16 novembre 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, lors de l'inauguration du monument au Général Koenig et à ses compagnons, Paris, Porte Maillot, vendredi 16 novembre 1984.

Messieurs les compagnons du Maréchal Koenig,
- Monsieur le Président du Sénat `Alain Poher`,
- Monsieur le maire `Jacques Chirac`,
- Mesdames et messieurs,
- Devant ce monument aux formes puissantes, fait de granit et d'acier, que vous, les compagnons du Maréchal Koenig, avez voulu édifier pour perpétuer la mémoire de votre chef et de vos camarades de combat, l'occasion nous est donnée de nous souvenir, de nous rappeler cette époque où des hommes d'exception, refusant la défaite, entreprirent de rendre aux Français leur liberté, leur dignité. Car Pierre Koenig, c'est avant tout un combattant.
- On vient de rappeler le choix qu'il fit en 1940. Et pendant cinq ans il fut, avec d'autres, l'honneur de la France, reprenant le combat sur le sol national, dans la clandestinité, aux côtés des alliés, sur tous les -théâtres d'opération. Et dans ce renouveau des armées françaises, Pierre Koenig a joué l'un des rôles les plus éminents.
- Je ne rappellerai pas les étapes de cette carrière £ cela vient d'être fait en termes excellents. Mais si vous, ses compagnons, vous avez voulu que soit déposé, dans ce monument, un peu de ce sable africain, c'est que parmi tous les faits d'armes accomplis, l'exploit de Bir Hakeim l'a fait entrer et vous avec lui, non seulement dans l'histoire mais aussi dans la légende, accordée cette fois-ci à l'exactitude historique.
- On sait, on l'a dit, à quel point la situation des alliés demeurait incertaine, combien la machine de guerre ennemie paraissait invincible. Et voilà que, par quelques-uns, le sort de la guerre put changer.
- Le nom de Bir Hakeim s'est répandu à travers le monde, l'effet de cet espoir a dépassé de très loin les effectifs engagés. Conséquence directe, conséquence indirecte, là fut marqué, particulièrement, le réveil de nos armes. Et je crois que c'était pour la première fois, depuis 1940, qu'une bataille opposait une unité française constituée aux forces allemandes. Voilà pourquoi on l'a cité. Le Général de Gaulle pouvait écrire : "le monde a reconnu la France, quand, à Bir Hakeim, un rayon de sa gloire renaissante est venue caresser le front sanglant de ces soldats".\
On a également rappelé de quelle façon le Général Koenig, à l'époque Général comme chef de guerre, fut choisi pour représenter son pays, pour participer au gouvernement de la France. Comment il rassembla préalablement les forces françaises de l'intérieur. Et pendant toutes ces périodes, son autorité rayonnante, son patriotisme exigeant lui permirent d'unifier, de rassembler, de préparer la France aux tâches du lendemain.
- J'ai connu le Maréchal Koenig dans plusieurs de ces circonstances. Et chaque fois que l'on évoque son visage, cette autorité, cette discrétion et cette capacité d'échanges, je retrouve bien des souvenirs et je garde en mémoire, parmi les visages les plus lumineux rencontrés au-cours de ma vie, celui que nous célébrons aujourd'hui.
- L'ensemble des responsabilités assumées, la gloire acquise, tous les titres prestigieux, tout cela n'avait pas entamé la modestie de Pierre Koenig qui se voulait, avant tout, serviteur du pays. Et, cependant, le gouvernement de la République a estimé qu'il méritait de la nation un témoignage de reconnaissance et de gratitude à la mesure de ses services. C'est pourquoi le 5 juin 1984, la dignité de Maréchal de France, lui était conférée.
- Pierre Koenig avait écrit, en 1962, vingt ans après les événements de Bir Hakeim : "Souvenons-nous de ces temps difficiles où tout paraissait clair, parce que nous luttions en parfaite communion avec nos camarades combattant en terres occupées, pour sauvegarder avec intransigeance le patrimoine national". Comme ces paroles restent actuelles.
- Puisse ce monument aider tous les Français à garder le souvenir de ce message, le souvenir de celui que nous honorons en ce jour.
- Vive la République !
- Vive la France !\