10 février 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur le pôle Ecotox, un structure de recherche qui mesure l'influence des polluants sur la santé humaine, à Alixan le 10 février 2017.


Mesdames et Messieurs les Parlementaires, les Elus,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,

Je tenais à venir inaugurer cette plateforme Ecotox. J'en avais beaucoup entendu parler. Pas une réunion à l'Elysée sans que Didier GUILLAUME ne me presse de venir à tout prix et à tout moment inaugurer cette plateforme. Il m'en parlait avec un langage compliqué, m'expliquant ce qu'il y avait ici et me donnant l'envie de voir de moi-même ce qu'il en retournait. Je n'ai pas tout vu et pour vous faire une confidence, je n'ai pas tout compris.
Je veux vous faire partager à la fois ma curiosité et en même temps mon admiration pour ce qui a été fait ici parce que c'est un projet qui a nécessité un engagement de près de dix ans des élus Didier GUILLAUME et le député BIANCHERI en tout premier lieu - puis ensuite de tous ceux qui ont eu vocation au niveau du département, de la région, de l'agglomération de s'en préoccuper, voyant dans ce projet à la fois une occasion pour le bassin d'emploi de connaître un investissement considérable et en même temps, pour la France, de disposer d'une plateforme unique en Europe. C'est la raison pour laquelle je tenais, comme Président de la République, à venir l'inaugurer.
C'est en effet dix ans de travail, dix ans d'investissement, dix ans de mobilisation pour arriver à cet équipement tout à fait majeur. Je n'en ai vu qu'une certaine partie. Je n'ai pas vu le sous-sol, je n'ai pas vu ce qui se passait à côté parce qu'il y a là, à la fois le secret qui doit demeurer et en même temps, il y a tout un équipement qui progressivement donnera sa performance et sa rentabilité.
Parce qu'investir dans une structure comme celle-là, c'est faire un choix d'avenir. C'est penser que c'est à dix ans que la rentabilité sera trouvée et que la performance sera atteinte. C'est tout le sens de l'effort que nous devons faire au niveau de l'Etat pour la recherche. La recherche n'est pas un investissement de court terme. La recherche s'inscrit nécessairement dans la durée. L'effort de recherche fondamentale est essentiel.
C'est la raison pour laquelle j'ai veillé comme Président de la République à maintenir, à préserver les crédits qui sont affectés à la recherche fondamentale, voire à les augmenter et également à maintenir l'emploi scientifique, de façon à ce que tous les chercheurs partant en retraite ou gagnant d'autres activités, y compris dans le secteur privé, puissent être remplacés. Nous avons besoin d'emplois scientifiques.
Puis il y a eu au-delà des crédits budgétaires, les programmes d'investissement d'avenir, pour rappeler d'abord que c'est lié au grand emprunt qui avait été lancé par mon prédécesseur et qui s'est transformé en programme d'investissement d'avenir autour du Commissariat général à l'investissement. J'ai ajouté deux volets supplémentaires à ce programme initial qui avait été lancé et c'est ce qu'on appelle le PIA 2, doté de 12 milliards et le PIA 3 doté de 10 milliards supplémentaires. C'est avec ces programmes-là, avec ces fonds-là qu'il y a eu la présence de l'Etat pour ce que vous avez engagé ici avec la plateforme Ecotox.
Ce programme des investissements d'avenir vise à innover par les recherches qui seront menées mais à innover aussi par l'esprit qui doit être celui que vous avez d'ailleurs ici mis pour cette plateforme. Il s'agit de regrouper des recherches publiques et des recherches privées. Il s'agit de rassembler ici des acteurs publics et des acteurs privés. D'ailleurs votre structure en termes de capital associe des entreprises privées, qui sont d'ailleurs majoritaires, et des acteurs publics, notamment l'Etat.
C'est très important que l'on puisse avoir cette coopération, cette collaboration. Mais il ne suffit pas d'être innovant sur le plan de l'organisation : il faut être aussi innovant sur les recherches qui sont menées. Le Pôle Ecotox est un équipement de pointe qui permet cela a été dit par son président de mesurer, d'expérimenter l'impact de tout produit dans un environnement maîtrisé. Les laboratoires que j'ai visités testent des produits à des doses infinitésimales et mesurent l'action de ces produits sur le long terme avant qu'ils ne soient commercialisés.
Je le disais, cette plateforme est unique en Europe et aura donc vocation à compter de plus en plus d'activités. Elle croise plusieurs domaines d'expertise et d'excellence, relevant de la chimie, de la biologie, de la santé et donc de l'environnement. C'est un projet pluridisciplinaire qui s'appuie sur des chercheurs de spécialités différentes et j'en ai rencontrés ici un certain nombre, avec des parcours qui pouvaient effectivement les avoir conduits dans des domaines de recherche qui maintenant pouvaient être exploités ici.
J'insiste sur la présence des entreprises, des PME, des ETI dans la plateforme Ecotox et je sais qu'ici il y en a plusieurs qui représentent ces entreprises. C'est très important qu'elles puissent être au contact de la recherche au plus haut niveau et qu'elles puissent ainsi valoriser ce qu'est leur activité. Beaucoup de ces entreprises bénéficient du crédit impôt recherche qui est vraiment une spécificité française. Dans l'attractivité de notre territoire, pour susciter la création de laboratoires ou attirer des investissements, ce crédit impôt recherche est essentiel. J'ai voulu qu'il soit entièrement sanctuarisé tout au long du quinquennat parce qu'il est pour les entreprises un puissant facteur d'innovations et d'emplois de chercheurs.
Nous avons aussi en France c'est un atout des ingénieurs, des chercheurs, des techniciens qui sont reconnus dans le monde entier et qui peuvent ainsi, dans une plateforme comme celle-là, faire valoir leurs talents. Il y a aussi une autre volonté qui justifie l'intervention de l'Etat : c'est que la plateforme Ecotox s'inscrit dans la transition écologique. Nous avons en effet, une réglementation, une réglementation européenne qui oblige beaucoup d'entreprises qui veulent commercialiser des produits à maintenant être soumises à des contrôles.
Ici, vous avez développé tous les outils techniques permettant d'avoir cette vérification. Plus de 500 substances seront soumises d'ici dix ans à des tests, c'est dire si votre plateforme est promise à un grand avenir. Parfois la réglementation irrite, parfois la réglementation est jugée comme contraire aux intérêts économiques. Ici, c'est tout le contraire : c'est la réglementation qui va susciter l'innovation, la recherche et finalement la performance. Ce sont les produits et les entreprises qui seront les plus innovantes et qui seront les plus sûres, qui auront demain le développement le plus intéressant et le plus dynamique.
Puis il y a un autre enjeu que chacun comprend, c'est d'être en sécurité par rapport à la santé et en devoir par rapport à l'environnement. C'est donc à notre industrie d'être capable d'inventer des solutions durables et compétitives pour que nous puissions être à la fois à la hauteur de ce qui nous est demandé et à la hauteur de ce que les populations qui demandent à être protégées exigent aujourd'hui. Pour faire les évaluations, votre plateforme sera donc particulièrement dynamique et répondra à ces besoins.
Votre plateforme est mise en uvre par la société ROVALTAIN RESEARCH COMPANY. C'est une entreprise qui aujourd'hui propose des services d'ingénierie, de modélisation, d'expérimentation et qui mesure les effets des substances chimiques. Pour parvenir à ce résultat qui est exceptionnel, il a fallu mobiliser des financements. C'est là que, au-delà des sensibilités politiques, au-delà des structures territoriales, il y a eu véritablement une recherche qui a abouti, puisque vous avez pu mobiliser les financements du Conseil général de la Drôme.
A l'époque de Didier GUILLAUME, cela s'appelait Conseil général £ maintenant, on a franchi une étape supplémentaire : c'est le Conseil départemental. Patrick LABAUNE en est donc le président. Il y a eu une continuité parfaite puisqu'il y a eu 10 millions d'euros de financement qui ont été ainsi mobilisés et 23 millions grâce à DRÔME HABITAT, c'est-à-dire l'aménagement de tout ce qui compose cette plateforme. La Région, je veux aussi saluer ses représentants - 15 millions d'euros et les fonds européens 3 millions d'euros et enfin l'Etat, à travers le programme des investissements d'avenir et si je peux me permettre en toute indépendance pour la Caisse des dépôts, avec cet établissement financier qui s'est également engagé et qui participe en plus au capital. Comme vous le disiez, monsieur le président, c'est très important d'avoir une présence au capital. L'Etat, à travers la Caisse des dépôts, y est tout à fait présent.
Je veux également souligner ce qu'est l'aventure de cette plateforme, parce qu'elle associe des grandes universités de Lyon, de Grenoble et des grands instituts de recherche pour le projet scientifique qui est le vôtre. Là-encore, ce n'était pas du tout évident d'avoir cette association des grands pôles de recherche avec cette entreprise d'un statut très particulier, puisqu'il y a une fondation qui la porte, mais d'avoir cette association entre recherche publique et recherche privée.
Il y a aussi des créations d'emploi même si ce n'est pas dans ce domaine que les effectifs sont les plus nombreux. Quand on voit l'ampleur de ce bâtiment, on se dit : « Comment se fait-il qu'il n'y ait que 25 emplois ? » On m'a dit qu'il y en aurait bientôt cent. Je ne sais pas avec quel rythme nous pourrons atteindre cet objectif mais d'ici 2020 ou 2022, nous pourrions avoir cette possibilité de créer des emplois. Ce sont des emplois de niveau exceptionnel, qui surtout, créent d'autres emplois dans l'environnement.
Puisque je parle d'emploi, il y a eu pour l'année 2016 un record qui a été atteint : jamais il n'y avait eu autant de créations d'emploi en 2016 depuis 2007, depuis près de dix ans. 191 000 emplois privés ont été crées. S'ajoutant à 100 000 en 2015, nous avons donc là des gisements d'emplois qui ont pu être mis à jour et une activité économique qui s'est traduite par des créations d'emplois.
Nous avons aussi cette satisfaction de voir que le niveau de l'emploi en France a atteint un record et il a dépassé ce qui avait pu être constaté fin 2008, c'est-à-dire qu'en dix ans nous avons pu reconstituer les emplois perdus et en créer davantage. C'est dû à plusieurs facteurs.
Bien sûr, il y a la croissance économique en elle-même, mais il y a un enrichissement de la croissance par l'innovation, par une compétitivité retrouvée et aussi par de nouveaux emplois qui sont crées dans des secteurs très différents, notamment les services, ce qui fait que nous avons en France, malgré un taux de croissance qui n'est pas le plus élevé, plus de créations d'emploi. C'est d'autant plus important en France que nous avons une population active qui continue d'augmenter, près de 110 000 à 120 000 personnes qui se présentent en plus chaque année sur le marché du travail.
Pour diminuer le chômage, il faut créer plus d'emplois qu'il n'y a de population active nouvelle qui se présente sur le marché du travail. C'est ce qui s'est fait et c'est ce qui explique la baisse du taux de chômage. Nous avons donc ici la démonstration que nous pouvons mobiliser des financements publics et des financements privés, que nous pouvons associer des acteurs publics et des acteurs privés et que nous pouvons être à la pointe de l'innovation et de la recherche.
Dans la mondialisation, ce sont les pays qui auront fait cet effort qui seront les meilleurs. Pour ces produits-là, ce que vous inventez ici, nous ne devons craindre aucun pays et même aucune barrière douanière. Je vois qu'il y a un certain nombre de pays, un notamment, qui veulent rétablir un certain nombre de protections, à tort à tort pour son économie d'abord mais on voit bien qu'il y a des produits qui, de toute façon, seront nécessaires à l'économie du monde et les vôtres en particulier puisque vous évaluez l'impact sur l'environnement et sur la nature des substances qui peuvent être utilisées à travers de nombreux facteurs de l'économie d'aujourd'hui.
Vous poursuivez plusieurs objectifs. Celui de la recherche j'ai insisté beaucoup là-dessus celui de la performance, parce que vous allez améliorer la performance de beaucoup d'entreprises, vous avez aussi comme exigence l'environnement et la santé. C'est pourquoi ce que vous faites ici est si important. Si important pour la France, qui a une plateforme unique en Europe £ si important pour la recherche à travers cette mobilisation £ si important aussi pour les Français qui doivent savoir qu'ici, dans cette partie du territoire de la Drôme, il y a tout ce qui va les protéger par rapport à l'environnement et par rapport à la santé.
C'est pour toutes ces raisons que je tenais à venir, au-delà de la pression de Didier GUILLAUME sur moi, qui va maintenant cesser, c'était donc cet hommage que je voulais faire à cette grande réalisation qui est une réalisation pour vous, ici dans la Drôme, mais qui est une réalisation exceptionnelle pour la France. Merci.