29 mars 2017 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et l'Indonésie, à Jakarta le 29 mars 2017.


Je remercie le président Joko Widodo pour son invitation. C'est en effet la première fois depuis plus de 30 ans qu'un Président de la République française vient en visite ici en Indonésie.
C'est un honneur et c'est aussi une responsabilité, parce que nos deux pays, l'Indonésie et la France, sont des puissances dans leurs régions respectives. Ce sont des démocraties qui entendent jouer un rôle à l'échelle du monde, c'est pourquoi nous partageons un grand nombre de principes tels que la stabilité, la sécurité et l'avenir de la planète.
Nous sommes l'un et l'autre membres du G20. Nous agissons dans les instances internationales et l'Indonésie prend sa part dans les opérations de maintien de la paix. J'y suis particulièrement sensible puisqu'il y a des soldats indonésiens notamment au Liban, dans le cadre de la FINUL, c'est dire si l'Indonésie a pris conscience que la sécurité était un élément planétaire et qu'elle ne pouvait pas se réduire à telle ou telle région. Nous avons aussi des visions communes sur la solution qu'il convient de donner aux conflits, la négociation, le dialogue, et notamment au Proche-Orient.
Nous avons, l'Indonésie et la France, un partenariat stratégique, depuis 2011, que nous voulons encore amplifier et stimuler. C'est ce que nous avons décidé aujourd'hui à travers un grand nombre d'accords, sur l'exploitation qui doit être maîtrisée de la ressource halieutique, des pêches, sur les énergies marines, sur le développement d'une agriculture durable, sur les infrastructures, les transports et également toutes les énergies renouvelables.
Nous avons aussi défini une démarche commune concernant l'huile de palme, parce que nous savons ce que cette production représente, ici en Indonésie. J'étais également en Malaisie, c'est une part très importante de l'activité agricole qui est consacrée à cette production d'huile de palme. Chacun est bien conscient que nous devons respecter des règles environnementales. C'est la raison pour laquelle la France soutient le processus qui consistera à la certification de ces productions à l'échelle européenne, comme il l'a été fait d'ailleurs pour le bois tropical, à votre initiative. Je pense que ce que nous venons de convenir entre nos deux pays sera la règle pour l'Union européenne, avec le souci de donner aux consommateurs la meilleure production et pour les producteurs les garanties sur ce débouché.
Nous avons aussi, avec le Président, mis dans notre partenariat stratégique d'autres éléments que ceux qui pouvaient jusqu'à présent être contenus. D'abord une commune préoccupation pour les questions de défense, parce que nous savons bien que des pays comme les nôtres, dans une région comme celle-là, doivent disposer d'une autonomie stratégique, doivent disposer des équipements, des matériels, des personnels pour les servir. Entre la France et l'Indonésie, il y a cette coopération qui va encore s'intensifier.
Nous avons aussi, dans un tout autre domaine qui est aussi celui de l'indépendance, convenu de promouvoir les industries créatives, c'est-à-dire le cinéma, mais aussi le design, les jeux vidéo. Pourquoi ? Parce que d'abord c'est un élément essentiel de la vie de nos concitoyens et parce que nous devons avoir notre propre capacité de production. Nous devons développer nos propres créations et éviter l'uniformité, garder ce qui fait notre spécificité, notre richesse, notre diversité et là encore nous allons pouvoir coopérer.
Enfin, je n'apprendrai rien à personne, l'Indonésie est un archipel qui compte des milliers d'îles, donc nous avons toute raison de développer encore les moyens de transport. Vous avez fait confiance à Airbus et à des compagnies qui travaillent avec la France, qui achètent des avions français. Nous voulons participer à ce développement qui a des conséquences aussi pour le tourisme, mais nous voulons également, et l'Agence Française de Développement apportera ces prêts, développer les ports, les infrastructures dans les îles de l'archipel indonésien.
Un dernier mot : l'Indonésie est le pays qui compte le plus de musulmans au monde, et l'Indonésie a développé un modèle de tolérance, d'ouverture qui est un exemple, avec une neutralité religieuse et une liberté donnée. Nous devons là aussi nous en inspirer. La France a un autre modèle qui est celui de la laïcité, mais qui part du même principe : la liberté religieuse à condition que les règles communes soient respectées. Donc c'est à travers cette conception de l'Islam qui est la vôtre, que nous devons être clairs sur la manière de vivre ensemble, être fermes aussi dans la lutte contre le terrorisme, contre la radicalisation et en même temps éviter toute stigmatisation, toute mise en cause d'une religion. Là aussi, c'était le sens que je voulais donner à ma visite ici, en étant très heureux d'avoir mis un terme à une parenthèse qui avait duré 30 ans. Merci.