25 octobre 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la lutte contre le groupe terroriste Daech en Irak et en Syrie, à Paris le 25 octobre 2016.

Mesdames, Messieurs, les ministres de la Défense et des membres de la coalition, je veux d'abord remercier Jean-Yves LE DRIAN d'avoir organisé cette réunion et vous, d'y avoir participé.
Nous sommes réunis en effet aujourd'hui pour envisager les suites de l'opération que nous menons au Levant. Je veux, en préalable, rendre hommage à tous les militaires de la coalition qui accomplissent un travail exceptionnel pour lutter contre Daech et donc contre le terrorisme.
Il y a un an, Daech était à Falloujah, à Badji, et seulement à quelques dizaines de kilomètres de Bagdad, telle était la situation. Depuis, grâce à vous, grâce à la coalition, grâce aussi aux forces de sécurité irakiennes et aux Peshmergas qui ont fait l'essentiel du travail, puisque ce sont ces forces-là qui sont sur le terrain, une grande partie du territoire irakien a été reconquis.
La France a pris sa part dans ces opérations, alors même que nos armées sont mobilisées sur plusieurs théâtres, notamment en Afrique, mais j'ai considéré qu'il fallait nous engager dès 2014, en Irak, pour faire face à Daech. C'était notre devoir et nous l'avons assumé.
Après les attentats terribles qui ont eu lieu en janvier, puis en novembre 2015, j'ai décidé de renforcer nos actions et de frapper Daech également en Syrie parce que nous savons que c'est cette organisation, d'Irak et de Syrie, qui a organisé, préparé et, hélas, fait perpétrer ces actes et ces attaques terroristes en France, et d'ailleurs dans beaucoup de pays. Vous êtes ici plusieurs à avoir été concernés.
Ces dernières semaines, et sur proposition du ministre de la Défense, dans la perspective de la reprise de Mossoul, j'ai décidé d'installer une batterie d'artillerie qui appuie les forces irakiennes avec des instructeurs qui forment et entraînent les combattants.
Notre coalition est aujourd'hui aux portes de Mossoul, une ville de 2 millions d'habitants, dont Daech s'est emparé en 2014, et qu'il avait organisée comme une capitale de son impossible califat.
Comment gagner cette bataille ? D'abord, ce sont les forces irakiennes avec les Peshmergas, qui prennent leur part de la bataille, c'est leur unité qui sera nécessaire pour le succès. Ensuite il y a ce que nous apportons avec la coalition.
Cette reconquête, qui prendra du temps, n'est pas une fin en soi, car nous devons d'ores et déjà anticiper les conséquences de la chute de Mossoul. C'est dans ce but que la France, il y a quelques jours, a réuni l'ensemble des ministres des Affaires étrangères des pays concernés, à Paris, pour imaginer ce que sera l'après Daech à Mossoul. L'enjeu c'est l'avenir politique de cette grande ville, de la région et de l'Irak, et les pays de la coalition sont aussi là pour aider à la mise en place d'une gestion qui inclura toutes les composantes qui constituent la population de Mossoul. Tous les groupes ethniques, tous les groupes religieux, devront être représentés, et la paix tant attendue sera alors au rendez-vous.
Le second enjeu est humanitaire. Nous pouvons craindre, et nous en avons déjà eu, hélas, quelques preuves, que Daech utilise tous les moyens d'action, les plus barbares donc, vis-à-vis des habitants, et retarde la prise de Mossoul, ou fasse des actions terroristes dans d'autres villes, et c'est ce qui s'est produit ces derniers jours.
Notre but doit être de dissuader ces actions-là, de les prévenir, de les empêcher, mais aussi nous-mêmes de protéger la population civile, pas de la frapper comme d'autres le font en Syrie, et notamment à Alep.
L'action militaire doit intégrer cette dimension, et je sais qu'elle est dans l'esprit de chacune et de chacun ici. Nous sommes tous conscients de nos responsabilités, et nous savons que des dizaines de milliers de personnes vont être contraintes de subir l'assaut et, pour certaines, de fuir sur les routes, Il faudra là encore leur venir en aide.
Parmi ces colonnes de personnes qui quitteront Mossoul, il y aura aussi des terroristes qui se cacheront, qui se dissimuleront et qui tenteront de pouvoir aller plus loin et notamment vers Raqqa. Nous devons donc clairement les identifier. Cela passe par un large partage de nos informations, de nos renseignements £ c'est aussi l'utilité de cette réunion.
C'est une absolue nécessité. De même que nous devons être très vigilants face au retour des combattants étrangers, ceux qui sont aujourd'hui dans la zone de Mossoul, peut-être aussi dans la zone de Raqqa et qui peuvent avoir l'intention de revenir vers leur pays d'origine.
Là aussi nous devons prendre toutes les dispositions pour les interpeller et pour éviter qu'ils ne puissent commettre un certain nombre d'actes.
De la même façon, nous savons qu'à mesure que Daech va reculer, cette organisation terroriste va être tentée de commettre des actes partout ailleurs. Donc là encore nous devons faire preuve d'une grande vigilance et d'une très grande coordination.
Nous devons aussi regarder ce que nous aurons à faire dans les prochaines semaines. Et je pense notamment à Raqqa. Nous sommes conscients qu'un certain nombre de terroristes vont aller vers Raqqa. Ce sera d'ailleurs, si Mossoul tombe, le dernier bastion de Daech. Et c'est la raison pour laquelle vous devez travailler ensemble pour que nous puissions fixer les étapes des prochaines opérations.
Nous devons faire en sorte que Daech soit éradiquée et détruite partout et qu'elle ne puisse pas se constituer encore une place forte. Car toute place forte sera une menace pour nos propres intérêts et pour notre propre sécurité.
Ce qui est engagé est très important à travers l'opération de Mossoul £ cela exigera toutes les précautions que j'ai indiquées, toutes les vigilances qui sont indispensables, toutes les opérations que nous devrons également poursuivre sur le terrain, mais nous ne devons pas perdre l'objectif final : gagner la guerre contre Daech.
Nous y sommes déterminés sur le plan politique, nous y sommes militairement préparés, nous devons réussir. C'est l'intérêt de l'Irak, c'est l'intérêt de la région et c'est aussi notre propre sécurité qui se joue là.
Je voulais donc mesdames et messieurs, vous remercier pour le travail que vous avez mené depuis déjà plusieurs mois et que vous allez encore poursuivre. Nous avons besoin de cette unité, de cette cohésion, celle que vous manifestez en venant ici. Et je veux que vous puissiez témoigner à vos dirigeants, chefs d'Etat et chefs de gouvernement, notre complet soutien pour l'action qui est menée et dire à tous les militaires et à toutes les forces qui sont engagées que nous sommes très fiers du travail qui a été accompli et qui va maintenant se poursuivre.
Merci.