15 juillet 2016 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur l'attentat terroriste à Nice, à Nice le 15 juillet 2016.


Je voulais venir à Nice ce matin après avoir tenu un Conseil de Défense avec le Premier ministre et les principaux ministres engagés dans ce que doit être notre réponse face à cet acte innommable qui a consisté pour un individu à s'emparer d'un camion et de l'utiliser à des fins meurtrières. Pourquoi Nice ? Parce que c'est une ville mondialement connue, une des plus belles villes de la planète. Pourquoi le 14 juillet ? Parce que c'est la fête de la Liberté et c'est bien donc pour toucher la France que cet individu a commis cette attaque terroriste.
Avec le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, la ministre des Affaires sociales et les élus qui nous ont accompagnés, nous avons voulu d'abord prendre en compte l'organisation aujourd'hui de ce que nous devons faire pour l'ensemble du département et de la ville pour lui assurer une pleine sécurité pour éviter que -s'il devait y avoir des complices- il puisse y avoir la moindre menace pour la population mais nous avons aussi voulu exprimer notre compassion à l'égard des victimes, de leurs familles. Au moment où je m'exprime, 80 personnes sont mortes, 84 exactement et il y a une cinquantaine de personnes qui sont encore en urgence absolue, c'est-à-dire entre la vie et la mort. Parmi ces victimes, il y a des Français, il y a aussi beaucoup d'étrangers venus là-encore de tous les continents et il y a beaucoup d'enfants, de jeunes enfants qui étaient venus assister à un feu d'artifice en famille, pour avoir de la joie, pour partager un bonheur, un éblouissement, et qui ont été ainsi frappés, frappés à mort pour simplement satisfaire la cruauté d'un individu et peut-être d'un groupe.
Nous avons aussi vu les blessés, les nombreux blessés qui ont surtout des images effroyables encore dans la tête et qui, s'ils souffrent dans leur chair, souffrent encore davantage pour cette brûlure psychologique. Il y a même des personnes qui n'ont pas eu de traumatisme physique mais qui porteront longtemps, toute leur vie le traumatisme pour ces images d'horreur qu'ils ont hélas dû partager. Beaucoup m'ont dit qu'ils ne se rappelaient plus de rien, de ce qui avait pu causer leurs blessures mais en revanche, ils se souvenaient de ces corps déchiquetés qu'ils avaient sous les yeux. Voilà pourquoi nous devons, la France tout entière, partager cette émotion, cette solidarité avec les victimes, avec leurs proches, avec leurs familles.
Puis, il y a aussi l'engagement, le courage que nous avons pu une fois encore relever parmi les forces de sécurité toutes mobilisées qui avaient pris toutes les dispositions pour que ce feu d'artifice puisse être autant qu'il était possible protégé -comme cela avait été le cas d'ailleurs pendant l'Euro, ici à Nice- et qui se sont engagées pour neutraliser l'assassin.
J'ai encore là à l'esprit ces jeunes policiers qui ont agi pour que le tueur puisse être tué et ainsi en finir avec le carnage. Oui, ces forces de sécurité pleinement investies, pleinement engagées, n'en pouvant plus par rapport à toutes les sollicitations de ces derniers mois depuis notamment les attentats de janvier et de novembre 2015 à Paris et à Saint-Denis.
Je veux ici toutes les saluer, ces forces-là qui sont la fierté de la France, la police, la gendarmerie, les services de renseignements, tous ceux qui contribuent à l'investigation, à l'identification.
Et puis, il y a les sapeurs-pompiers qui ont fait un travail extraordinaire avec les services de secours pour évacuer et pour conduire les blessés dans les hôpitaux de la ville et en
dehors-même de la ville puisque, le «Plan blanc» ayant été déclenché, de nombreux établissements ont accueilli les blessés.
Je me suis rendu dans cet hôpital qui a fait face, là-encore, avec des services d'urgence admirables, des médecins qui sont venus alors même qu'ils n'étaient pas en service toute la nuit pour opérer, pour intervenir, pour traiter, pour sauver des vies. D'autres n'ont pas pu l'être mais jusqu'au dernier moment tout a été fait. Et saluer tous les personnels de ces hôpitaux qui ont été d'un dévouement exemplaire.
Puis, il y a tous ces bénévoles, toutes ces associations qui immédiatement se sont également engagés. L'engagement est une leçon que nous devons tirer aussi de cette tragédie, de ce drame, de cette attaque terroriste, une de plus après déjà plusieurs autres ces cinq dernières années.
Nous sommes devant un combat qui va être long parce que nous avons un ennemi qui va continuer à frapper tous les peuples, tous les pays qui ont les libertés comme valeur essentielle.
Alors dans ce combat-là, nous devons compter sur l'engagement de nos forces, de nos services publics, de l'Etat tout entier. J'ai, avec le Premier ministre, depuis plusieurs mois pris les décisions qui étaient nécessaires pour renforcer les effectifs qui hélas avaient été parfois dégradés dans le passé. Mais nous n'en avons pas terminé, et donc nous continuerons à mettre notre vigilance et notre protection au service des Français.
L'engagement, c'est aussi d'être fort. Le monde entier nous regarde une fois encore, nous exprime sa solidarité, nous dit avec des mots de grande amitié, de grande affection à l'égard de la France ce que le monde pense de nous. Le monde pense que nous sommes un pays fort, un pays capable de surmonter toutes les épreuves. Et il y en a eu des épreuves ces derniers mois. Nous avons donné un bel exemple au monde parce que nous avons été capables d'unité, de cohésion. Et c'est mon rôle, c'est ma responsabilité de ne pas me laisser détourner de l'engagement que j'ai pris au nom des Français, de les protéger, de ne pas m'abaisser à je ne sais quelle outrance, excès, quand il s'agit de répondre et de répondre juste aux défis qui nous sont lancés, en y mettant tous les moyens nécessaires.
C'est à cette unité, à cette cohésion, à cette force-là que j'appelle aujourd'hui à Nice pour que la France soit plus forte que ceux qui nous veulent du mal, qui pensent lui faire du mal, qui lui infligent des souffrances, mais c'est eux le mal que nous sommes capables de vaincre, parce que nous sommes la France rassemblée. Merci.