21 janvier 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Conférence de presse de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations franco-chiliennes, à Santiago du Chili le 21 janvier 2017.


Madame la Présidente, chère Michelle BACHELET,
Je vous avais reçue plusieurs fois à Paris et je vous avais fait la promesse de venir ici au Chili, voilà, j'y tenais tout particulièrement parce qu'il y a des liens très profonds qui unissent nos deux pays -vous les avez rappelés, l'Histoire- et il y a aussi des relations très fécondes, très fructueuses pour le développement économique, culturel, scientifique et nous voulons vraiment les intensifier à l'occasion de cette visite.
La dernière visite d'un président de la République française au Chili remonte à plus de dix ans, c'était Jacques CHIRAC qui était venu. J'ai conscience d'être là dans des circonstances particulièrement douloureuses pour votre pays puisqu'il y a des incendies terribles qui ravagent un certain nombre de vos régions suite à une sécheresse de plusieurs années qui confirme d'ailleurs l'engagement qui doit être le nôtre pour faire respecter l'accord de Paris sur le climat et je tiens à vous exprimer la solidarité de la France et vous dire que tous les moyens d'une coopération peuvent être mobilisés car il y a là-encore une tradition entre nos deux pays en matière de sécurité civile.
J'évoquais les liens et ici dans ma génération, le Chili représente à la fois une douleur et une espérance. La douleur, ce fut quand il y a eu le coup d'Etat et lorsque le Président ALLENDE est mort ici dans ce palais £ et l'espérance, c'était ce que nous avions été capables de faire pour accueillir les exilés chiliens, puis ensuite pour l'accompagnement vers la démocratie. Et aujourd'hui, le Chili est un pays stable sur le plan politique, dynamique sur le plan économique et ouvert sur le monde et c'est un exemple pour beaucoup.
Vous avez, Madame la Présidente, mené des réformes courageuses £ il faut en faire, des réformes, et je pense que nous avons la même volonté pour l'éducation, pour la justice sociale, pour les droits, pour les droits des femmes auxquels vous êtes particulièrement attachée.
Alors nous avons voulu que nos relations, nos partenariats puissent porter les mêmes priorités £ d'abord la priorité pour la santé -ce qui explique l'accord qui a été passé- priorité pour la science, pour la recherche, pour l'innovation, pour les universités et c'est ce que nous avons aussi décidé de faire ensemble à travers cette année de l'innovation. Priorité pour l'éducation et nous avons là aussi une coopération pour la formation des enseignants et pour faire évoluer nos systèmes éducatifs. Et puis nous avons voulu donner une priorité aux énergies renouvelables et votre pays, là-encore, est un exemple et je suis heureux que les entreprises françaises puissent, là-encore, être avec vous, vous accompagner et notamment en matière d'énergies renouvelables puisque vous vous êtes fixé comme objectif 70% de production d'électricité à partir du renouvelable en 2050. Et demain, j'irai voir la centrale solaire où EDF fait en sorte de pouvoir être à vos côtés pour une réussite scientifique exceptionnelle.
Nous voulons être aussi partie prenante de votre développement économique, de nombreux chefs d'entreprise m'accompagnent £ il y a à peu près 250 entreprises françaises qui sont présentes ici au Chili et elles sont toutes décidées à investir davantage.
Nous voulons également mener à bien un certain nombre de vos projets en matière d'infrastructures, de transports, métro et tout ce qui peut permettre ce qu'on appelle la ville durable. Et là-encore, il y a eu à l'occasion de ma visite une initiative en ce domaine de la ville durable.
Mais nous avons entre le Chili et la France aussi des principes communs qui gouvernent nos politiques étrangères respectives. Nous avons d'abord la volonté de faire prévaloir la paix -moi je n'oublie pas ce qu'a fait le Chili pour être avec nous et avec la mission des Nations Unies en Centrafrique, en Haïti et là-encore, c'est un bel exemple que vous donnez au monde- et aussi c'est votre action, l'action de votre pays, pour le processus de paix en Colombie que vous accompagnez £ après-demain, je serai en Colombie et nous pourrons conjuguer nos efforts pour le développement d'un certain nombre de territoires en Colombie et faire en sorte que le processus aille jusqu'à son terme y compris avec l'ELN.
Nous avons aussi la même volonté de chercher le dialogue partout où c'est possible et notamment par rapport à la situation au Venezuela où nous sommes conscients qu'il faut rapprocher autant qu'il est possible les points de vue. Mais nous voulons aussi que notre action internationale puisse être guidée par des principes, notamment le multilatéralisme -vous êtes très attachée aux Nations Unies, nous aussi- et nous voulons qu'il puisse y avoir le respect des droits fondamentaux -par exemple l'abolition universelle de la peine de mort, la dépénalisation de l'homosexualité, la lutte contre les violences faites aux femmes- voilà ce que nous portons ensemble partout dans le monde et aussi nous avons la même exigence pour que l'accord sur le climat soit mis en oeuvre et donc respecté.
Nous voulons aussi qu'il y ait des accords qui puissent être conclus entre plusieurs régions du monde £ entre l'Union européenne et le Chili, il y a un accord d'association qui sera actualisé £ nous vous accompagnerons. Il y a également des discussions qui existent entre l'Europe et l'Amérique latine et nous faisons en sorte que nous puissions avec l'Alliance du Pacifique, nouer une relation particulière £ nous sommes tout à fait conscients de ce que représente l'Alliance du Pacifique et nous sommes tout à fait opposés au protectionnisme. Nous sommes pour une mondialisation régulée £ nous sommes pour qu'il y ait des normes sanitaires, sociales qui puissent être posées dans les échanges entre les pays et entre les régions du monde mais le protectionnisme est la pire des réponses £ c'est celle qui en définitive, empêche les échanges, nuit à la croissance et affecte l'emploi y compris dans les pays qui prônent le protectionnisme et qui surtout l'installent.
Voilà pourquoi il était très important de montrer que nous pouvons avoir des valeurs, des principes, avoir conscience que le progrès est une lutte et en même temps que nous sommes ouverts, ouverts au monde £ nous n'en avons pas peur et nous pensons que nous pouvons aussi changer le monde grâce aux échanges que nous avons décidé d'organiser ensemble.
Je suis très heureux donc d'être ici au Chili pour porter ce message £ c'est vrai, Madame la Présidente, il y a la solidarité liée à l'Histoire mais il y a aussi la solidarité liée à un certain nombre de combats que nous avons à mener et aussi de projets que nous avons à mettre en oeuvre. Et ici, au Chili il y en a de nombreux et je suis tout à fait heureux que des artistes, des universitaires, bien sûr des parlementaires m'accompagnent car cela signifie que les liens entre nos deux pays vont encore se renforcer.
Merci pour cette visite.