18 juin 1982 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception des Lettres de créance de M. Jamsheed K.A. Marker, ambassadeur du Pakistan, Paris, Palais de l'Élysée, vendredi 18 juin 1982.

Monsieur l'ambassadeur,
- C'est avec grand plaisir que je reçois les Lettres qui vous accréditent auprès de moi-même et du gouvernement français en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République islamique du Pakistan.
- Dès l'origine, les relations entre nos deux pays ont été placées sous le signe de l'amitié et du dialogue. Cette compréhension, nourrie de l'héritage de riches et anciennes civilisations, trouve aujourd'hui de nouvelles raisons d'être.
- Il est en effet de l'intérêt des pays du Nord comme de ceux du Sud d'agir pour édifier un ordre économique plus juste, mieux adapté aux exigences de notre temps et seul susceptible de permettre, dans la stabilité et l'égalité, le retour à la croissance économique mondiale. Les ambitions de la France et du Pakistan sont, à cet égard similaires. Nos deux pays oeuvrent pour qu'émerge un monde plus juste et plus solidaire. Il s'agit là d'une tâche vitale, à laquelle le Pakistan se consacre activement et dont la France fait un objectif majeur. Nos efforts, souvent associés dans le passé, doivent encore davantage se rejoindre, au moment où les négociations globales pourtant si nécessaires tardent à s'engager.\
Mais ce besoin de communication et de dialogue s'étend à bien d'autres domaines de la vie internationale. Ceci est tout particulièrement vrai de votre région, cette Asie méridionale à laquelle tant de liens nous unissent, et que tant de conflits déchirent.
- Ainsi, aux portes mêmes du Pakistan, une crise s'éternise. Elle illustre le recul du droit, de la liberté des peuples à choisir eux-mêmes leur destin à l'abri des ingérences extérieures. En rejetant le fait accompli, en tendant une main généreuse à ses victimes et à tout un peuple, le Pakistan peut compter sur le soutien actif de la France. Il peut également être assuré de son appui dans la -recherche d'un règlement qui, épousant les voeux de l'immense -majorité des Nations unies, organiserait le retrait des troupes étrangères, la libre détermination des populations et le retour à un non-alignement authentique et garanti.\
Mon pays mesure pleinement le rôle du vôtre à cet égard, tout comme il apprécie la responsabilité qu'entend assumer le Pakistan dans la consolidation de la confiance en Asie méridionale toute entière. La France regarde avec sympathie et encourage toute démarche visant à normaliser les relations entre les Etats dont elle souhaite pareillement l'amitié.
- C'est dire, enfin, combien elle est disposée à poursuivre les -concours de toutes -natures qu'elle apporte au Pakistan et, notamment, ceux qui contribuent à son développement économique et social dans une conjoncture certes difficile mais à laquelle nous devons faire face avec générosité, courage et lucidité.
- Vous-même, monsieur l'Ambassadeur, qui parlez notre langue et êtes familier de notre culture, serez appelé à tenir une place importante dans le développement de ces rapports. Soyez assuré que vous trouverez, tant auprès de moi-même que du gouvernement français, l'aide propre à faciliter votre mission.
- Je vous prie de transmettre à Son Excellence le président Zia Ul Haq, avec lequel j'ai eu l'occasion de m'entretenir en janvier dernier, les assurances de ma haute considération auxquelles je joins les voeux que je forme pour le bonheur et la prospérité du peuple pakistanais.\