21 juin 1985 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'Acropole d'Athènes le 21 juin 1985, à l'occasion de la fête européenne de la musique.

Vous parler à vous Grecs, et à vous dirigeants et représentants de ce peuple, et vous parler ici, d'un temple, d'un rocher, beaucoup plus que cela, et vous le savez bien, d'un sommet de l'histoire du monde, et peut-être le sommet de notre civilisation, j'en ressens l'honneur et vous en remercie.
- C'était en 1983, à la fin de cette année-là, que pour la première fois les ministres de la culture de l'Europe, ou du moins de sa Communauté `CEE`, se sont réunis et ils ont décidé que, chaque année, serait célébrée une fête, une fête européenne, une fête de la culture, en l'occurence une Fête de la Musique £ et que, chaque année, l'Europe aurait sa capitale et la première capitale choisie pour l'An 1 de cette Europe nouvelle, c'est Athènes. Inutile de vous dire combien je m'en réjouis, occasion nouvelle de venir chez vous, d'y retrouver, dépassant toutes les frontières intérieures, l'amitié de la Grèce pour la France.
- Mais il faut que vous sachiez qu'en ce jour, ce soir même, 21 juin, dans toute l'Europe, c'est plus de trente millions d'Européens, surtout des jeunes, qui se répandront dans les rues, qui s'installeront aux carrefours et sur les places et qui joueront de la musique, bien ou mal, mais qui exprimeront ce qu'ils auront dans le coeur, dans l'esprit, tandis que naîtra nécessairement, porté par la musique, je ne sais quoi de plus, qui s'appelle, sans doute dans de rares mais de beaux moments, l'amitié partagée et le chant d'allégresse, l'Espérance, l'espérance du solstice, en ce soir, aussi sommet de l'année, rencontre des saisons, lorsque les fruits sont mûrs et les fleurs éclatantes, lorsque les moissons commencent d'être coupées pour nourrir les hommes.
- C'est en ce jour que dans toute l'Europe, aux sons de la musique, partout, on saura que dans la Capitale, Athènes, quelques privilégiés et surtout ceux des trois qui viennent de s'exprimer, ont pu parler en votre nom.
- L'année prochaine, ce sera ailleurs et il est d'autres lieux où sont d'autres sources de la culture, mais rien ne sera plus fort, plus nouveau, plus neuf que cette fête-ci. On ne recommencera pas la première fois.
- Je veux avec vous, avec vous monsieur le président, monsieur le Premier ministre, avec vous mesdames et messieurs, avec le peuple grec tout entier, je veux célébrer l'ouverture de cette année, la Fête bien comprise, qui n'est pas oubli de la vie et de ses rigueurs, la vie, oui, la Fête de l'Espoir, celle de la Beauté, celle de l'Amitié. Voilà de quoi nous réjouir.
- Oui, Vive la Grèce. Vive Athènes. Vive la fête de l'Europe, chers amis.\