23 février 1982 - Seul le prononcé fait foi

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Allocution de M. François Mitterrand, Président de la République, à l'occasion de la réception des Lettres de créance de M. Hiroshi Uchida, ambassadeur du Japon, Paris, Palais de l'Élysée, mardi 23 février 1982

Monsieur l'ambassadeur,
- C'est avec grand plaisir que je reçois aujourd'hui, de vos mains, les Lettres de créance par lesquelles Sa Majesté l'empereur du Japon vous accrédite auprès de moi-même et de mon gouvernement en qualité d'ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Japon.
- Vous-même, monsieur l'ambassadeur, connaissez notre pays pour y avoir fait une partie de votre carrière. Vous parlez notre langue. Vous serez donc, j'en suis assuré, un témoin de ce que nous sommes et des transformations que nous connaissons, un acteur privilégié du développement de nos relations.
- En effet, l'éloignement qui résulte de la géographie, les hasards de l'histoire font que, par delà les affinités qui les rapprochent, nos deux pays ont encore beaucoup à faire pour se mieux connaître. La France, vous le savez mieux que personne, n'est pas seulement une fabrique d'objets de luxe et un musée d'oeuvres d'art. Fière de son histoire et de sa culture, elle est engagée dans une grande mutation industrielle et technologique. Protégeant son patrimoine, gérant le présent, elle est déjà entrée de plein pied dans le futur. Votre pays pour sa part, n'est pas uniquement ce grand laboratoire des technologies de demain qui suscite souvent notre admiration et parfois notre inquiétude, confrontés que nous sommes à son dynamisme commercial. Il est aussi marqué du sceau de la diversité, riche d'un passé prestigieux, d'une culture raffinée et conscient aujourd'hui des responsabilités qui incombent à une grande puissance.
- Nous devons agir désormais pour que nos deux peuples aient, l'un de l'autre, une image qui reflète plus fidèlement leur réalité. Des efforts ont été faits, il convient de les poursuivre.\
J'aurai bientôt le plaisir de me rendre dans votre pays. Cette première visite officielle d'un chef d'Etat français au Japon sera pour nous l'occasion d'approfondir cette connaissance mutuelle si nécessaire à toute compréhension et à tout échange véritables. Je souhaite aussi que ce voyage marque le début d'un dialogue fructueux, dense et régulier entre la France et le Japon. Comment pourrait-il en être autrement alors que nos deux pays se trouvent dans des situations à bien des égards semblables. Il y a ces idéaux que nous partageons : liberté, démocratie, foi commune dans le progrès. Il y a ces contraintes que nous subissons : nous sommes tous deux fortement tributaires de nos échanges avec l'extérieur, qu'il s'agisse d'assurer notre croissance économique ou notre approvisionnement énergétique. Nous devons donc pouvoir faire face ensemble à des tâches communes : préservation de la paix mondiale, reconstruction d'un système économique et monétaire international plus juste et plus efficace, développement des pays du Sud. Je suis convaincu que non seulement les intérêts de nos deux pays doivent pouvoir converger mais encore que la France et le Japon, de par les positions privilégiées qu'ils occupent en Europe et en Asie, ont intérêt à développer leur concertation pour apporter leur contribution commune à la solution des problèmes qui se posent à notre monde.
- Je ne doute pas qu'à la tête de la mission diplômatique que vous dirigez vous aurez, vous aussi, à coeur de favoriser ce nécessaire rapprochement de nos deux pays. Soyez d'ores et déjà assuré de mon soutien personnel et de celui du gouvernement français dans l'heureux accomplissement de votre mission.
- Je saisis l'occasion que nous offre cette première rencontre pour vous demander de bien vouloir transmettre à Sa Majesté l'empereur du Japon l'expression de mes sentiments très respectueux ainsi que les voeux que je forme pour son bonheur et sa santé, et la prospérité du peuple japonais.\