8 octobre 2013 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur la politique de l'emploi notamment la formation professionnelle, à Roanne le 8 octobre 2013.

Merci pour laccueil, ici, au GRETA. Cest un organisme qui dépend de lEducation nationale - nous ne le disons jamais assez. Il démontre ainsi que lEducation nationale est elle-même engagée dans cette action de formation. Pas simplement pour les jeunes mais également pour les demandeurs demploi ou les salariés qui veulent faire une mutation, une évolution de leur vie professionnelle.
Je salue tous les acteurs qui sont ici rassemblés. Dabord, ceux qui dispensent la formation, ceux qui financent la formation, également ceux qui forment les demandeurs demploi et, enfin, ceux qui sont supposés demain être et vous lavez démontré des salariés avec des qualifications nouvelles ou même des créateurs dentreprise.
Que voulons-nous faire pour les prochains mois ? Nous voulons que des métiers qui sont recensés avec des entreprises qui cherchent des salariés puissent rencontrer des demandeurs demploi. Cest tout simple comme idée. Dailleurs, elle nest pas nouvelle.
Mais il se trouve que nous avons voulu lui donner une traduction effective et permettre aux partenaires sociaux, aux régions et à Pôle Emploi de trouver aussi des financements supplémentaires. Le GRETA, je le constate, sy est engagé. Il sy est engagé dailleurs sur des filières qui sont celles de lavenir : lécoconstruction, les énergies renouvelables. Je pense que cest une belle démonstration que vous faites et que je salue, après ma visite chez Buitex.
Est-ce quil y a de nombreux secteurs qui sont en recherche de salariés, cest-à-dire aujourdhui de qualifications qui ne sont pas disponibles sur le marché ? Oui. On en a fait linventaire avec le ministre : ainsi, dans le bâtiment et les travaux publics : maçons, plâtriers, plombiers. De même, on cherche des soudeurs, on cherche des chaudronniers on nen trouve pas.
Il y a également : tout ce qui est le transport et la logistique cest vrai que ce sont des activités difficiles, mais ce sont des métiers qui évoluent et appellent des qualifications supplémentaires £ les services à la personne dont on dit, et ici le président du Conseil général peut le confirmer, que ce sont des domaines qui vont sélargir, compte tenu du vieillissement de la population ou des besoins daccueil des familles £ enfin, le tourisme et lhôtellerie, secteurs qui cherchent, parfois malgré des difficultés conjoncturelles, des actifs pour suivre des formations et ensuite avoir des nouveaux métiers.
Nous avons donc lancé un dispositif, cétait au mois de juin, à la Conférence sociale avec tous les acteurs concernés, qui sappelle « 30 000 formations prioritaires pour lemploi». Parce que chacune des formations doit déboucher sur un emploi. Je veux saluer tous ceux qui se sont mobilisés autour de ce qui nest pas un slogan, mais un objectif : 30 000 formations supplémentaires pour 30 000 emplois.
Dès lété, il y a eu une forme dengouement même pour ce dispositif et dinvestissement de la part de la plupart des acteurs. Ce qui fait que, aujourdhui, je peux annoncer que nous sommes non plus à 30 000 mais à 37 000 et que nous pouvons sans doute, à la fin de lannée, atteindre 40 000.
Dailleurs, vous lavez rappelé, la Région Rhône-Alpes montre toujours lexemple et le département de la Loire est lui-même exemplaire. Ce qui nest pas tout à fait une surprise parce que le département de la Loire est un département industriel. Il ressent donc, plus que dautres, ce besoin de trouver des emplois qui ne sont pas aujourdhui pourvus pour des demandeurs, cest-à-dire des chômeurs, qui attendent depuis trop longtemps quon leur donne un message despoir.
Comment avons-nous pu atteindre ou comment atteindrons-nous un résultat même plus élevé que celui que nous avions annoncé ? Dabord parce que Pôle Emploi, je veux saluer son engagement, sest lui-même mis au service de ce programme, à hauteur de 12 000 formations.
Mais il y a aussi ce que font les régions. Tout à lheure, Jean-Louis GAGNAIRE a dit quil y avait même un abondement par rapport aux crédits qui avaient été prévus. Les régions vont organiser à peu près 10 000 formations.
Enfin, les OPCA, cest-à-dire les partenaires sociaux et donc les secteurs les plus concernés, ont prévu 12 000 formations, peut-être davantage si lon atteint lobjectif de 40 000.
Nous aurons en 2014 la volonté de poursuivre ce programme, de lamplifier. Nous avons à peu près recensé 100 000 emplois qui ne sont pas pourvus. Ces chiffres sont souvent à prendre avec prudence parce que, parfois, ce ne sont pas de véritables emplois ou parce quil y a des conditions de travail qui ne permettent pas dattirer un certain nombre de jeunes ou que les rémunérations ne correspondent pas aux qualifications qui sont exigées. Je ne veux donc pas, ici, donner limpression que lon aurait des chiffres qui pourraient être immédiatement atteints.
Mais, quand nous voyons ce qui se passe aujourdhui à travers ce programme pour la seule année 2013 nous pouvons atteindre 40 000 nous pourrons imaginer que nous pourrions atteindre 50 000 formations supplémentaires dès 2014.
Ce qui est engagé à travers ce programme et que vous mettez en uvre, nous pourrons le faire avec beaucoup plus de puissance encore avec la réforme de la formation professionnelle. Ce nest pas un sujet nouveau. Jean ROUX est parmi nous. Il ne vieillit pas, lui, je ne sais pas comment il fait ! Mais il a néanmoins une expérience assez longue et déjà, dans les années 80, lidée de la réforme de la formation professionnelle était bien sûr présente.
Mais aujourdhui quest-ce que nous pouvons faire comme constat ? Les crédits sont là, cest-à-dire les fonds existent. Plus de 30 milliards deuros. Est-ce quils sont utilisés au mieux ? Cest la seule question qui vaille. Est-ce quils vont, ces fonds, aux salariés les moins qualifiés ? La réponse est non. Est-ce quils vont aux demandeurs demplois ? Seulement 13% des crédits de la formation professionnelle vont aux demandeurs demplois. Les trois millions de demandeurs demplois ne demandent pas tous être formé. On peut quand même penser que bon nombre pourrait suivre davantage quaujourdhui un programme de qualification.
Est-ce que ces fonds vont aux plus jeunes des Français ? Pas davantage. Est-ce que ces crédits de la formation professionnelle vont vers les séniors, ceux qui sont parfois écartés du marché du travail ? Pas plus. Donc, réforme de la formation professionnelle ! Ce sont les partenaires sociaux qui négocient et qui doivent adapter un certain nombre de comportement, de tuyauterie là aussi, il y en a pour que les ressources aillent vers les meilleures formations pour donner les meilleurs emplois. Cest lintérêt des entreprises et je pense quelles lont parfaitement compris. Cest lintérêt des demandeurs demplois, cest lintérêt des salariés et cest lintérêt de la Nation.
Quand on regarde les différences de performance cela peut arriver entre notre pays et dautres voisins on saperçoit quil y a une part qui relève de linvestissement, il y a une part qui relève de linnovation, de la recherche nous avons là quelques belles références et puis il y a une part dexplication qui se trouve dans notre niveau de formation qui ne se réduit pas simplement à lapprentissage. Lapprentissage est lune des données.
Nous avons lespoir, avec le ministre, que cette négociation pourrait se conclure à la fin de lannée. Ensuite, il conviendra de la mettre en uvre. Il ny aura pas de temps à perdre. Des organismes comme les vôtres, les GRETA et les régions devront donc immédiatement traduire pour les demandeurs demplois, pour les jeunes, pour les salariés qui ont besoin de qualification, ce que lon aura réorienté. Il ne sagit pas dépenser plus, peut-être même pourra-t-on dépenser moins. Il sagira de dépenser mieux pour atteindre les objectifs économiques et sociaux qui sont les nôtres.
Cest un enjeu également industriel, car beaucoup de ces formations doivent aller vers lindustrie. Cest un enjeu de compétitivité et cest aussi un enjeu de confiance. Parce que beaucoup de demandeurs demploi ont besoin de rentrer dans un programme qui les conduise vers lemploi. Il ny a rien de pire, nous connaissons bien cette situation, que de nous adresser à des demandeurs demploi, de leur proposer une formation dont ils savent au départ quelle naura pas de traduction concrète. A chacune de ces formations, cest donc la garantie que nous donnons, se trouve associé un emploi, pour lentreprise et pour le demandeur.
Cest une bataille que nous engageons, je lai annoncée, cest une grande bataille, celle de la lutte contre le chômage et de la création demploi. Elle dépend dabord de condition économique. Cest, vous le disiez, lactivité qui crée lemploi. Donc, nous devons créer le meilleur environnement.
En ce moment, il y a une reprise qui samorce. Elle est encore fragile. Nous lavions annoncée nous-même au mois de juillet. Cela sest confirmé, non pas que ma parole en soit, crée de la croissance. Je pense que les oracles nont pas ce pouvoir là et je ne me situe pas sur ce registre.
Mais nous sentons quil y a un mouvement dans léconomie. Nous devons laccompagner, nous devons le porter, nous devons le stimuler. Ce qui exige de renforcer encore les dispositifs que nous avons pris pour le Crédit impôt-compétitivité-emploi, pour le Crédit impôt-recherche, pour améliorer dune manière générale le financement des entreprises. Jen parlerai cet après-midi avec la BPI. Cela est la condition première : créer le meilleur environnement économique.
Nous voulons inverser la courbe du chômage à la fin de lannée, pas simplement pour atteindre un objectif, parce que là-encore, je laurai proclamé, mais parce que cest pour le pays un signe que nous sommes entrés dans une nouvelle période. Si la courbe du chômage sinverse, si le chômage recule, alors cela signifiera que nous sommes sur un chemin qui peut nous permettre de retrouver confiance et espoir.
Pour y parvenir, nous avons mis en place des dispositifs : des Emplois davenir, plus 65 000 au moment où je parle et il sen crée 500 par jour !. Il y a les emplois aidés, il y a les contrats de génération et tout cela doit nous conduire à inverser la courbe du chômage.
Elle est déjà inversée, dailleurs, cette courbe du chômage pour les jeunes depuis maintenant 4 mois. Je ne sais pas ce que seront les prochains chiffres et nous les prenons avec prudence. Nous veillons à ce que lappareil statistique ne soit pas déformé pour atteindre simplement notre objectif. Les chiffres sont ceux qui sont fixés par les méthodes traditionnelles.
Ce nest pas un chiffre sur un mois qui comptera, cest la succession des baisses du nombre de chômeurs. Cest ce que nous voulons faire pour que notre pays ait lui-même conscience quil peut réussir. Cest finalement le sujet aujourdhui. Ets-ce que lon va réussir ou pas ? Je ne parle pas du Gouvernement à la limite, cest secondaire Est-ce que lon va être capable de sortir de la crise ? Ou est-ce que lon va senfoncer toujours dans ce climat de pessimisme et quelquefois de colère et de frustration ?
Quand je vois les capacités qua notre pays ! Finalement qui aurait pu dire que cette annonce dun programme « 30 000 formations, 30 000 emplois » pourrait se mettre aussi rapidement et efficacement en uvre ? Qui aurait pu dire que les Emplois davenir et cela suppose que tous les élus quelle que soit leur sensibilité sy investissent puissent atteindre cet objectif de 100 000 ?
Quand je regarde linnovation, linvestissement, la création, je vois de grandes capacités pour la France. Cest donc ce message de confiance et despoir que je voulais, une fois encore, lancer et surtout vérifier, parce que ceux qui peuvent convaincre que cela peut marcher, cest vous. Si vous créez demain votre entreprise, cela sera finalement le meilleur symbole de ce que nous avons voulu faire.
Merci à vous.