29 novembre 2014 - Seul le prononcé fait foi

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Point presse de M. François Hollande, Président de la République, sur Léopold Sédar Senghor, la Francophonie et l'Afrique, à Dakar le 29 novembre 2014.


QUESTION Monsieur le Président, en venant rendre hommage à Léopold SENGHOR, ici, dans ce cimetière, vous venez réparer en quelque sorte un oubli de la France ?
LE PRESIDENT En 2001, quand le Président SENGHOR est décédé, la France avait bien sûr rendu hommage à celui qui avait servi la République, servi aussi son propre pays, le Sénégal, et servi la langue française. Mais il n'y avait pas eu, c'est vrai, la présence du Président de la République ni du Premier ministre et je crois que cela avait été mal compris par les Sénégalais. Donc, il était très important que plusieurs années après, je vienne au nom d'ailleurs de l'ensemble de mes prédécesseurs et au nom du peuple français pour dire ce que nous avons comme reconnaissance et comme gratitude à l'égard du Président SENGHOR.
Je voulais le faire à l'occasion de ce qui est pour lui, ou ce qui était pour lui la cause essentielle, c'est-à-dire, la beauté de la langue française, sa diffusion et l'émancipation des individus par la culture et par l'école. C'est un message qui ne vaut pas que pour le Sénégal, qui vaut également pour la France. Je n'oublie pas que SENGHOR a été aussi un enseignant, un enseignant de la langue française et un homme qui a pu faire le sacrifice d'une partie de sa vie, puisqu'il est resté prisonnier pendant la Seconde guerre mondiale, puisqu'il servait l'Armée française.
Enfin, il a été ministre de la IVème et même ministre de la Vème République pour affirmer le besoin d'émancipation du Sénégal et l'indépendance. Donc, pour toutes ces raisons, c'était très important de nous retrouver en famille. J'étais en famille, avec sa famille, parce qu'ici, c'est la famille francophone et parce que je me sens aussi dans la même famille que SENGHOR qui a lutté pour l'émancipation humaine.
QUESTION C'était un Africain dans l'histoire ?
LE PRESIDENT C'était un Africain qui a montré qu'il avait le sens de l'Histoire et je n'oublie pas que l'Afrique c'est le berceau de l'humanité. Donc, c'est l'Afrique qui a fait notre propre histoire, l'histoire de l'humanité. Et ensuite, c'est l'Afrique qui montre qu'elle va être le grand continent de l'avenir. Parce que c'est ici en Afrique que vont se produire les plus grandes évolutions. Evolution démographique qu'il va falloir maitriser, évolution économique, parce que c'est un continent plein de richesses et donc de potentialité de croissance et également un enjeu pour l'expression du français.L'Afrique est non seulement dans l'histoire, mais elle est aussi une partie de notre avenir.