25 février 2016 - Seul le prononcé fait foi
Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur le chercheur uruguayen, Ricardo Ehrlich, à Montevideo le 25 février 2016.
Mesdames et messieurs les ministres,
Monsieur le président du Conseil d'administration de l'Institut Pasteur de Montevideo,
Cher Ricardo EHRLICH,
Mesdames et messieurs qui représentez la communauté scientifique de l'Uruguay,
Vous, les chercheurs qui travaillez avec obstination pour notre santé et également celle qui nous permet de consommer nos animaux et de savoir qu'ils sont en bonne santé aussi. Vous travaillez donc à l'esprit commun : le progrès. Ce qui unit l'Uruguay et la France, c'est cette valeur inestimable que de penser que la science, la technologie, peuvent être mises au service de ce qui fait avancer la dignité humaine et les droits de chacun d'entre nous.
L'Uruguay a souvent montré la voie, notamment en matière d'affirmation des libertés, même si vous avez connu, à certains moments de votre histoire récente, la dictature. Vous aviez su établir, depuis longtemps, ce que la France a mis plusieurs décennies avant d'accomplir. Je pense à l'abolition de la peine de mort, au droit de vote des femmes et a tant d'autres libertés que vous aviez, vous, voulues accomplir avant la France, sans doute pour dire à la France ce qu'elle avait à faire.
Puis, il y a cette coopération scientifique qui est à un très haut niveau et qui nous permet d'être aujourd'hui ensemble autour de vous, monsieur le Président, parce que vous êtes une personnalité emblématique de la relation franco-uruguayenne et parce que l'Institut Pasteur est un fleuron de cette coopération scientifique, j'allais dire, le monde entier connaît l'Institut Pasteur, son histoire mais aussi ses découvertes, parce que l'Institut Pasteur est également dans le monde et dans la plupart des grandes régions de la planète.
Si je m'exprime ici, c'est bien sûr à l'occasion de ma visite mais aussi pour saluer un ami de la France. Un ami de longue date qui a commencé à découvrir la France en 1974, une expérience de recherche. Vous êtes un chercheur, un chercheur émérite, un grand chercheur. Vous avez été ministre de l'Education et de la Culture de l'Uruguay et vous avez été maire de Montevideo. Vous avez été tout cela successivement ou simultanément. Je ne sais pas quelle est la règle en matière de cumul des mandats en Uruguay, mais vous avez dû la respecter et vous avez pu faire tout à la fois dans une vie qui est encore loin d'être accomplie.
Vous avez toujours voulu, dans vos différentes responsabilités, renforcer les liens entre la France et l'Uruguay. Par exemple, lorsque vous étiez ministre de l'Education et de la Culture, vous avez voulu que nous puissions mieux coopérer sur le plan universitaire, sur le plan culturel et sur le plan linguistique - ce qui nous permet aujourd'hui d'avoir l'accord qui va renforcer l'enseignement du français ici en Uruguay - et de la même manière vous avez milité, il n'y a pas d'autre mot, pour l'entrée de l'Uruguay à l'Organisation internationale de la Francophonie.
Vous avez aussi, sous votre mandat, mieux fait travailler les institutions culturelles et c'est sous votre responsabilité que s'était tenu le premier forum franco-uruguayen pour la science et l'éducation. En 2004, vous avez contribué à la création de l'Institut Pasteur de Montevideo qui est maintenant un centre mondial de référence en matière de recherche biomédicale. Ne me demandez pas exactement ce que vous cherchez, c'est vous qui avez la réponse, mais je suis sûr de ce que vous allez découvrir.
Vous accompagnez aujourd'hui la montée en puissance de cette institution. Je veux saluer votre prédécesseur, le professeur DIGHIERO qui est aujourd'hui ambassadeur d'Uruguay en France. C'est vous dire les liens qui existent puisque, de l'Institut Pasteur à Montevideo jusqu'à Paris, il y a une ambassade. Je vous remercie aussi d'avoir préparé, non seulement ma propre visite, mais aussi celle du Président Tabaré VÁZQUEZ il y a quatre mois.
Ricardo EHRLICH, aujourd'hui, nous avons encore des défis scientifiques à relever. Je pense notamment au virus Zika qui frappe l'Asie, qui frappe l'Afrique, qui frappe l'Amérique latine, qui frappe notamment la zone Caraïbes et qui concerne déjà près de deux millions de personnes sur le continent latino-américain. L'Institut Pasteur a vocation à être en première ligne.
Pour toutes ces raisons, parce que vous avez été un grand chercheur, parce que vous présidez un grand institut, l'Institut Pasteur, parce que vous avez été ministre de l'Education, parce que vous êtes un passionné de la francophonie, parce que vous avez été maire de Montevideo, parce que vous êtes Français. Ici, quand je suis en Uruguay, je rencontre des Uruguayens et ils me disent tous qu'ils sont Français. La réciproque n'est pas forcément vraie, je dois ici le confesser. Mais quel plus beau symbole d'une amitié lorsqu'il est possible de partager une double nationalité ? Etre à la fois pleinement Uruguayen au service de votre pays et en même temps affectueusement Français, au service des valeurs que nous portons ensemble.
Parmi ces valeurs, il y a la science, pour qu'elle soit à la portée des plus pauvres, des plus fragiles. Nous sommes très attentifs à ce qui va se produire pour l'Organisation mondiale de la santé, puisque Philippe DOUSTE-BLAZY est notre candidat, parce que nous considérons que nous avons une responsabilité mondiale et que nous ne pouvons pas admettre qu'il y ait encore des populations qui puissent être soumises à des fléaux et à des maladies.
Pour toutes ces raisons, vous étiez déjà chevalier de la Légion d'honneur. Et aujourd'hui, à l'occasion de cette visite à l'Institut Pasteur, dans le cadre de ce voyage, je suis très heureux, au nom de la République française, de vous remettre cette distinction d'officier de la Légion d'honneur.