3 novembre 2014 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, en hommage à M. Pierre Stival, un ancien combattant français de la Deuxième Guerre mondiale, à Montréal le 3 novembre 2014.

Nous allons distinguer ce soir un ancien combattant, Pierre STIVAL, qui est à mes côtés et qui est un héros de la Seconde Guerre mondiale, un de ces jeunes soldats qui, il y a plus de 70 ans, par son courage, son abnégation, a contribué à libérer la France.
A 19 ans à peine, vous, Pierre STIVAL, vous vous êtes engagé. Vous étiez à Marseille dans le 4ème Régiment de Spahis marocains. Puis vous avez été muté au 1er régiment de chasseurs d'Afrique. Ensuite, vous avez suivi le cours de la guerre avec l'uniforme des Forces alliées. Vous avez intégré le 1er régiment étranger de cavalerie en septembre 1943. Vous avez rejoint la France au début du mois de septembre 1944, après les débarquements de Normandie et de Provence, et vous avez contribué à la libération de notre pays.
D'abord, dans l'opération extrêmement brutale et meurtrière des Vosges. Au mois de novembre 1944, il faisait très froid. Puis lors de l'offensive d'Alsace, du 20 novembre 1944 au 12 avril 1945. Avec vos compagnons de l'armée du Rhin et du Danube, vous avez poursuivi les combats en Allemagne jusqu'à la fin de la guerre.
Vous avez eu la Croix de guerre avec citation à l'ordre du Corps d'Armée. Vous avez été blessé plusieurs fois par balles, dans plusieurs opérations. En janvier 1945, vous avez été cité à l'Ordre de la brigade de la 1ère Division blindée, pour des actes de reconnaissance particulièrement délicats sous le feu de l'ennemi. Grâce à vous, les forces alliées ont pu obtenir des informations précieuses pour la libération de l'Alsace.
Etrange situation Nous sommes ici, à Montréal, nous parlons des Vosges, nous parlons de l'Alsace, nous parlons de la Provence, nous parlons de la Normandie, nous sommes à côté d'un héros de la Seconde guerre Pourquoi ? Parce que vous vous êtes installé au Québec, vous aussi, après la guerre ! Vous étiez peintre, peintre en bâtiment. Vous étiez un artisan. Vous avez travaillé toute votre vie, avec ce souvenir parfois douloureux de la guerre mais aussi la fierté d'avoir été un héros.
Vous êtes resté tout au long de votre vie au Québec. Vous avez adhéré à une association d'anciens combattants de Montréal. Vous en avez été, pendant 20 ans, porte-drapeau. Porte-drapeau, cela signifie que, dans toutes les manifestations patriotiques, vous étiez là. Toutes les cérémonies : le 8 mai, le 11 novembre, le 14 juillet, porte-drapeau !
Moi, je salue les porte-drapeaux, dans tous les villages de France, dans tous les lieux où la France est présente. Ici même, il y a des porte-drapeaux. Ce sont souvent les plus solides. On pourrait se dire : mais pourquoi portent-ils le drapeau encore et toujours ?
Je vais vous donner d'ailleurs un exemple. Je suis allé, cela vous a peut-être échappé, sur l'Ile de Sein. Il y pleuvait beaucoup. On me demandait de m'abriter et je voyais ces porte-drapeaux, nombreux, qui étaient là, trempés comme je l'étais. Mais, en même temps, ils étaient conscients de ce que nous vivions ensemble : le souvenir de ceux qui étaient partis de l'Ile de Sein, justement, pour rejoindre le général de GAULLE et participer à la guerre, puis à la libération de notre pays. Les intempéries, qu'est-ce que cela pouvait faire ? Ils étaient là les porte-drapeaux, parce qu'ils sont toujours là. Et vous, vous êtes un porte-drapeau.
Vous avez porté le drapeau pendant tous ces jours de conflit, toutes ces années de guerre. Vous avez porté le drapeau pendant toute cette période de paix que nous devons absolument préserver.
Aujourd'hui, c'est la République qui va vous distinguer, vous distinguer comme un héros, vous distinguer comme un ancien combattant valeureux, vous distinguer comme un porte-drapeau tenace, vous distinguer comme un grand Français.Merci.