9 février 1984 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'issue du concert donné à la Maison d'éducation de la Légion d'honneur à Saint-Denis, jeudi 9 février 1984.

Monsieur le grand chancelier,
- Mesdames et messieurs,
- Me voici donc revenu parmi vous pour cette rencontre qui, pour moi, représente beaucoup de charme et de qualité. Vous voyez que je ne rechigne pas - au contraire ! - à interrompre une journée pour venir à St-Denis. C'est une façon de retrouver par la réflexion, par la musique et par la présence de la jeunesse beaucoup de raisons de croire en ce qu'on fait.
- On ne peut pas manquer de remarquer que le travail accompli par ces dizaines d'artistes repose sur des bases solides et je tiens à en féliciter ceux qui en ont la charge, la charge principale, ceux que je connais : Maître Lavagne, Mme Charron, Mme Serra, mais d'autres aussi qui me pardonneront de ne pas citer leurs noms. A tous les échelons de cet effort collectif, il y a la -recherche de ce qu'on appellera la compétence, le sérieux, bien faire ce qu'on fait £ à quoi s'ajoute, de temps à autres, le talent. Le talent, chaque année, je l'aperçois qui éclôt ou qui s'affirme, et il y en a certains de ces talents qui dureront au-delà de l'école qui permettront à la bonne et saine tradition musicale française de se perpétuer.
- Voilà une première raison qui donne son sens au concert en cet après-midi. Mais on me dit que ces qualités de travail et de réussite ne sont pas isolées et qu'elles rejoignent un ensemble de réussites dans toutes l'école par un pourcentage élevé de travail récompensé, par des diplômes obtenus en plus forte proportion que dans bien d'autres établissements. Il y a lieu de se réjouir du travail accompli par ces institutions qui, à travers le temps, ont su perpétuer ce qu'elles étaient et se renouveler. C'est d'ailleurs une loi de la vie : il faut bien tenir compte de ce qui a été fait avant soi, assurer le relai pour tirer le meilleur et puis il faut bien innover ou changer pour apporter ce que l'on est, chaque génération disposant de son style, de ses modes. Et si les pensées restent, cela a été dit bien avant moi, avec le même fond de sentiment avec les mêmes -rapports sociaux, enfin avec tout ce qui fait les individus et les sociétés, il n'en reste pas moins que chaque chose est différente et c'est ce qui fait souvent la merveille de la vie.
- Eh bien, je ne retrouve pas chaque fois la même chose, même si ce sont les mêmes lieux, les mêmes marches sans doute, les mêmes stalles, la même disposition, parfois les mêmes instruments, mais à partir de là, eh bien ce sont des jeunes filles qui affirment ce qu'elles sont. Alors là, cela change à mesure, et je souhaite, voyez-vous, mesdemoiselles, qu'à travers le temps qui viendra, après l'école quand vous serez affrontées aux problèmes de la vie, que vous puissiez rester vous-mêmes. C'est quelque chose de singulier que rien d'autre ne remplace.\
Voilà, je ne vais pas vous attarder maintenant avec des considérations sur ces choses. Je devais les dire. J'aperçois dans ces rapides quarts d'heure un grand effort d'amitié et de solidarité. Je vous retrouve vous-même, qui étiez dans l'autre établissement de cette Maison, que vous avez si admirablement dirigé, qui venez continuer d'assister de votre expérience les plus jeunes, puis bien d'autres encore que je n'aperçois pas et qui participent à la réussite d'une journée, mais aussi sans doute à la réussite d'une journée, mais aussi sans doute à la réussite des vies dont vous avez la charge, madame et vous toutes, vous tous qui éduquez, qui enseignez, et donc qui formez. Que puis-je vous dire ? A la prochaine fois, soit ici, soit dans l'autre maison, puisque nous sommes appelés à visiter alternativement l'une et l'autre. Bien que je sois un peu en reste avec St-Germain, la dernière fois que j'y suis allé on m'a arrêté un peu avant de voir l'école parce qu'on est resté à St-Germain £ il faudra bien aller jusqu'au bout quand même, monsieur le grand chancelier. Mais au total, ici à St-Denis, je dois dire, monsieur le grand chancelier, que ce à quoi je m'attendais lors des premières conversations, entre vous-même, tout récent Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, et moi-même, conduit à m'informer de mes fonctions je dois dire que le temps ayant passé, je considère que cela est réussi. Puisque c'est la jeunesse qui se trouve là, si c'est réussi pour aujourd'hui, on a quelques chances de voir réussir pour demain.\