25 avril 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, notamment sur les relations économiques franco-chinoises, à Pékin le 25 avril 2013.

Monsieur le président de la République populaire de Chine,
Mesdames et Messieurs les organisateurs de ce Forum,
Mesdames et Messieurs les chefs dentreprise,
Je veux dabord remercier vivement le Président davoir bien voulu assister, avec moi, à la conclusion de ce Forum. Cest en effet la première fois quun président chinois accepte de participer à une manifestation comme celle-ci. Je mesure donc le signe quil donne à mon pays et quil donne aussi à notre économie. Ce signe est de renforcer encore notre partenariat.
Le partenariat entre la France et la Chine, ce nest pas simplement pour régler nos affaires, pour améliorer nos échanges, pour élever le niveau de nos investissements. Le partenariat entre la France et la Chine, cest de pouvoir unir nos deux grandes puissances économiques je rappelle que la Chine est la deuxième économie du monde et la France la cinquième pour porter un certain nombre de principes, ensemble, dans les instances qui sont les plus appropriées.
Je pense notamment au G20 et je sais que la Chine, dans la candidature quelle porte pour la présidence du G20, est attentive à ce que nous puissions avoir une meilleure organisation du monde. De la même manière, le fait que la Chine ait adhéré à lOrganisation mondiale du commerce était également la preuve quelle voulait prendre toute sa part dans la régulation. Enfin, la Chine a compris que nous devions aller vers une réforme du système monétaire international et que, pour sa propre monnaie, il y avait tous les avantages, pour elle et pour le monde, davoir une forme dinternationalisation.
La Chine est également consciente comme la France que nous vivions depuis 2008 une crise. Une crise qui naffecte pas de la même manière lEurope, lAmérique et lAsie. Si la Chine a, notamment, pu maintenir son taux de croissance à un niveau élevé 8% elle est néanmoins concernée, affectée par la poursuite de la crise en Europe. Cest la raison pour laquelle la Chine a fait en sorte de contribuer, à sa mesure, à la stabilité financière de la zone euro. Je veux dire devant le Président chinois et devant vous que, après plusieurs mois defforts, de discussions, de travail, de décisions, la zone euro a assuré sa stabilité, son intégrité et quil y a maintenant un retour de la confiance. Cétait le préalable avant de retrouver la croissance.
Mais la croissance, elle, fait encore défaut en Europe. Cest pourquoi nous devons agir ensemble, Chine et France, pour porter cette priorité de la croissance à léchelle de monde £ non pas pour nous exonérer je parle de la France de notre obligation de mettre en bon ordre nos comptes publics, mais parce que nous ne pouvons pas concevoir que la première puissance économique du monde lEurope puisse vivre dans une perspective de stagnation et, pour certains pays, daustérité.
Il y a un déséquilibre cest vrai sur le plan commercial entre lEurope et lAsie, entre la France et la Chine. Comment résorber ce déséquilibre ?
Par le protectionnisme, comme certains limaginent ? Ma réponse est clairement non. Nous devons, ensemble, continuer à développer les échanges avec un principe qui est celui de la réciprocité. Nous devons faire en sorte douvrir nos marchés et, en tout cas, de ne pas les fermer.
Devons-nous répondre par la guerre des monnaies ? Par la dévaluation de certaines devises ? Par la réévaluation dautres ? Nous devons mettre de lordre et faire en sorte que les parités correspondent à des réalités économiques.
La Chine a compris et jen remercie les autorités chinoises quil convenait de continuer à soutenir la demande intérieure. Le président chinois en a fait une nouvelle fois la démonstration : internationaliser le Yuan et faire en sorte de lever les obstacles au développement des échanges, les barrières tarifaires, les normes qui sont souvent autant de contraintes pour les échanges.
Je veux aussi dire que la France est prête à sengager davantage sur le marché chinois. Madame la ministre du Commerce extérieur a donné les secteurs sur lesquels nous pouvons agir ensemble. Je pense à lagroalimentaire, je pense à la santé, à la ville durable, au numérique, aux énergies nouvelles et vous y avez travaillé. Car ce que nous devons faire, cest un rééquilibrage par le haut. Non pas en réduisant mais en augmentant le volume de nos échanges.
Cest ce que la France a compris mais na pas encore réussi. Elle la compris parce quelle investit en Chine. La France est lun des premiers investisseurs en termes de stocks dactifs plus de 13 milliards deuros. Il y a deux milles entreprises françaises qui sont implantées en Chine et elles emploient un demi-million de personnes. Nous avons fait cet acte important mais, en même temps, nous devons nous porter sur tous les secteurs qui nous paraissent être ceux de lexcellence française et des besoins les plus évidents exprimés par les autorités chinoises au nom de la population.
Dans tous ces secteurs, je souhaite quil y ait un partage de la technologie, quil y ait une coopération. Nous avons été capables de le faire pour le nucléaire et nous lavons encore approfondi aujourdhui pour laéronautique £ nous devons le faire pour lensemble des secteurs que je considère comme prioritaires.
Mais jappelle les entreprises françaises grandes, moyennes et petites car, sil y a un manque, cest souvent du côté des petites et moyennes entreprises, des entreprises de tailles intermédiaires certaines ici sont présentes. Jappelle les entreprises à venir davantage encore sur le marché chinois. Je saisis loccasion qui mest donnée devant des chefs dentreprises chinois de leur dire que nous sommes prêts à accueillir davantage dinvestissements chinois en France, dinvestissements créateurs demplois il y en a déjà ! Près de 100 entreprises sont implantées en France venant de Chine à travers, 250 localisations, 11 000 personnes, cest un mouvement ! Nous devons lui donner plus dampleur.
Il mest dit quil y aurait des obstacles, quil y aurait encore des difficultés, des procédures. Je laffirme ici : tous les obstacles, tous les freins, toutes les procédures seront levés car nous voulons attirer non seulement des capitaux pour un certain nombre de placements cela existe déjà nous voulons attirer des investisseurs chinois pour lemploi, pour la création dactivités, pour le partage de technologies.
Nous avons un intérêt commun : la croissance.
LEurope a besoin de la Chine parce que ce qui sest passé depuis 30 ans est une renaissance. Cest sans doute un fait unique dans lHistoire de lhumanité : en 30 ans davoir été capable dassurer un développement aussi considérable.
Nous avons besoin de la croissance chinoise pour tirer notre propre force, doù lenjeu du rééquilibrage. Mais la Chine a besoin dune Europe forte, à la fois sur le plan politique pour bâtir le monde multipolaire que nous voulons, et sur le plan économique. Il ne pourrait pas y avoir de prospérité dans le monde si un continent ne pouvait pas concevoir son développement avec espérance. Le drame du chômage en Europe est un drame qui nest pas simplement pour lEurope, il lest pour le monde. Les Européens doivent dabord prendre leurs propres responsabilités, mettre davantage de croissance, trouver la bonne trajectoire pour la réduction de leurs déficits pour chacun des pays. Et, en même temps, le monde nouveau doit également faire confiance en lEurope.
Vous lavez montré, dans la crise de la zone euro, dans la crise des dettes souveraines. Vous devez aussi le montrer dans ce moment si décisif pour lavenir du monde, au moment où nous devons retrouver le chemin de la croissance.
Jai espoir. Jai confiance parce que le président chinois la rappelé, nous sommes deux grandes nations de taille différente, avec une population qui ne peut pas être comparée, celle de la France et celle de la Chine mais deux grandes nations avec de grandes cultures, de grandes aspirations, des valeurs fortes, des principes. Deux grandes nations pacifiques, deux grandes nations qui ont toujours considéré quelles pouvaient aussi avoir à jouer un rôle universel pour léquilibre du monde. Notre amitié est forte, elle est solide, elle est politique. Cette amitié politique nous devons la mettre au service du développement, de léconomie pour les Chinois : 1, 300 milliards de personnes qui aspirent au bien-être, qui aspirent à la consommation, qui aspirent aux voyages et qui seront demain des touristes qui viendront nous visiter.
La population européenne et la population française ne veulent pas vivre un déclassement, au prétexte quil y a des rattrapages qui se font £ elles veulent vivre aussi dans lespérance dune meilleure vie et de nouveaux progrès. Cest ensemble, Chine et France, que nous devons, à la fois, construire ce monde nouveau et, en même temps, faire en sorte que dans nos relations économiques bilatérales, dans nos échanges, dans nos investissements, nous puissions être un exemple. Merci.