22 novembre 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République à l'issue du déjeuner offert à l'Ecomusée de Haute Alsace, Ungersheim, jeudi 22 novembre 1984.

Deux mots simplement, car ce discours n'est pas prévu. Je ne boude pas. Je suis disponible. Naturellement je ne peux le dire qu'à ceux qui m'entendent. Je ne peux pas le dire aux autres. Mais enfin, je rencontrerai assez d'Alsaciens pour que la commission soit faite.
- L'important c'est de constater à quel point cette région, cette Alsace, est riche d'-énergie et de volonté. Dans une matinée comme celle-ci, voir à Mulhouse, dans les environs, l'usine Superba, voir la plus haute technologie dans une fabrication de machines qui peut représenter un pourcentage qui dépasse 80 % à l'exportation, et tout cela à-partir d'une entreprise familiale, voir Peugeot, 14000 travailleurs, les machines et la production la plus modcerne, compétitive au premier chef, voir l'Ecomusée, construit en 4 ans m'a-t-on dit, ce n'est pas croyable ! Et cependant c'est une réussite pour la protection du passé, mais aussi visiblement par la formation que cela donnera aux jeunes, une incitation à perpétuer des valeurs tout en les adaptant, bien entendu, aux nécessités du temps. C'est formateur. Il n'y a Superba que parce que des jeunes se forment à la robotique, mais cela fait des emplois aussi ! Il n'y a Peugeot que parce que l'on forme des travailleurs aux technologies nouvelles, sans quoi c'est fini ! Ici, vous allez former, et vous commencez déjà de former des jeunes gens. Ils se forment sur le tas, je viens de le constater. A quelles disciplines ? Disciplines culturelles, sociologiques, historiques. Et j'ai bien entendu l'écho de votre ambition : déborder ce qui est pour parvenir à un ensemble très vaste de valeurs ou de dimensions internationales. Je ne connais pas de dossier-là, et d'ailleurs c'est à vous de l'inciter, car après tout on se tourne toujours vers moi. Messieurs les maires, messieurs les adjoints, les conseillers municipaux et les autres, à vous de jouer aussi. D'ailleurs j'observe que vous n'avez pas attendu ce conseil pour vous mettre à l'ouvrage. Je vous en félicite.
- Permettez-moi de vous dire qu'avec ces quelques exemples, si toute la France se décide à agir de la sorte, eh bien on cessera de se disputer sur telle ou telle implantation. Elles seront là, partout. On aura le choix. Tandis qu'aujourd'hui chacun se querelle pour ramasser un bout de ce que la France tient de ses partenaires européens.\
Il y a la potasse, là tout à côté. Il ne faut pas exagérer non plus la plainte. Ce sont des mines, qui, par-rapport à beaucoup d'autres marchent bien. Je ne peux pas avoir à la fois la grève dans les endroits où cela marche mal et la grève où cela marche bien parce que cela pourrait marcher mal. Où va-t-on dans ces conditions ?
- Il y a naturellement des droits et des intérêts des travailleurs à défendre, les salaires et un pouvoir d'achat, mais il y a une production qui est là. Cette production on va l'accroître, la décision a été prise d'un nouveau puits dans ce bassin. Je crois que cela n'a pas été annoncé, alors je le fais. C'est dire qu'on parle sur l'avenir. Je sais que l'objectif c'est 2004, c'est-à-dire dans vingt ans. Ce n'est pas parce qu'on s'inquiète pour 2004, et on a raison, car c'est faute de prévision en 1964, je dis cette date un peu au hasard, il y a vingt ans, ou en 1974, qu'on en est là en 1984. Il faut donc prévoir et vous avez raison et on vous aidera, c'est la bonne formule : diversifier.
- Bien entendu, si c'est épuisé, je ne peux pas moi-même installer autre chose dans votre sous-sol. Si vous me demandez cela, je dis : impossible. Mais vous ne me le demandez pas. Ce serait absurde. Vous demandez seulement à diversifier les possibilités industrielles, économiques, de toutes sortes. Ce que vous demandez n'est pas essentiellement industriel. Ce sont des services, c'est de la culture, c'est de l'intérêt pour la région, c'est une possibilité de donner une signification à tout ce que vous aurez rassemblé dans une zone qui se trouve, vous l'avez rappelé très justement, au centre de plusieurs pays de l'Europe, on pourrait presque dire au coeur de l'Europe. Continuez. Je vous dis : on vous aidera. Il ne faut quand même pas exagérer. On ne parle que d'une affaire ici, on oublie complètement de citer celles qui, au-cours de ces trois dernières années, ont été mises en place.
- Bon, écoutez, la paix. La paix pour vous, la paix pour moi et travaillons ensemble à l'avenir, c'est ce que vous faites. Merci.\