16 juillet 2015 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et le Mexique, à Paris le 16 juillet 2015.

Monsieur le Président des Etats-Unis du Mexique, cher Enrique PENA NIETO,
Madame, chère Angélica,
Mesdames et Messieurs les membres de la délégation mexicaine,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir, Monsieur le Président, Madame, ici à l'Elysée. Votre visite d'Etat a commencé le jour de la fête nationale française. Nous l'avions voulu ainsi, vous et moi.
Car le 14 juillet, c'est la fête de tous ceux qui, à travers le monde, défendent la liberté et sont inspirés par l'esprit des Lumières. Dans un message de soutien à la France libre en 1943, l'écrivain mexicain Alfonso REYES soulignait que « le 14 juillet est pour le Mexique aussi une fête nationale ». Alors, le 14 juillet, vous étiez chez vous ici, Monsieur le Président, Madame.
Nos deux pays se sont toujours nourris de leur ouverture sur le monde, de leur volonté d'échanger les idées, de partager les cultures, d'être des pays de métissage.
Nous avons aussi la volonté de défendre la pluralité des langues. Nous nous réjouissons, à cet égard, de votre admission comme membre observateur de la Francophonie. La langue française est une langue universelle. Elle est, comme la langue espagnole, une langue de partage.
Monsieur le Président,
Il y a bientôt trois ans, c'était le 17 octobre 2012, dans une salle adjacente à cette Salle des Fêtes, nous annoncions notre volonté de donner à la relation franco-mexicaine un nouveau départ, une nouvelle ambition.
Il y avait eu pendant trop longtemps des nuages qui avaient assombri le ciel, ici en France et au Mexique. Nous avions décidé d'ouvrir une nouvelle époque, d'engager une nouvelle relation, de franchir une nouvelle étape dans notre amitié.
C'est ainsi que vous m'avez accueilli au Mexique les 10 et 11 avril 2014. C'est pourquoi je vous reçois aujourd'hui en France, dans le cadre de cette visite d'Etat.
Je peux le dire, les liens entre la France et le Mexique n'ont jamais été aussi forts qu'aujourd'hui.
D'abord, notre coopération culturelle et scientifique ne cesse de s'approfondir. Les étudiants français sont le deuxième contingent étranger au Mexique et la France est la troisième destination des étudiants mexicains au monde. Dès 2015, le nombre des doctorants mexicains accueillis en France va doubler. Il aura même triplé d'ici 2018.
Dans le même esprit, vous avez voulu marquer, par des investissements en France, votre attachement à la coopération universitaire. C'est le sens de la rénovation du pavillon mexicain de la Cité internationale universitaire de Paris et de l'installation, à Paris toujours, de l'antenne européenne de la prestigieuse Université nationale autonome du Mexique.
Il y a surtout ce projet que nous avions imaginé dans le cadre du Conseil stratégique franco-mexicain, une idée que l'on émet sans savoir exactement si elle va pouvoir connaître un jour sa traduction. Aujourd'hui, nous sommes sûrs qu'une « Casa mexicana » sera construite à Paris, en bord de Seine.
La maquette nous a été présentée. Mais cela ne suffirait pas à nous convaincre car nous avons vu tant de maquettes dans notre vie. Entre une maquette et une réalisation, il y a des étapes.
La première est financière. Toutes les ressources ont déjà été trouvées pour cet investissement. L'autre étape est juridique, administrative. La Mairie de Paris nous a confié qu'elle mettrait tout en uvre et Anne HIDALGO tient parole. Les Ministres concernés traiteront également avec rapidité cette question.
Il y aura donc une « Casa mexicana » à Paris avant 2017, sinon avant 2018 en tout cas. C'est le serment que je veux vous faire ici.
Pour permettre les échanges, échanges universitaires, échanges touristiques, échanges culturels, nous avons également voulu lancer la desserte de la ligne Paris Mexico par l'Airbus A380. Ce sera fait en fin d'année. Voilà une initiative qui renforcera encore les liens entre nos deux pays, je pense en particulier aux acteurs économiques et aux jeunes.
Puisque j'évoque l'économie et le commerce, depuis que nous avons scellé notre amitié retrouvée, les échanges entre la France et le Mexique ont augmenté de 10 % par an au cours des trois dernières années. Le rythme dépasse même 30 % depuis le début de l'année 2015.
Vous comprenez pourquoi je suis très attaché à l'amitié en général et à celle du Mexique en particulier. Si nous pouvons, grâce à nos relations politiques, non pas nous substituer aux entreprises, mais leur permettre de développer leurs investissements et de travailler à la création d'emplois et d'activité dans nos deux pays, alors l'amitié est au service d'une belle cause.
Près de 550 entreprises françaises sont déjà installées au Mexique. Les investisseurs mexicains, qui vous ont d'ailleurs accompagnés, sont les bienvenus en France. Je sais que le Forum économique a été particulièrement fructueux ce matin.
Sous votre impulsion, Monsieur le Président, le Mexique mène d'importantes réformes, qui sont saluées pour leur audace, dans les domaines de l'énergie, des infrastructures, des télécommunications, du marché du travail, de l'éducation et même de la fiscalité - c'est dire si vous êtes courageux. Pour toutes ces réformes, vous pouvez compter sur le soutien de la France mais aussi de ses entreprises, qui répondront à vos sollicitations et à vos appels d'offres.
Le Conseil stratégique franco-mexicain a identifié plusieurs domaines d'avenir : le spatial, la santé, le développement urbain, le tourisme. Plus d'une soixantaine d'accords ont été signés à l'occasion de votre visite.
Avec une priorité chaque fois rappelée : la formation professionnelle. Le campus de Querétaro, que nous avions inauguré ensemble pendant ma visite d'Etat, en est déjà une illustration. Trois nouveaux centres de formation professionnelle franco-mexicains vont ouvrir prochainement dans les domaines de l'électricité, des procédures industrielles et de l'aéronautique.
Sur les questions de sécurité, la France a mis son expérience, celle de la Gendarmerie nationale, au service d'une nouvelle force que vous avez créée et qui a d'ailleurs défilé sur les Champs-Elysées le 14 juillet.
Enfin, la spécificité de la relation franco-mexicaine, c'est la culture, c'est le partage, c'est la création. Nous sommes nourris par les années parisiennes d'Octavio PAZ et de Carlos FUENTES et, vous, par les séjours à Mexico d'André BRETON, de Jules ROMAIN et plus récemment de Jean-Marie LE CLEZIO. Nous sommes des pays épris de littérature. Nous voulons transmettre aux autres et donner le meilleur de nous-mêmes pour créer une culture commune.
Je suis convaincu que l'exposition sur les chefs-d'uvre de l'art mexicain de 1900 à nos jours, que le Grand Palais accueillera à l'automne 2016, suscitera le même engouement, et même un plus grand engouement, que celles consacrées aux Mayas ou à Frida KAHLO et Diego RIVERA. Parce que les Français aiment le Mexique et sa culture.
Monsieur le Président, Madame,
Lors de ma visite d'Etat à Mexico, nous avions forgé une formule. Après « la mano en la mano », nous avions inventé « el corazon con el corazon ».
Cette formule vaut toujours aujourd'hui.
Vive le Mexique !
Vive la France !
Vive l'amitié entre la France et le Mexique !