23 janvier 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et la Colombie et sur l'accord de paix entre le gouvernement colombien et les FARC, à Bogota le 23 janvier 2017.


Mesdames,
Messieurs les Ministres,
Parlementaires,
Chefs d'entreprise,
Universitaires,
Artistes,
Hommes et femmes qui partageaient la même amitié entre la France et la Colombie, je suis désolé de m'exprimer sans chanter.
J'ai cru à un moment que le Président SANTOS allait le faire, et j'étais très troublé, aussi je m'étais entrainé à cet exercice depuis quelques mois avec notre ami Youri, mais c'était une épreuve, une épreuve pour moi, mais surtout une épreuve pour vous.
Je vous remercie de nous accueillir ici dans ce palais Narino et vous avez rappelé quelle était sa mission quand il a été chargé de traduire en espagnol la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et qu'il a établi ici un lien indéfectible entre nos deux pays.
La Colombie a su rester fidèle à cet idéal de liberté, de justice, de démocratie et pourtant la Colombie a traversé des épreuves d'une très grande violence.
Il y a toujours eu chez les Colombiens aussi une forme d'espérance et c'est ce que disait Gabriel GARCIA MARQUEZ lorsqu'il reçut lui aussi le prix Nobel et il avait appelé à l'éloge de la triomphante utopie de la vie.
Je viens en Colombie dans un moment historique, un moment que vous traversez pour aboutir à la paix. Une paix longtemps attendue qui vient enfin et qui concrétise tous vos efforts.
Monsieur le Président, tout votre courage pour arriver maintenant à ce que cet accord qui a été conclu puisse être mis en uvre.
La France est à vos côtés, vous le savez, elle a été présente dès les premiers pas du processus de paix en 2012 et continuera à vous accompagner autant qu'il sera possible, à la fois par sa place au Conseil de sécurité, comme par les moyens que nous avons dégagés pour mettre en uvre avec vous l'accord de paix.
Demain nous irons ensemble près de Cali dans une zone où les guérilleros, les FARC commencent à se concentrer pour y être désarmés, immobilisés, et revenir à la vie civile.
J'ai toute confiance dans la capacité de la Colombie d'aller dans cette direction jusqu'au bout et d'apporter une éducation, le développement, l'agriculture pour ces populations.
J'ai également une pensée pour toutes les victimes, les victimes de toutes les violences et notre rôle sera aussi de contribuer à la vérité notamment sur les disparus
Nous croyons à la raison, à la connaissance, au savoir, à la culture. Nous pensons que le mensonge peut être vaincu. Nous sommes déterminés à lutter contre la peur et contre tous ceux qui utilisent le désarroi des peuples pour leur plus grand malheur. Et c'est pourquoi, nous avons mis la culture au cur de notre relation.
Je vous l'ai dit, la Colombie peut être fière de ce qu'elle a engagé. Elle peut aussi être fière de ses créateurs, de ses auteurs, de ses musiciens, de ses cinéastes et même de ses chefs de cuisine et nous saluons celui de ce soir.
Je viens ici aussi avec une délégation de chefs d'entreprise de toute taille, grandes et petites, qui ont confiance dans la Colombie. La France est le premier employeur étranger en Colombie avec 100000 emplois directs. Nous avons confiance dans le développement de votre pays et nous voulons le soutenir pour qu'il puisse être pleinement dans les instances internationales comme l'OCDE en capacité de faire valoir tous ses atouts.
Nous avions évoqué aussi l'enjeu de la planète, l'accord sur le climat, la biodiversité ici en Colombie et ce que nous devons faire avec les entreprises, avec les chercheurs, les universitaires pour que nous puissions être en avant-garde par rapport à cette cause et à la mise en uvre là-encore de l'accord historique de Paris.
Monsieur le Président, vous avez abordé un sujet délicat, qui pourrait même assombrir nos relations avec le sport. Mais d'abord sur le cyclisme et le Tour de France, moi j'ai le souvenir d'abord d'un grand champion, Lucho HERRERA, qui a fait connaître la Colombie avec ses exploits sur le Tour de France et maintenant c'est QUINTANA qui viendrait gagner le Tour de France. Lucho HERRERA avait eu cette réserve quand même de ne pas gagner. Mais nous sommes un pays ouvert, nous sommes conscients que le meilleur va gagner. Sur le football, FALCAO joue à Monaco, mais j'ai beaucoup de sympathie pour le club quand même, mais il n'est pas en tête du championnat, c'est un uruguayen qui est en tête, c'est CAVANI qui est en tête mais, je suis sûr que FALCAO va être parmi les plus grands.
Voilà que j'ai appris que la Colombie savait jouer au rugby, que vous vouliez faire même du rugby un des sports d'insertion et notamment pour les populations qui ont été victimes des violences. Là-aussi, vous pouvez être sûr de la coopération de la France, on vous accompagnera jusqu'au bout, sur le rugby.
Mais je veux conclure sur le sens même de cette visite. Ici vous nous donnez une belle leçon d'espérance, de confiance et alors qu'il y a des conflits qui demeurent dans des régions proches de l'Europe, alors même qu'il y a de la violence partout, alors même qu'il y a du terrorisme -et la France en a été la victime, même si elle a su répondre en étant unis- c'est vrai que vous nous montrez qu'il y a un chemin. Il y a toujours place pour le combat pour la démocratie, pour la liberté et pour la paix. Vous nous montrez qu'il n'y a pas de fatalité, que le monde s'il se prend lui-même en charge, s'il combat toutes les forces qui veulent le diviser, le monde peut retrouver la paix. C'est pourquoi, je veux lever mon verre à la Colombie, à ce qu'elle représente aujourd'hui aux yeux du monde.Vive la Colombie, Vive la France et Vive l'amitié France-Colombie.