17 novembre 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les relations entre la France et Israël, le nucléaire iranien, la situation en Syrie, la lutte contre le terrorisme et sur les négociations israélo-palestiniennes, à Tel-Aviv le 17 novembre 2013.


Monsieur le Président, c'est un honneur d'être reçu par vous, ici, en Israël. Je vous avais moi-même accueilli, il y a quelques mois, à Paris pour une visite. Je vous retrouve aujourd'hui encore plus jeune. Il y a beaucoup de miracles en Israël, vous en êtes un ! Et je vous adresse une invitation à revenir en France pour une visite d'Etat, à l'occasion du 65ème anniversaire de la déclaration d'indépendance d'Israël.
Car, Shimon PERES, vous êtes un ami de la France, un ami de toujours. Un ami qui a connu des épreuves et qui a toujours vu la France aux côtés d'Israël. Vous venez de le rappeler, vous étiez avec Ben GOURION, à Paris, pour une rencontre déjà historique avec le général de GAULLE. Puis vous avez été l'ami, et c'est un privilège, de François MITTERRAND. Vous aviez avec lui une complicité politique, mais aussi intellectuelle, culturelle. Et dans notre entretien, vous me confiez des leçons que vous aviez apprises de lui. Vous avez, à chaque étape de la vie de votre pays, toujours eu la volonté de garder le lien avec la France.
La France, qui est à vos côtés, sait par l'Histoire mais aussi par une communauté de valeurs, ce que nous partageons entre nos deux pays. La France peut être également touchée par ce fléau, cette honte, qu'est l'antisémitisme. Nous avons, là aussi, vécu douloureusement un certain nombre de drames. Je peux ici, en Israël, confirmer l'engagement, la détermination, la volonté des autorités françaises à lutter contre le racisme et l'antisémitisme que l'on peut voir ressurgir, hélas, dans la période récente.
Nous avons donc parlé de notre histoire, nous avons parlé de nos relations, de nos liens, de notre culture, de notre économie. Mais nous avons aussi évoqué ensemble les sujets les plus urgents et les plus brûlants de l'actualité.
D'abord, sur la question de la prolifération nucléaire et notamment le dossier iranien, j'ai réaffirmé devant le président ce que j'avais dit dès mes premiers pas sur la terre d'Israël. Nous n'admettrons jamais que l'Iran puisse détenir l'arme nucléaire. Parce que c'est une menace pour la sécurité d'Israël, mais c'est aussi une menace pour l'ensemble du monde. Donc, nous cherchons un accord, nous voulons un accord, parce que nous pensons que la négociation, la diplomatie, c'est préférable à toute autre voie, et à toute autre issue. Mais cet accord, qui peut être obtenu, ne sera possible que si l'Iran renonce définitivement à l'arme nucléaire.
Nous avons aussi parlé de la Syrie. Je remercie Shimon PERES pour le soutien qu'il a plusieurs fois prodigué quant à la position de la France sur cette question. En fait, sur la Syrie nous avons voulu à travers une pression, y compris militaire, obtenir la destruction des armes chimiques. C'est engagé, ce n'est pas terminé. Nous devrons être vigilants, mais nous avons également le but d'en terminer avec cette guerre civile en Syrie qui affecte toute la région, avec un nombre de réfugiés qui va en augmentant, qui déséquilibre les pays voisins : Jordanie, Liban, Turquie. Nous cherchons donc une solution politique qui mette de côté, à la fois, ceux qui oppriment le peuple syrien et aussi les extrémistes et les terroristes, car il y en a aussi en Syrie.
Le troisième point, c'est la lutte contre le terrorisme. La France aussi y prend sa part. Merci, Shimon PERES, d'avoir rappelé ce qu'avait été la position de mon pays et ce qui a justifié son intervention, sous l'égide de la communauté internationale, au Mali. Là encore, nous ne cherchions aucun intérêt, nous ne poursuivions aucun avantage, si ce n'est de mettre un coup d'arrêt à une offensive terroriste et de réduire cette menace. Elle n'a pas disparu. L'intégrité du Mali a été retrouvée, des élections ont été organisées présidentielle et bientôt législatives. Mais nous savons qu'il y a encore des foyers terroristes. A telle enseigne, que nous en avons payé le prix... Mais nous tiendrons bon, nous continuerons et nous appuierons les pays africains dans leur lutte contre le terrorisme.
Paris va recevoir, au mois de décembre, une grande conférence. La France avec les pays africains tous les pays africains, en présence du Secrétaire général des Nations Unies et avec également l'Europe comme partenaire feront en sorte que les Africains puissent assurer eux-mêmes leur propre sécurité et lutter contre le terrorisme.
Tout à l'heure, Laurent FABIUS, votre ami, nous a quittés pour quelques heures pour rejoindre le Nigeria, là où l'un de nos compatriotes a été libéré, s'est libéré. Nous en sommes très heureux. Mais nous n'oublions pas les autres otages, qui sont capturés parfois depuis des mois, parfois depuis des jours. Je suivrai particulièrement le déplacement de Laurent FABIUS et je suis en contact aussi avec le Président du Cameroun, M. BIYA, pour que nous puissions retrouver le prêtre qui a été enlevé au Nord du Cameroun.
Je reviens au dernier sujet, peut-être le plus important, c'est celui de la paix. Simon PERES, vous êtes un militant infatigable de la paix. Cela ne veut pas dire être pour la paix dans n'importe quelles conditions. Cela veut dire poser les conditions pour qu'il y ait la paix.
Vous avez contribué, il y a 20 ans, aux accords d'Oslo. Vous savez combien cette tâche est difficile. Mais là, il y a urgence, parce qu'il ne s'agit plus simplement d'un accord de plus. Il s'agit de trouver un accord définitif pour une paix juste et durable. Avec la solution que vous avez rappelée, celle des deux Etats, pour qu'il puisse y avoir un épuisement de toutes les revendications et que la région puisse trouver stabilité, sécurité et dynamisme.
Il y aura des gestes à faire, de part et d'autre. Des gestes du côté israélien ont commencé d'être produits la libération des prisonniers d'autres sont attendus, notamment sur la colonisation. Et puis, il y a des gestes du côté palestinien. J'en parlerai avec Mahmoud ABBAS. Mais je sais que, si toutes les volontés se conjuguent, si toutes les décisions convergent dans le même sens, si le courage est partagé, alors vous obtiendrez, vous, Shimon PERES, le Gouvernement israélien, les Palestiniens, mais surtout tous ceux qui sont les militants infatigables de cette cause, la plus belle des victoires. Car il n'y a pas de plus belles victoires que celle de la paix.
Merci ».