24 novembre 2016 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur l'OpenClassrooms, une école en ligne au service des chômeurs, à Paris le 24 novembre 2016.


Madame la ministre, chère Myriam,
Monsieur le Directeur général de Pôle Emploi,
et vous, les fondateurs, développeurs d'OpenClassrooms,
Je veux saluer cette initiative parce qu'elle correspond parfaitement à ce que j'ai voulu faire depuis plusieurs années.
Permettre d'abord qu'il puisse y avoir un suivi des demandeurs d'emploi. C'était l'engagement que Pôle Emploi avait pris, non pas simplement inscrire, indemniser, mais aussi accompagner et permettre d'accéder à une formation. Ensuite, faire en sorte que des nouvelles entreprises, ce que l'on appelle des start-up, puissent imaginer des programmes de formation diffusés à travers le numérique. Enfin, permettre à des demandeurs d'emploi qui sont depuis longtemps au chômage de pouvoir, grâce à ces formations, obtenir un diplôme et un emploi. Un diplôme, parce que c'est ce qui leur permettra, pendant toute leur carrière professionnelle, de valoriser ce qu'ils auront appris grâce à vous, et un emploi, parce que le but, c'est que cette formation puisse correspondre aux métiers d'aujourd'hui et de demain.
La lutte contre le chômage obéit à plusieurs logiques. Il y a une logique économique. Il faut qu'il y ait de la croissance, de l'activité, donc tout faire pour que nous ayons le meilleur environnement possible. Il y a des considérations qui sont liées au coût du travail £ c'est ce que nous avons fait à travers le Pacte de responsabilité. Il y a ce qui relève de l'innovation, de l'investissement, et on voit bien qu'il y a ici ce qui a été conçu, en l'occurrence par deux jeunes chefs d'entreprise, qui ont investi et créé de nouveaux services et de nouveaux emplois.
Puis il y a la formation. La formation, c'est l'enjeu majeur. Nous pouvons avoir une reprise de la croissance, de nouveaux métiers qui se créent, des emplois qui sont proposés par les chefs d'entreprise, mais s'il n'y a pas les salariés qui correspondent à ces qualifications, le chômage structurel continue de demeurer à un niveau élevé, alors-même qu'il y a des possibilités de créations d'emplois.
Vous avez, vous, eu cette idée, une belle idée, pouvoir utiliser le numérique, proposer des formations à travers des écrans et avoir un système d'accompagnement, de mentor, de tuteur, qui accompagne les demandeurs d'emploi. C'est cette alliance entre la technologie et l'humain car l'humain est toujours là qui permet d'avoir ce suivi, cet accompagnement, cette diffusion de la connaissance et du savoir.
Il y a aussi une autre leçon, c'est que pour accéder à ces formations, il n'y a pas d'âge requis £ on peut le faire à tout moment de sa vie. Il n'y a pas, non plus, de diplômes exigés. Au contraire ! Il n'y a pas non plus de quartier qui soit regardé comme prioritaire. En fait, ce que vous proposez, c'est ouvert à tous les territoires, les territoires les plus isolés, ruraux, comme les territoires les plus urbains où il n'y a pas toujours les réseaux qui permettent d'accéder à la bonne formation et à l'information. Enfin, il y a un niveau d'exigence. Le numérique permet tout, mais faut-il encore que nous soyons assurés qu'à travers le numérique, à travers ce que vous allez inventer je veux saluer ici tous vos salariés vous puissiez offrir ce qu'il y a de mieux pour la connaissance, la compétence et qu'il y ait donc, à la fin, des chefs d'entreprise qui puissent recruter.
Nous avons voulu que, à travers le plan « 500.000 formations », il puisse être fait appel à des entreprises qui donnent le meilleur de ce qui pouvait être offert en termes de qualification. Et vous êtes une de ces entreprises, OpenClassrooms. Vous-même, vous êtes une entreprise en plein dynamisme. A travers ce plan « 500.000 », nous avons voulu que les demandeurs d'emploi qui, souvent, étaient chômeurs depuis longtemps, puissent avoir non pas une formation, un stage pour attendre je ne sais quelle situation nouvelle, et percevoir une indemnisation, ou pour sortir des catégories statistiques des demandeurs d'emploi : non, une formation qualifiante, une formation qui débouche sur un emploi. Une formation qui peut être de durée tout à fait variable : deux mois, trois mois, six mois, mais à chaque fois, qui puisse être utile aux chômeurs et aux salariés qui seront finalement choisis par les chefs d'entreprise.
Ce que j'avais relevé, qui m'était apparu comme insupportable, c'est que, parmi les demandeurs d'emploi, il n'y en avait qu'un sur dix à qui l'on proposait une véritable formation. Nous avons donc voulu en terminer avec cette situation. Le chômage est un moment où la formation pourra permettre à un jeune, à un moins jeune, parfois écarté depuis longtemps du marché du travail, de pouvoir retrouver confiance, fierté, capacité, compétences et emploi.
La bataille, je l'ai dit, est longue, elle est engagée depuis maintenant plusieurs années, elle porte ses fruits. Depuis maintenant le début de l'année, le chômage baisse, même s'il reste toujours trop élevé, et même si, pour les chômeurs, cela reste une situation extrêmement difficile à vivre. Ce que nous voulons faire, à travers cet exemple, c'est montrer qu'il y a des solutions, que nous pouvons, en faisant converger tous nos efforts, l'effort d'innovation, le vôtre, l'effort de formation et d'indemnisation, l'effort de qualification des demandeurs d'emploi, réussir £ qu'il y a de l'espoir à donner, même si c'est très difficile. Il n'y a pas plus belle joie que de voir des demandeurs d'emploi enfin qui étaient hier demandeurs d'emploi, qui ont suivi une formation, une qualification, qui ont pu le faire dans les meilleures conditions grâce à votre technologie de recevoir un diplôme et d'avoir un métier ainsi qu'un chef d'entreprise pour les accueillir.
Donc voilà pourquoi nous nous battons. Parfois, on s'interroge. Est-ce que tout ce que nous mettons en place comme dispositifs va trouver son aboutissement ? Oui, mais il ne faut pas cesser de mener ce combat-là. C'est le combat le plus essentiel : faire que nous soyons tous ensemble, que chacune et chacun puisse avoir la capacité de pouvoir se former.
Le grand enjeu des prochaines années, c'est la formation. C'est bien sûr l'éducation pour les plus jeunes, éviter le décrochage scolaire, faire en sorte que chaque jeune puisse accéder à la meilleure filière, que ce soit une filière professionnelle ou une filière générale, qu'il puisse avoir un niveau qui lui permette d'être sûr de trouver un emploi. Mais il y a la formation sur toute la vie ! Ce qu'il faut dire à tous ces salariés, c'est qu'ils vont avoir, avec le Compte Personnel d'Activité ce qui est une réforme considérable que Myriam EL KHOMRI a mise en uvre dans sa loi les possibilités de se former tout au long de leur vie professionnelle quels que soient les aléas dans l'entreprise, hors de l'entreprise, parfois pour changer d'emploi, pour avoir une promotion. C'est un compte qui leur appartient en propre et qui va permettre d'avoir l'accès à toutes les qualifications.
Pour terminer, une entreprise, finalement, peut créer de l'emploi au service de l'emploi. C'est ce que vous avez fait. Vous avez voulu, par votre innovation, créer de l'emploi par les salariés que vous avez recrutés, et permettre par leurs compétences, de donner l'accès à l'emploi à beaucoup d'autres. L'emploi crée l'emploi £ la formation crée l'emploi et l'innovation crée l'emploi. Voilà pourquoi, nous devons poursuivre, engager cette révolution de la formation, parce que cela en est une. Savoir que tout au long de sa vie, on va pouvoir accéder à une formation de qualité, c'est avoir confiance dans son propre avenir et dans le pays dans lequel on vit.
Merci à tous de nous donner cet exemple. Félicitations aux diplômés et continuons autant qu'il est possible, cette bataille de la formation pour tous.