maire, qu'Avallon se trouvait heureusement l'une des cités de l'Yonne, peut-être la cité de l'Yonne, la moins frappée par le chômage, 7 à 7,5 % quand même mais, lorsque l'on sait les chiffres nationaux, les moyennes nationales, et même la moyenne de ce département, on constate que ceux qui ont entrepris - et vous en êtes monsieur le maire -, que ceux qui ont géré, que ceux qui travaillent ici, ont su, avec réalisme et constance, obtenir des réussites que je voudrais bien voir davantage répandues.
- Enfin, cette ville, je l'ai dit tout à l'heure, est belle par ses dons naturels. Je ne sais qui pourrait venir ici sans en garder un souvenir profond comme une image de la France, diverse et forte. C'est vrai que nos régions sont souvent rudes - je puis dire "nos régions" puisque j'ai beaucoup vécu tout près d'ici - qu'il s'agisse du Morvan ou, pardonnez l'expression, elle est dans les géographies, de ces dépressions, l'Auxois, le Bazois, l'Autunois. Dès que l'hiver approche, on ne peut l'aborder avec faiblesse, il faut être aguerri, et l'on s'aperçoit au bout de peu de temps, que les facteurs d'équilibre, de santé physique et morale, de continuité dans les attachements, sont liés à cette terre.
- Voilà bien des raisons, auxquelles s'ajoutent l'intérêt que je porte, dans l'exercice de mes fonctions, à mieux connaître les besoins et les aspirations de chacun. Je n'aurai pas le temps de m'attarder autant qu'il le faudrait, mais la rencontre des élus - j'en ai déjà vus quelques-uns -, l'approche de cette foule, qui s'est très gentiment amassée le long des rues, me sont précieuses. Avallon, pendant quelque temps, avant de poursuivre mon périple dans l'Yonne, c'est une capacité nouvelle pour moi, supplémentaire, de mieux connaître mais aussi de mieux comprendre. Et comment négliger cette chance de mieux comprendre les français quand on en exerce la charge principale ?
- Je vous remercie donc, mesdames et messieurs, de m'en avoir fourni l'occasion. Quant à vous, monsieur le maire, je suis sensible à vos propos, à l'organisation de cette petite cérémonie, et puis aux quelques quarts d'heures de repos moral et d'observation utile qu'il me sera possible d'obtenir grâce à vous. Mais je ne veux pas terminer sans avoir prononcé les phrases qui paraîtront rituelles, mais qui n'en sont pas moins l'expression de mes sentiments les plus profonds, en vous disant très simplement : Vive Avallon, Vive la République, Vive la France.\