4 décembre 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à la mairie de Case-Pilote en Martinique, mercredi 4 décembre 1985.

Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- Voici que s'achève cette première journée en Martinique puisqu'une seule étape me sépare désormais du retour à Fort-de-France.
- Cette journée aura été riche d'enseignements, puisque j'ai pu retrouver les élus de cette ville, puisque j'ai pu d'abord, au chef-lieu, traiter des problèmes d'ensemble de la Martinique, puisque j'ai pu - devant les Corps constitués - à la fois m'exprimer sur les problèmes généraux des départements d'outre-mer et entendre les remarques et les avis de nombre d'élus ou représentants de l'Administration.
- Je suis très content de ma journée parmi vous.
- Ensuite, j'ai entrepris une visite, on dirait un périple, dans cette région de la Martinique, qui m'a conduit de commune en commune jusqu'à cette belle commune de Case-Pilote où j'étais passé il y a quelques dix années, rapidement, et que je puis voir mieux aujourd'hui, de cet endroit, en sachant combien vivent difficilement des femmes et des hommes dont les moyens d'existence se résument à quelques entreprises à la pêche et à quelques revenus agricoles.\
J'ai bien senti à travers l'allocution de M. le maire, que je remercie pour son hospitalité et pour ses propos de bienvenue, j'ai bien senti que son inquiétude principale était celle des équipements qui permettraient de réduire le chômage. Et c'est en effet le grand problème, surtout de la jeunesse qui vous prend à la gorge. Oh, certes, il faut que la Martinique, comme les autres départements de France, qui ont pu prendre en main leurs affaires grâce à la décentralisation et à la régionalisation, il faut bien que ces départements prévoient, eux-mêmes, planifient, organisent, mobilisent les énergies. C'est là que se trouve la première réponse. Encore faut-il - et vous avez eu raison de le dire monsieur le maire - que la solidarité joue, afin de permettre à ceux qui sont partis plus loin, qui ont plus de difficultés, qui ont connu plus d'épreuves de reprendre le courant d'une pleine activité.
- Voilà bien un nouvel exemple, de l'utilité qu'il y a à se retrouver de cette façon. Le Président de la République rencontre les élus. Les élus s'expriment librement. Ils disent leurs inquiétudes. Ils crient leur amour du pays, leur amour de la France. Ils veulent que la Martinique s'affirme en tant que telle, dans sa personnalité et dans sa dignité. C'est tout le programme sur lequel je me suis moi-même engagé et dont j'ai réalisé l'essentiel en dotant la France et les départements d'outre-mer, bien entendu, de structures nouvelles au sein desquelles vous vous affirmez, je le répète, pleinement.
- C'est vrai que la Martinique peut paraître un peu loin de Paris et qu'il est nécessaire de revenir de temps à autre £ ou bien de recevoir à Paris vos élus pour suivre l'évolution de vos affaires, pour savoir de quelle façon la population s'inquiète comme elle le faisait hier pour son logement, pour ses allocations sociales. La population qui s'inquiète devant la rareté des marchés qui s'offrent à ses produits agricoles, les menaces qui pèsent sur ses industries naissantes, tandis qu'achèvent leur course des industries vieillies.
- C'est l'époque du renouvellement. Et ce renouvellement qui se traduit par la modernisation qui seule permettra à l'emploi de se multiplier. C'est l'oeuvre que nous avons -entreprise pour toute la France, à laquelle nous sommes attachés. Dès lors, amis martiniquais, que vous disposez des institutions locales et régionales qui vous permettent de conduire la politique économique et sociale de votre choix, vous devez bien sentir à quel point votre destin est lié à celui de la République tout entière. Et, j'ai entendu l'écho dans les propos qui viennent d'être tenus, d'un attachement profond aux destinées de la France.\
Je suis venu célébrer, ici la Martinique et je ne peux jamais séparer dans mon esprit le devenir de la métropole et le devenir de ces lointains départements à la condition que justice soit rendue, que responsabilités soient assurées, que les perspectives soient ouvertes et que chacune et chacun se sentent à l'aise, heureux de vivre dans la communauté qui s'appelle République française.
- Monsieur le maire,
- Mesdames et messieurs,
- je vous salue.
- Case-Pilote, qui porte à la fois le souvenir de ses origines caraïbes et la fondation des premiers qui bâtirent des maisons dans ce coin de terre, entre terre, ciel et mer, est un des points les plus symboliques de l'île, les plus anciens aussi. Et je tiens à vous dire, mesdames et messieurs, que cela est cher à mon coeur.
- Bonne chance,
- Bon travail, solidarité, amitié, tels sont les thèmes que j'entends développer pendant cette visite dans les Antilles françaises.
- Vive Case-Pilote,
- Vive la Martinique,
- Vive la République,
- Vive la France.\